29 août 2007

34. Des Northlanders fils du peuple maudit (part one)

Maintenant tu connais un peu de l’histoire des hommes mon ami, le récit qui vient va t’éclairer sur une peuplade dont la rudesse n’est plus légende pour aucun. Peut-être qu’en entendant leur tragique épopée tu sauras pour quelle raison on dit qu’ils ne sont habités par aucune peur.

Les gens de la branche de Slaine l’Opiniâtre vivaient autrefois dans les territoires nordiques bien au delà des chaînes montagneuses, au-delà des territoires Tuatha De Danann. Le fils de Nemed avait choisi ces terres car elles étaient fertiles et giboyeuses. Les nombreux clans y résidant avaient su mettre à profit tous les bienfaits qu’elles prodiguaient. Vivant de la chasse et de la pêche, ces humains chérissaient plus que tout l’océan. Habiles artisans et intrépides navigateurs, ils avaient construit de magnifiques navires pour fendre les flots et les conduire d’abers en rias, afin de vivre en harmonie totale avec cet environnement qu’ils affectionnaient tant.

Puis arrivèrent les bouleversements que la colère de Bran déchaîna mon enfant. Les merveilleuses contrées subirent les caprices de la terre médiane. L’océan devint banquise et les côtes s’érigèrent en une forêt de pics glacés battus par des vents hurlants. Aucun humain n’était préparé à de telles conditions. Ébranlant l’équilibre de ces contrées, la glaciation apporta également avec elle des fléaux nés de la folie du Créateur. L’une de ces calamités revêtit la forme d’une puissante entité aux multiples pouvoirs démoniaques. Nul ne saura jamais expliquer la raison de sa venue en ces lieux, car tous ceux de son engeance avaient été bannis par Morrigan au terme de la bataille de Moy Tura…

Oui mon ami, la fille de Balor née de Graal avait quitté les terres hyperboréales pour fouler la terre des hommes. Précédée d’un brouillard glacial, la sorcière de l’hiver surgit escortée de splendides guerriers de glace. O, Eved, magnifique et fantastique créature à la beauté incomparable. La majesté et la puissance qui émanaient de ce cortège étrange inspirèrent à Slaine et aux siens un inexplicable respect. Ce sentiment se mua bientôt en un effroi indicible, lorsque tous reconnurent la fille du Sombre Seigneur.

21 août 2007

33. Des Otrybes, maîtres des sylves (part four)

La souffrance des gens de la branche de Badra n’échappa pas à Morrigan. La Tuatha De fit alors appel aux esprits les plus purs de la forêt, car elle ne voulait pas devoir affronter elle-même l’enfant qu’elle avait abandonné. Et aussi car la culpabilité la rongeait ; sans sa faute passée, Cernunnos ne serait pas devenu le souverain des bêtes. C’est ainsi que pour la première fois depuis la Création le peuple Daoine Sidhe intervint. Les êtres sylvains, dont on dit qu’ils sont l’âme des arbres et le sang des rivières, ceux-là même dont le pas est plus léger que le souffle d’une brise printanière se dévoilèrent.

Oui mon enfant, les Daoine Sidhe quittèrent la quiétude de leurs bosquets enchantés pour venir en aide à la branche de Badra. La folie ne devait pas habiter plus longtemps le domaine qu’ils chérissaient plus que tout. Ralliant les chefs réfractaires qui résistaient, les Daoine Sidhe les incitèrent à refuser l'offre asservissante des Trolls pour lutter contre le Dieu Cornu. Allié à la race fabuleuse, le peuple Otrybes qui avait la nostalgie des temps anciens put venir à bout des Trolls et chasser les hommes bêtes. Badra le Secret et les siens n’eurent pas le cœur de tuer ceux dont le sang de leurs ancêtres coulait dans leurs veines. Mais le châtiment pour les traîtres fut le bannissement mon ami. Alors ceux qui n’étaient plus que l’ombre d’êtres humains s’enfoncèrent encore plus profondément dans les forêts sous la surveillance des Daoine Sidhe, jusqu’en un lieu si éloigné qu’ils ne pourraient jamais revenir. C’était encore un sort bien doux comparé à la cruauté de leurs actes. Avec le temps les hommes bêtes oublièrent peu à peu leur allégeance au Dieu Cornu… Et aussi la dernière part d’humanité qu’ils avaient en eux.

