27 décembre 2007

40. Des Gaëls, enfants bénis de Dana (part three)

Porteur d’espoir, le navire quant à lui, s’était égaré dans une nappe de brume si épaisse que les membres d’équipage croyaient avoir atteint la fin de la terre. A l’instant où Cormac rendit son dernier souffle, le voile de brouillard se déchira et le bateau accosta sur un rivage de sable blanc. Ces côtes étaient enchanteresses et ne ressemblaient en rien à ce que les guerriers connaissaient. Au-delà des dunes s’étendaient à perte de vue forêts luxuriantes et plaines vallonnées à la végétation unique. Radon et ses hommes partirent donc explorer ces territoires merveilleux. Ils savaient que leur retour chez eux dépendrait de leur rapidité à trouver les bestiaux.

S’enfonçant dans les terres extraordinaires, les guerriers découvrirent que cet endroit fabuleux était une source de bienfaits et qu’il serait fort agréable de s’y établir. L’exploration dura une semaine avant qu’ils ne rencontrent les premiers bovins. Les bêtes n’avaient rien de comparable avec ceux vivant autrefois sur leur île, avant le déluge. Elles étaient courtes sur pattes et recouvertes d’une épaisse toison laineuse. Très longues, leurs cornes s’étalaient largement de chaque côté de leur imposant crâne plat. Dociles, les animaux se laissèrent aisément capturer. Ainsi, mon ami, Radon et ses hommes en acheminèrent sans peine cinq cents jusqu’à leur navire.

Cette terre regorgeait de trésors inespérés dont l’archipel aurait bien eu besoin. Aussi Radon trouva des arbres aux troncs gris et tortueux, leurs branches ployaient sous le poids de fruits rouge. Il décida d’en prendre car leur goût était acidulé et tellement agréable. Il récupéra également de jeunes plants qui s’apparentaient aux bouleaux et d’énormes œufs dont tous ignoraient quelle créature pouvait les avoir pondus. Providence que cet endroit fabuleux…

Radon découvrit également une caverne qu’il visita seul. Lorsqu’il en ressortit, il déclara à ses hommes que Dana, la mère de tous les dieux lui avait parlé. L’épouse du Dagda lui avait annoncé que pour leur courage et leur témérité ils seraient récompensés par un long repos. Elle lui avait également donné une corne ; il saurait en faire usage pour toujours protéger son peuple. Cependant mon fils, la Tuatha De Danann avait également ajouté que tous étaient condamnés à ne retourner sur les îles vertes que deux fois. Après ils devraient revenir en ces lieux sacrés afin de les protéger éternellement. Mais tu comprendras peut être un jour de quelle terre il s’agit et quels sont la gravité et l’honneur d’une telle mission. Oui, mon ami, tu as encore bien des secrets à apprendre, mais chaque chose en son temps…

Après deux semaines, lorsque toutes les marchandises furent à bord, le bateau reprit la route de l’archipel. Mais Radon avait en tête de revenir car il savait qu’il y avait mille choses extraordinaires à prendre.

De retour chez eux, les hommes découvrirent leurs frères accablés et ceux-ci leur contèrent le pillage dont ils avaient été victimes. Cependant aucun indice ne laissait présager dans quelle direction étaient partis les étranges maraudeurs aux non moins étranges navires. Radon pas plus que les autres ne put faire quoi que ce soit pour retrouver les disparus. Mais le voyage qu’il avait entrepris avec ses hommes avait été long et pénible, aussi après avoir débarqué les trésors que tous accueillirent avec joie, il partit se reposer. Les troupeaux furent répartis sur les quatre îles, les jeunes plants mis en terre et les fruits dont nombres étaient gâtés furent jetés dans la verdoyante prairie près de la grève où flottait le navire. Les œufs furent laissés à la charge des femmes pour qu’elles les fassent éclore. L’histoire dit que Radon et ses hommes dormirent cinq ans sans jamais se réveiller ni même avoir besoin de se nourrir.

03 décembre 2007

39. Des Gaëls, enfants bénis de Dana (Part two)

Quitter l’archipel ne fut pas une mince affaire, mon ami. La navigation fut éprouvante et risquée, car les courants, sans cesse, dirigeaient l’embarcation sur les récifs ceinturant l’archipel. Mais le fier navire était mu par la volonté de Cormac et après une semaine de lutte, Radon réussit à éloigner son navire, triomphant de tous les brisants. Oui le courageux navigateur avait vaincu, enfin put-il mettre toutes voiles dehors et prendre la direction du levant comme il l’avait projeté. La vie reprit son cours sur l’archipel et chacun espérait que le chef parviendrait à trouver les bêtes qui faisaient si cruellement défaut à la population. Dés lors, pas un jour ne se leva sans que l’on visse Cormac se poster sur les falaises, priant Manannan, pour que l’océan soit favorable aux siens.

Las, mon enfant, encore une fois le sort allait marquer les humains. Trois mois après que Radon ait quitté la terre, enveloppés d’une épaisse brume, d’étranges navires aux voiles noires dont les coques ne touchaient pas les flots firent leur apparition au large de l’archipel verdoyant. Oui fils, flottant dans les airs, menaçants, ils avançaient à vive allure sans être gênés par les brisants que Radon avait mis sept jours à contourner. Puis ils accostèrent en quelques heures. Ils déversèrent leurs équipages hurlants qui investirent les quatre îles en une matinée…

La marée rugissante captura tous ceux n’ayant pas eu la chance de pouvoir s’abriter. Le teint sombre et la peau marquée d’effrayants et nombreux tatouages du rouge le plus éclatant qui soit, les envahisseurs bien qu’assez petits étaient effrayants de bestialité. Leur férocité n’avait d’égale que leur vivacité et en une journée, ils se saisirent de la moitié de la population. Lorsque les pillards eurent leur compte de prisonniers, ils repartirent comme ils étaient venus, sans que personne ne sache quelle direction ils avaient prise.

Cormac fut retrouvé sur la grève. Son corps avait subi tant de blessures que ses gens eurent peine à le reconnaître. Le fils de Nemed avait enduré mille tourments et il n’était plus que plaies et entailles. Son épée était brisée mais il avait moissonné plus de dix fois sept adversaires avant que leurs frères ne viennent à bout de son acharnement. Oui mon enfant, Cormac avait tenu tête à ses ennemis pour défendre les siens. Afin que tous sachent que l’on ne s’attaque pas impunément à la terre qui abrite les fiers descendants de Nemed. Car Cormac avait reconnu les Fir Bolgs autrefois combattus sur la plaine de Moy Tura, et car mieux valait mourir dans l’honneur que de subir la domination des chiens de Balor…