26 mars 2006

Au sujet des "Chauves" créatures Ombreuses

Demata !

Aujourd'hui, un court extrait provenant du bestiaire. Une de mes créatures favorites : le Chauve. Drôle de nom pour une saloperie qui l'est nettement moins, vous pouvez me faire confiance.

Des Chauves
La chose dont je vais traiter ici est une abomination sans nom, une horreur surgie des cauchemars les plus sombres qui soient. C’est avec peine que je consigne les informations relatives à cette aberration dont il faut pourtant que les frères de notre confrérie soient instruits. Il est des secrets que nous conservons et dont l’importance est telle que si le commun des mortels devait un jour en apprendre la nature, le chaos le plus total viendrait à régner sur nos contrées. S’il n’est pas permis de parler de cette entité que nous nommons l’Ombre, il convient toutefois que je la cite ici, car la chose dont il est question en est directement issue. La raison était sur le point de me quitter lorsque je fus confronté à ce que j’ai appelé « Chauves », en raison de leur pilosité inexistante et l’aspect extrêmement glabre de leur crâne. Je parle d’eux au pluriel, car j’ai obtenu des informations comme quoi la créature que j’ai croisée n’est par malheur pas unique en son genre. Je faisais route vers notre commanderie de Rumengol, après un séjour d’étude chez les Otrybes du sud de la Cornouaille lorsque ma monture fit preuve d’une terreur irraisonnée et incontrôlable. Je songeais à cet instant que l’odeur d’un fauve quelconque pouvait en être à l’origine, et je n’étais pas loin de la réalité. L’odeur abominable de corps en décomposition qui se dégageait à ce moment précis ressemblait à s’y méprendre à celle d’un charnier putrescent. Emergeant d’une mare boueuse sans que l’on eusse pu imaginer qu’il était tapi sous la surface de l’eau, cet être horrible s’est jeté sur mon cheval avec une vitesse fabuleuse. Sa vivacité était celle d’un félin alors que sa taille n’aurait jamais du lui permettre une telle rapidité de mouvement. Ce spécimen mesurait environ dans les quatre mètres de haut avec une carrure aussi imposante que celle d’un Troll. Le détail qui m’a tout de suite fait frémir était lié au silence de mort accompagnant chacun de ses mouvements. Aucun grognement, aucun rugissement, pas un signe d’avertissement… J’ai pu constater que cet être, bien qu’il ressemble à l’humain car son corps est constitué comme le nôtre, n’avait pas de visage, aucun trait faciaux ; seulement un ensemble de protubérances osseuses et d’orifices écoeurants. De même ses bras sont prodigieusement allongés, et ses jambes bien que courtes sont puissamment musclées. C’est un instinct de dévastation époustouflant qui anime le Chauve. Nous avons pu lui échapper avec chance mais sa volonté de nous détruire l’a fait nous poursuivre pendant plusieurs instants. Je lui ai asséné plusieurs coups d’épée de toutes mes forces, sans résultat. J’avais plus l’impression de frapper un roc qu’un être vivant. En effet leur peau et leurs chairs sont aussi dures que la pierre dont elles ont aussi l’aspect. Quand je parle d’être vivant, je peux avancer qu’ils n’en sont pas. Bien que cela soit inconcevable, ces créatures sont des cadavres animés, les dépouilles mortelles d’êtres vivants trépassés et ramenés à la vie par je ne sais quel moyens. Je ne me permettrai pas d’énoncer un tel argument si je n’avais pas noté un fait indiscutable prouvant ceci. Il apparaît que lors de ma tentative désespérée pour me défendre de cet être, j’ai été suffisamment proche pour voir que ce qui avait autrefois été le cou de la pauvre créature, portait, bien profondément enserré dans les replis de sa chair corrompue, les reliquats d’un collier d’esclave. C’est une certitude incontestable, ce qui avait été un humain autrefois avait du subir une croissance effroyable et inexplicable qui enchâssât le métal du collier dans sa peau, le recouvrant et l’absorbant par endroit.
La chance a fait que mon cheval m’a sorti de ce mauvais pas. Intrigué par si effrayante créature, j’ai axé mes recherches dans le but d’en apprendre plus à son sujet. Ainsi, des Aes Dana Otrybes ont répondu à mes attentes en me dévoilant des informations surprenantes. Cet être comme je l’ai précisé, n’est pas unique en son genre ! Il y a eu des précédents, et selon mes sources je peux en dénombrer au moins une douzaine. Il semble qu’aucune arme ne puisse les blesser et les Otrybes ont recours à la ruse pour les combattre. De grandes fosses très profondes sont creusées et recouvertes de branchages. Une fois le Chauve tombé dans ce piège, il ne peut plus ressortir et généralement, les forestiers les engluent dans de grosses quantités de sève d’Estaurus puis les recouvrent de terre. Jusqu’à une certaine époque pas si lointaine, les prisonniers de guerre leur étaient offerts en sacrifice afin de calmer leur fureur dévastatrice.
Le plus grand péril lié à la rencontre avec les Chauves réside dans le fait qu’ils sont silencieux et peuvent rester immobiles des heures durant, à tel point que l’on pourrait les prendre pour des rochers. Leur peau rugueuse au grain irrégulier a la texture de la pierre et la couleur de la craie, elle résiste à tout type d’armes conventionnelles, hormis peut-être certaines qui furent forgées lors de la Grande Désolation. Ils ne craignent pas le feu et n’ont pas besoin de respirer, ni de se nourrir ; preuve que l’Ombre les manipule ! Leurs corps difformes sont monstrueusement disproportionnés et leurs bras distendus terminés par des mains suffisamment larges pour saisir et écraser un être humain. Je crois bien que cette odeur pestilentielle de cadavre en décomposition est bel et bien le seul moyen de savoir qu’ils sont proches. Même s’il n’a pas d’yeux, le Chauve a des sens extrêmement développés ce qui fait de lui un adversaire qu’il ne faut pas prendre à la légère. Nul ne connaît d’habitat à ces êtres, pas plus que leurs motivations si ce n’est semer la terreur et le cauchemar où qu’ils aillent. Encore un point qui me fait dire que l’Ombre est derrière eux. S’il existe une arme à même de les détruire, il semble que nous ne la possédions pas dans nos commanderies, et à ce jour, aucun texte n’en fait mention.

16 mars 2006

Les Geis, interdits sacrés

Demata !

Comme vous avez pu le remarquer si vous visitez régulièrement les Contrées Chimériques Celtiques, depuis quelques temps je n'avais pas posté de nouvel article. Je tiens à m'en excuser, car je sais que vous êtes nombreux à passer, et j'aime vous proposer textes et articles de façon soutenue. Pas d'excuse valable si ce n'est le fait que j'étais en la perfide Albion pour affaires personnelles en compagnie de ma tendre et chère Joanne. Ceci dit j'ai fait quelques emplettes dans les échoppes de livres d'occasion locales et j'ai ramené quelques petits trésors qui viendront se greffer à mes inspirations pour Nemedia, mais ceci je vous en reparlerai dans un article spécial...

Aujourd'hui pour reprendre l'activité de ce blog, je vous propose un petit article sur les Geis, des interdits sacrés que prononçaient les Druides à la naissance d'individus pressentis pour un destin hors du commun... Bonne lecture.

Qu’est ce qu’un Geis ?
Le Geis est un serment lié à la parole. Il désigne un interdit qui peut être négatif, sens d’interdiction, ou positif, sens d’obligation. Le Geis a force de loi. Il s’adresse principalement au roi et aux membres de la classe guerrière et recouvre l’ensemble des activités de la vie quotidienne. Cependant les membres des autres castes peuvent aussi recevoir un Geis à leur naissance. Lorsqu’un Nemediant s’en voit attribuer un à la naissance, c’est généralement qu’il a été pressenti par un Aes Dana au cours d’une divination pour accomplir une prophétie ou une mission particulière.

L’obligation ou l’interdiction vise à éloigner l’élu de la cause qui l’amènerait à ne pas réaliser la prophétie dont il a fait l’objet. C’est en quelque sorte une protection contre un motif possible d’échec à l’accomplissement du destin qu’ont décidé les dieux pour lui. Il est perçu par la majorité des celtes comme un charme ou une menace, un défi qu’on ne peut transgresser sous peine de danger mortel tant pour l’individu que pour l’ensemble de la communauté.

Le Geis permet aussi à la Caste des Aes Dana d’affirmer sa puissance sur les autres castes. Mais le Geis contribue principalement à enseigner l’humilité. Se conformer à un interdit, c’est montrer sa force de caractère en toute circonstance même si la décision prise n’est pas comprise de tous. Paradoxalement, bien que ce soit les Aes Dana qui soient garants de la désignation et du respect des Geis, ce sont usuellement les Sagesses du Tuath qui se chargent de les lancer aux nouveaux nés.Hormis à quelques exceptions, l’ensemble des élus ayant reçu un Geis à leur naissance, le respectent et l’accomplissent de peur de s’attirer des malédictions dont l’aboutissement contribuerait à conduire tout droit leurs âmes en Cythrault sans autre forme de procès. La civilisation Nemediante étant régie par l’honneur, le fait d’accomplir ses Geis sans tenter de s’y soustraire apporte de la Notoriété. Cette notoriété est aussitôt traduite par les Marqueurs qui officient sur le corps des Gaiscedachs, chacun usant de la méthode rituelle de son peuple.