Conscient qu’avec l’aide des Daoine Sidhe, les Otrybes étaient devenus bien trop menaçants, le Dieu Cornu décida de se retirer. Il savait qu’un affrontement direct avec les esprits purs de la forêt lui serait fatal. Le choix de Cernunnos fut très mal accueilli par la faune monstrueuse qui lui était restée fidèle. Il fut accusé de vouloir livrer les créatures des ténèbres aux humains et de s'éloigner de la voie de la domination qu’il avait toujours prônée.

L’orgueil de Cernunnos fut gravement meurtri et il entra dans une vive colère, condamnant l’audace et la vanité de ses sujets. Il leur rappela que les Daoine Sidhe étaient l’essence même de la sylve primordiale. Issus même du sang de la terre médiane, leur pureté était inaltérable. Oui mon fils, la puissance des Daoine Sidhe resterait à jamais bien incomparable à ce que les créatures des ténèbres ne pourraient jamais y opposer et Cernunnos le savait. Nul n'osa se dresser ouvertement contre le Dieu Cornu, mais les relations se dégradèrent de plus en plus. Cernunnos quitta de lui-même les forêts dans lesquelles il laissa seuls les Trolls. Sans leur seigneur, les pitoyables créatures retournèrent à l’état primitif de bêtes dénuées de conscience.

Les Otrybes comprirent qu’ils avaient gagné, ils étaient enfin maîtres des frondaisons. Alors les Daoine Sidhe partirent pour ne plus réapparaître. Ils rendirent compte à Morrigan de leur action et effacèrent leur image de la mémoire des humains. Oui mon jeune ami, car ils savaient que leur intervention n’aurait pas dû être.

Les Otrybes enfin libres de vivre comme ils l’entendaient s’appliquèrent à respecter ce nouveau domaine qui leur avait tant coûté de gagner. Les années s’écoulèrent et les gens de Badra adaptèrent leurs habitats aux luxuriants feuillages des Estaurus pour ne pas être discernables de ceux qui fouleraient le sol de leur territoire. Afin de pouvoir le défendre tout en restant invisibles. La force des Otrybes résidait dorénavant dans leur habileté à se fondre dans la végétation, héritage du Dieu Cornu.

Badra vint à disparaître, mais ses fils préservèrent les lois qu’il avait instaurées. C’est ainsi mon ami, qu’ils attaquèrent ceux de la branche de Conan le Circonspect pour défendre ce qu’il avait si durement acquis, mais cela tu le sais, je te l’ai dit, pas la peine de revenir dessus…

Installant leurs diverses communautés dans la cime des arbres, les Otrybes furent toutefois confrontés aux risques liés à la présence des Kraocks, car les insectes géants régnaient en maîtres sur les dômes verdoyants des sylves. L’ingéniosité combinée à la patience permit aux forestiers d’approcher puis avec le temps, de domestiquer les créatures volantes. Ainsi, les Otrybes devinrent définitivement les seigneurs incontestés des forêts qu’ils respectaient et défendraient quel qu’en soit le prix car ils en étaient maintenant indissociables.

16 août 2007

32. Des Otrybes, maîtres des sylves (part three)

L’origine divine de Cernunnos lui conférait de très grands pouvoirs. Afin de prouver sa générosité et sa puissance à Badra et à ses gens, le Dieu des Bêtes les gratifia des privilèges auxquels n’ont droit que les animaux. Oui mon enfant, il donna aux Otrybes la faculté de voir dans la pénombre comme en plein jour, car la sylve primordiale est aussi sombre qu’une nuit sans étoile. Les humains acquirent aussi le bénéfice de se déplacer avec félinité pour ne jamais se faire remarquer en leur nouveau domaine.

Les forestiers mirent à profit les dons du Dieu cornu. Bien vite leur adaptation à cette contrée les rendit autonomes et à même de faire face à toutes situations. Ceux qui n’étaient que des opprimés emplis d’effroi devinrent de terribles prédateurs, mon jeune ami. Et les Otrybes gagnèrent rapidement en puissance. Badra le Secret, à qui Cernunnos accordait une confiance limitée, avait toujours espoir qu’un jour son peuple se libérerait du joug de l’odieux seigneur. Et ce moment arriva. Oui, enfant, les Otrybes cessèrent de courber l’échine face aux Trolls et progressivement ils les écartèrent du territoire qu’ils s’étaient attribués.

