02 août 2007

29. Des Cornics, maîtres du fleuve (part two)

Oui, mon jeune ami, une fois encore le destin se jouait des descendants de Nemed. Les gens de Conan avaient fui les terres Tuatha De Danann et en ce lieu inconnu, ils allaient trouver asile et réconfort dans les vestiges de l’une des cités des enfants de l’aurore. Ce serait la première qu’ils rebâtiraient, là où autrefois les membres de la race de Dagda s’étaient épanouis, en parfaite harmonie avec la nature qu’ils chérissaient tant.

Ainsi, mon enfant, les Cornics dont beaucoup étaient las de ce voyage éprouvant, décidèrent de s’installer en ces lieux. Après quelques temps, Conan décida qu’il fallait poursuivre le voyage. A la tête de son étrange armada il se lança de nouveau sur les flots tumultueux de l’Elorn.

Mais avant qu’il ne reparte, les gens de Conan qui demeurèrent lui firent serment d’allégeance. Cet endroit serait toujours un refuge où chaque Cornic, quelque soit son lignage, pourrait trouver asile. Alors mon jeune ami, la première cité Cornique fut baptisée Numes, ce qui dans la langue originelle des pères des Cornics veut dire « abri ».

Poursuivant leur quête vers le levant, les plus aventureux persistèrent et longèrent les méandres de l’Elorn. Navigant sans relâche, Conan et les siens comprirent que la complainte de Morrigan avait en effet marqué le départ des Tuatha De Danann de Nemedia, pour une destination mystérieuse. Témoignage de la gravité de ce sort funeste, bien des lieux édifiés par les enfants de l’aurore parsemaient les rives boisées du fleuve et de ses replis oubliés.

Le harassement de ce voyage aventureux et la perte de nombre des leurs, avaient fait prendre conscience aux Cornics, qu’ils pouvaient rebâtir ce qui était détruit. Les épreuves avaient été nombreuses et pénibles, le temps était venu pour les plus las de se poser. La branche de Conan se dispersa avec la découverte de chacun de ces sites, c’était l’opportunité de recommencer une vie nouvelle. Bienveillant et juste, le fils de Nemed approuva le choix des siens. Il savait que ses gens pourraient se protéger des fléaux que ce monde avait engendrés.

Conan le circonspect portait bien son nom. Il avait été décidé que chaque groupe enverrait des messagers à ceux qui étaient restés en arrière dés leur établissement. Sa parole fut honorée et le contact resta maintenu. La souffrance vécue collectivement avait généré une fraternité qui unissait tous les Cornics. Cette inébranlable valeur permit d’édifier les fondements de leur civilisation. Oui, je te le dis, elle mettrait en avant la détermination des Cornics d’asseoir leur indivisibilité malgré la distance qui les séparait. L’installation dans les cités n’était qu’une étape dans l’implantation des Cornics dans ces territoires dont les multiples menaces restaient bien réelles.

Mais, forts de l’expérience les ayant conduits en ces contrées, les Cornics savaient maintenant à quels dangers ils étaient exposés. Ils savaient que leur salut résiderait dans le choix de leur défense. L’érection de défenses inébranlables leur assurerait une vie paisible. C’est ainsi que la mise en commun de leurs efforts permit à chaque communauté d’édifier les plus impressionnantes fortifications que la terre médiane ait portées.

Et pendant cinquante années, les gens de Conan avec patience et détermination mirent en place et bâtirent les remparts enclavant les six cités qu’ils avaient investies. Ces années, mon fils, leur apportèrent leur lot de soucis et ils eurent à essuyer de nombreuses batailles. La terre médiane était sauvage et nombreux étaient les périls en cet âge farouche. Oui, les pillards écumaient Nemedia, souvent ils étaient plus féroces que les créatures de la nuits ou que les bêtes sauvages. Oui car je t’ai parlé des gens de Conan le Circonspect, mais ceux de la branche de Badra le Secret avaient investi la sylve et en avaient fait leur domaine, il étaient redoutables et sans pitié. Je te l’expliquerai en détail plus tard…

Dorénavant abrités par leurs imprenables citadelles, ceux qui autrefois avaient été les membres de clans désorganisés mirent à contribution, au profit de tous, les connaissances et savoirs issus de leur héritage culturel. Développant une société hiérarchisée et structurée, les Cornics instaurèrent les préceptes fixant les règles de ce qui deviendrait les Duchés de Cornouaille. Car Conan disparut avec ses proches, les plus braves de ses guerriers… Personne ne sait ce qu’il advint de ce souverain magnifique. Mais il fallait administrer les cités Corniques et continuer l’œuvre du fils de Nemed.

Tout au long des décennies faisant suite à leur installation, les Cornics continuèrent d’enseigner à leurs enfants la méfiance à l’égard du dehors. Mais ils maintinrent toutefois de solides relations avec les membres des autres duchés. Les serments faits à Conan seraient pour longtemps la loi qui souderait son peuple. Les Cornics délaissèrent les voies terrestres peu sûres pour mettre en place un système de navigation fluviale plus à même de répondre à leurs attentes concernant la desserte de leurs cités. Ainsi, mon jeune ami, ils purent favoriser les échanges et le commerce d’une manière rapide et appropriée. Cette solution adoptée par toutes les cités avait en outre l’avantage de pouvoir leur permettre de conserver une indépendance totale à l’encontre d’un quelconque adversaire se risquant à une tentative de siège. Les années qui suivraient tendraient à prouver que leur méfiance leur donnerait raison mon fils…

Mais ceci, tu t’en doutes bien, ce sera l’occasion d’un autre récit, car Nemedia en regorge. Pour l’heure, il vaudrait mieux que je te parle du destin de Badra le Secret et de ceux de sa branche.

Aucun commentaire: