22 mai 2007

16. Du choix de Morrigan (Part one)

La menace avait été repoussée et le danger était en partie écarté. Néanmoins, Nemed et les Fianna se lancèrent à la poursuite des fuyards pour libérer ceux que les séides de Balor avaient asservis et emmenés en captivité. Alors, enfant, nombre des contrées de la terre médiane furent ravagées. Un souffle de désolation véhiculant l’acharnement des humains charriait toute la colère de Nemed et des siens. La vengeance était apparue.

De nombreuses batailles furent livrées sans qu’aucun des adversaires ne puissent prendre le dessus et affirmer ainsi sa supériorité. L’intensité de ces confrontations était si effrayante que même Balor en vint à se demander quelle pouvait être l’origine de la foi guidant ces êtres chétifs qu’étaient les humains.

Morrigan observait cette tragédie, au cœur de la brume magique qu’elle avait tissée pour dissimuler à tous la honte qui l’habitait. La Tuatha De était consciente que le mensonge sur la disparition de Cernunnos était à l'origine de cette folie. Rongée par le remord et désireuse de racheter sa faute, Morrigan prit la décision de se rendre à Thulé et d'avouer sa faute à Balor pour que ses créatures cessent de semer la destruction là où avant ne régnaient que bonheur et harmonie. Ainsi la femme à la chevelure rouge se rendit sur les terres hyperboréales avec la certitude que sa décision permettrait de rétablir la paix. De retrouver sa dignité…

Balor accueillit sa sœur comme il se devait et il organisa même en son honneur de grandes festivités dignes de celles qui autrefois avaient lieu à Brug Na Boyne. Et, mon jeune ami, Morrigan avoua son mensonge à Balor après moult hésitations. Elle lui révéla que leur fils vivait au cœur de la sylve primordiale parmi les bêtes. Le Sombre seigneur accueillit la nouvelle avec joie et aussitôt envoya ses émissaires pour chercher son fils. Rassurée de la réaction de Balor, Morrigan insista pour qu'il ordonne à ses troupes de cesser d'opprimer les humains afin que la paix d'antan revienne.

Hélas, le frère difforme, dont l'esprit malade était rongé par le vice, n'était animé que d’intentions belliqueuses et vengeresses à l'égard des Tuatha De Danann…

16 mai 2007

15. Du malheur à l'origine de la naissance des Fianna (Part two)

Trois fois quatre des fils de Nemed qui avaient reçu de leur père sagesse, connaissance et amour de Nemedia, résistaient avec ardeur pour protéger ce qui pouvait encore être préservé. Ils étaient acharnés, de braves combattants qu'aucun adversaire, aussi monstrueux et tenace soit-il, n'effrayait. Princes adorés des leurs, tous étaient talentueux en bien des domaines. Dignes enfants de leur père né de Graal, rien ne pouvait faire fléchir leur volonté et leur rage n'avait d'égale que leur soif de justice.
Finn, l'aîné des fils du Roi des hommes était à la tête de ses frères. Magnifique comme un astre, de sa voix de tonnerre, il déclamait les lais joyeux que les Korrigans moqueurs lui avaient enseignés, de ses mains fines et musclés il tordait le cou de ses ennemis et eempilait les carcasses pour faire un rempart contre les envahisseurs toujours plus nombreux, afin de défendre ses frères. Enflammé par cette bravoure héroïque, le courage des fils de Nemed se transcenda et le souffle implacable de leur colère guerrière coucha leurs ennemis monstrueux par dizaines, comme si une tempêtes surgie du fond des âges avait décidé d'éradiquer la noirceur des hordes de Balor.
Les assauts se succédaient, les corps se mêlaient en un ballet sanglant et effroyable, rougissant le sol de la sève des enfants des hommes et de ceux qu'avait engendré Balor. Les cieux étaient amplis d'une clameur qui résonnait jusque dans les tréfonds de la terre, à la façon d'une complainte morbide si mélancolique que les montagnes même en tremblaient. Puis Nemed arriva. Voyant ce carnage auquel jusqu'à présent il n'avait rien pu faire, la tristesse envahit son coeur et les larmes roulèrent sur ses joues, chargées d'amertume. Bondissant comme un étalon que rien n'aurait pu stopper, le roi des Hommes se précipita au coeur de la bataille. Allant de fils en fils, il leur distribua les armes conçues par les Tuatha De Danann et avec fureur engagea le combat à leur côté jusqu'à ce que les sombres créatures de Balor soient refoulées.

Le danger était écarté mais les desseins du Sombre Seigneur avaient abouti, peur et cauchemar seraient désormais le lot des humains. Cependant, mon jeune ami, sur le tout premier champ de bataille qui ornait Nemedia de ses affligeantes stigmates, le plus fantastique des serments fut prononcé par Nemed et ses douze fils. Tous jurèrent sur leur vie et sur les armes que leur avaient concédées les Tuatha DE que plus jamais il n'y aurait un endroit en cette terre où les ennemis de la terre médiane ne pourraient œuvrer sans que la Fraternité de l'Epée n'intervienne. Ainsi, mon enfant, naquirent les Fianna.

10 mai 2007

14. Du malheur à l’origine de la naissance des Fianna (Part one)

Oui, Enfant, une menace indéracinable venait de planter ses griffes glacées dans la Chimère. L’âge d’or des races aînées atteignait un tournant sombre de son histoire, mais écoute plutôt ceci. Nés de Graal et de la haine, Troll et Fir Bolg trouvèrent femmes parmi les beautés corrompues qui avaient décidé de rejoindre les disciples de Balor. Les deux créatures dont la propension à se reproduire semblait décuplée par les principes magiques du chaudron d’abondance, se multiplièrent tout aussi vite que les humains.

Bientôt, les deux peuples qui portaient les noms de leurs géniteurs furent si nombreux que les terres hyperboréales ne furent plus assez vastes pour subvenir à leurs besoins et les abriter tous. Balor dont la conscience noire n’était alors plus dictée que par son mentor, les exhorta à se rendre dans les contrées où résidaient les enfants du Créateur. Fir Bolg et Trolls déferlèrent alors sur la terre médiane comme une traînée de lave, sauvage et incontrôlable. La confrontation avec les humains fut brutale et inattendue. Oui, mon jeune ami, la peur était née… Et avec elle la réalisation de la prophétie faite par Nemed.

Le souverain des hommes se rendit à Brug Na Boyne pour aviser le Tuatha originel des malheurs qui pointaient. Il exposa la nécessité de créer sortilèges et armes pour assurer la préservation de Nemedia. Dagda la douleur au cœur accéda à la requête de Nemed et chargea Goibniu, Luchte et Creidne de concevoir les objets requis. Les forges embrasèrent les cieux Nemediants d’une lueur rouge, saturant l’air d’une chaleur oppressante. Sans relâche, assistés des Gruagachs aux marteaux d’airain, les frères conçurent ce qui jamais n’aurait dû exister sur la terre médiane, mon fils. De retour parmi les siens, Nemed comprit que le fléau avait une importance bien plus grande que ce qu'il avait présagé. Beaucoup étaient ceux de son peuple qui avaient disparu effrayés par les hordes hyperboréennes, encore plus nombreux étaient ceux qui gisaient sans vie. Oui, Enfant, ce que nous nommons la mort existait…

05 mai 2007

13. De la trahison de Balor (Part two)

Les jeunes Tuatha De Danann burent le philtre et les portails de la connaissance s’entrouvrirent sur des visions qui n’éveillèrent en eux que concupiscence et disposition pour le carnage et la luxure. Oui mon jeune ami, tu as bien compris. Le poison insidieux que son conseiller sournois lui avait inspiré était désormais en train d’œuvrer dans leurs corps et noircissait leurs âmes. Mais bien pire que tout, afin de démontrer aux plus réticents qu’il pouvait de loin surpasser Dagda dans ses prouesses, Balor fit couler dans Graal une goutte de son sang. Les jeunes Tuatha De qui avaient bien entendu assisté à la naissance de Nemed, furent saisis lorsqu’ils constatèrent que le prodige auquel tous avaient assisté en Brug Na Boyne se reproduisait à nouveau.

Cependant, mon enfant, trois êtres étaient nés du sang de Balor. L’un ressemblait à s’y méprendre aux humains. Plus petit, le teint sombre, les cheveux noirs et drus, ses yeux sauvages brillaient de mille feux. Il se présenta comme étant Fir Bolg. Le second était gigantesque. Sa peau et son pelage ras étaient du vert profond de la sylve primordiale. Ses traits bien que vaguement humains laissaient ressortir l’Animalité la plus obscure qui soit. Etant également doté de la parole il se présenta à tous sous le nom de Troll. La dernière créature avait tous les attributs de la féminité. Magnifique, arborant les traits des Tuatha De Danann originels et ressemblant à s’y méprendre à Morrigan, elle était vêtue de givre et enveloppée d’une brume extraordinaire dont la proximité seule suffisait à geler tout ce qu’elle effleurait. Elle se présenta sous le nom d’Eved.

Alors la puissance de Balor n'était plus à prouver et les jeunes Tuatha De encensèrent le Sombre Seigneur. Dorénavant la pire des calamités venait de prendre pied dans la réalité de la terre médiane, mon fils. Le peuple Formoiré était né.

01 mai 2007

12. De la trahison de Balor (Part one)

Balor qui s’était retiré loin au nord savait, grâce aux paroles du vent que désormais, avec l’arrivée et la multiplication des humains, la vie changerait pour tous sur la terre médiane. L’enfant difforme de Dagda que la solitude et la disparition de Cernunnos avaient aigri, en vint à cultiver un sentiment que lui seul connaissait : la rancœur.

Oui mon enfant, égaré, il commença même à s’adresser à son ombre qui ne le quittait jamais. Mais, plus inquiétant que tout, un jour, l’ombre répondit. Insidieusement, confortant Balor dans son ressentiment à l’encontre des siens, l’ombre fit peu à peu germer en lui la rage. L'amertume se transforma en animosité. L’ombre était la concrétisation des cauchemars du Créateur, elle devint le mentor de Balor.

Graduellement, avec patience, la sombre et impalpable entité souffla de noirs desseins à Balor. Alors, mon jeune ami, persuadé que Nemed n’était qu’une illusion visant à l’humilier, Balor revint parmi les siens et commença à répandre la rumeur que les humains étaient une création de Dagda désireux de prouver qu’il était l’égal du Créateur. Ces paroles empoisonnées de Balor impressionnèrent au plus haut point les plus jeunes Tuatha De Danann nés des Premiers enfants de Dagda. Peu à peu certains d’eux furent séduits par ce discours et se rangèrent à son côté. Ils quittèrent bientôt leurs magnifiques cités pour rejoindre Balor dans les terres hyperboréales dont il avait choisi de faire son royaume.

Soucieux de plaire au souverain qu’ils s’étaient choisis, les jeunes Tuatha De dérobèrent Graal pour lui offrir en gage de fidélité. Tu peux imaginer que Balor accueillit ce présent avec satisfaction. Sur les indications de l’ombre il commença lors son œuvre en tant que prophète du cauchemar. Introduisant dans le chaudron des ingrédients connus de lui seul, il concocta un savant et complexe mélange dont les propriétés conféreraient à ceux qui en consommeraient le pouvoir de percevoir ce que Dagda cachait aux siens.