Cette période fut terrifiante et il y eut des batailles entre les deux peuples. Ce fut même le début d'une guerre, car les humains voulaient se venger des Trolls qui torturaient et dévoraient leurs frères. Les créatures de Cernunnos réalisèrent que les humains étaient devenus bien trop dangereux. Les combattre s’avérait bien périlleux ; car Badra avait su insuffler ténacité et rage à ses guerriers. Alors les Trolls proposèrent une trêve aux Otrybes. Et pour sceller ce pacte, une de leurs femelles fut donnée en mariage à l'un des chefs humains.

De là vint la grande scission qui déchira la branche de Badra jusqu'alors toujours restée unie. Oui mon fils, Cernunnos n’avait pas été dupe des ruses du fils de Nemed. Malicieux, il avait su semer le doute dans l’esprit des plus faibles, leur promettant territoires giboyeux et pouvoir. Ainsi, les amis et les proches du chef qui s’était uni avec la femelle Troll se constituèrent rapidement en une aristocratie dissidente. Les lois sauvages de la forêt avaient eu raison de l’autorité de Badra.

Telle une harde de chiens, les hérétiques adoptèrent Cernunnos pour chef de meute. Bientôt d’autres unions contre nature se nouèrent, le penchant bestial des plus primitifs était enfin mis en évidence. L’homme a de vils instincts mon fils, il suffit de peu pour qu’ils le dominent. Cependant Badra le Secret et les autres chefs des clans Otrybes refusèrent un tel prix pour garder leur liberté. Car la fierté d’un homme libre est de marcher la tête haute et non de ramper parmi les bêtes. Car le sang de Nemed issu de Graal coulait dans leurs veines et les rappelaient au souvenir de l’ère où ils marchaient au côté des dieux.

Les déviants qui s’étaient alliés avec les créatures de Cernunnos devinrent cruels et sanguinaires. Avec les années ils dégénérèrent et régressèrent au stade d’hommes bêtes. Les sylves furent le théâtre d’abominations sanglantes qui virent périr maints braves restés fidèles à Badra. Oui mon fils, face à cette puissance, aucun clan isolé ne pouvait résister. Mais les enfants de l’aurore n’avaient pas tous déserté la terre médiane…

10 août 2007

31. Des Otrybes, maîtres des sylves (part two)

Les cauchemars du Créateur avaient donné naissance à nombre d’abominations et de créatures surnaturelles qui avaient élu domicile dans les sombres forêts Nemediantes. Les gens de la branche de Badra n’avaient aucune intention belliqueuse, leur seule erreur avait été de vouloir fuir la tourmente et la violence. Las, la sylve primordiale n’était plus l’endroit enchanteur des temps anciens. Et mon enfant, les Otrybes livrèrent alors un combat incessant. Car la nature profonde des bêtes avait changé et en l’humain, elles ne voyaient que prédateurs acharnés ou proies qui calmeraient leur appétit. Mais les bêtes n’étaient pas les seules à hanter les forêts. Il était d’autres étranges créatures. L’une d’entre elle était Cernunnos le fils difforme de Morrigan et de Balor. Oui mon ami, celui que les Otrybes appelèrent le Dieu Cornu, car il était effrayant et régnait sur les Trolls et nombres d’entités monstrueuses dont aujourd’hui le nom même a disparu.

Badra, dont la furtivité lui avait valu le nom de « Secret », enseigna aux gens de sa branche à se dérober avec finesse. Employant la ruse, s’adaptant à ce nouveau territoire dont chaque élément pouvait être propice à se fondre dans la nature, les Otrybes comprirent rapidement que leur seul espoir de survivre serait de rester solidaires. Cependant, l’infériorité en nombre des gens de Badra les ferait très rapidement massacrer s’ils ne parvenaient pas à trouver un arrangement avec le souverain de la faune monstrueuse. Oui mon fils, le Dieu Cornu était impitoyable envers les intrus et chaque jour, il accablait un peu plus les humains.

Après de longues concertations avec les chefs des clans de sa branche, Badra se présenta au Dieu Cornu. Le fils de Nemed supplia Cernunnos de lui accorder un territoire où son peuple pourrait vivre en paix. Un lieu où ils ne lui causeraient pas le moindre désagrément. Le Dieu Cornu désapprouvant la présence d’autres créatures que les siennes dans ce qu’il avait décrété être son royaume, resta inflexible aux suppliques. Tout retour en arrière était impossible… Les humains s’étaient installés, ils devraient subir les conséquences de leur audace. Badra était accablé, il avait compris qu’il avait conduit les siens dans un piège bien pire que ce que leur aurait réservé les cataclysmes.

Les chefs Otrybes ayant décidé de suivre leur guide, entendirent les paroles lugubres du Dieu Cornu. Ils furent bien avisés mon enfant. Comprenant que Badra allait faire les frais de cette entrevue présomptueuse, ils se ruèrent sur Cernunnos. Tu les aurais vu, minuscules créatures tentant dans un élan de bravoure de capturer le dieu des bêtes. Alors, Cernunnos amusé par une telle audace repoussa les êtres chétifs, presque en les ignorant, car à ses yeux ils n’étaient rien.

Mais les gens de la branche de Badra avaient forcé l’admiration du Dieu Cornu. La sauvagerie que l’amour du fils de Nemed leur avait courageusement dictée venait de sceller le sort des humains. Oui mon fils, car dans la détresse ils s’étaient lancés à corps perdu dans une lutte farouche, Cernunnos décida qu’ils étaient dignes d’avoir leur place dans les forêts. C’est ainsi qu’il leur offrit la possibilité de résider dans son royaume.

06 août 2007

30. Des Otrybes maîtres des sylves (Part one)

Ecoute le récit qui suit mon fils. Apprends comment certains des descendants de Nemed avaient compris qu'il n'y aurait pas de salut pour eux, si ce n’est celui de s’adapter à cette terre incertaine qu’était Nemedia. Laisse-moi te conter l’histoire des seuls peut-être, qui trouvèrent l’équilibre avec la terre médiane.

Avec les malheurs engendrés par la Grande Désolation, les hommes étaient faibles. Le déclin de la fraternité vit l’avènement des plus forts. Les plus démunis étaient opprimés et sans espoir. Ils étaient la proie de tous les maux et pour la plupart, proches de régresser à l’état d’animaux sauvages. Rares étaient ceux qui s'affirmèrent et furent capables non seulement de se défendre mais aussi de rendre coup pour coup. Les gens de la branche de Badra le Secret n’étaient pas parmi les plus aguerris, mon jeune ami. Mais la volonté de leur chef les a poussés à conquérir une nouvelle place dans ce monde en plein changement.

Ainsi quittèrent-ils les plaines où résidaient les Tuatha De Danann. Comme nombre d’humains poussés à l’exode, les cataclysmes liés aux marées et aux tempêtes les conduirent à prendre la direction des vastes sylves de l’est et du sud. Pour les gens de Badra aussi, le chemin fut parsemé d’embûches. Mais en ces temps troubles, l’hostilité était à son paroxysme et bien peu furent ceux qui n’eurent pas à payer lourdement le prix d’une tranquillité tant espérée. De par sa nature, Badra sut guider les siens en usant de subterfuges à même de les rendre insaisissables. Alors, rejoignant les frondaisons antiques, les hommes commencèrent à vivre conformément aux lois sauvages. Oui mon enfant, ces hommes étaient les ancêtres de ceux que nous nommons Otrybes.

02 août 2007

29. Des Cornics, maîtres du fleuve (part two)

Oui, mon jeune ami, une fois encore le destin se jouait des descendants de Nemed. Les gens de Conan avaient fui les terres Tuatha De Danann et en ce lieu inconnu, ils allaient trouver asile et réconfort dans les vestiges de l’une des cités des enfants de l’aurore. Ce serait la première qu’ils rebâtiraient, là où autrefois les membres de la race de Dagda s’étaient épanouis, en parfaite harmonie avec la nature qu’ils chérissaient tant.

Ainsi, mon enfant, les Cornics dont beaucoup étaient las de ce voyage éprouvant, décidèrent de s’installer en ces lieux. Après quelques temps, Conan décida qu’il fallait poursuivre le voyage. A la tête de son étrange armada il se lança de nouveau sur les flots tumultueux de l’Elorn.

Mais avant qu’il ne reparte, les gens de Conan qui demeurèrent lui firent serment d’allégeance. Cet endroit serait toujours un refuge où chaque Cornic, quelque soit son lignage, pourrait trouver asile. Alors mon jeune ami, la première cité Cornique fut baptisée Numes, ce qui dans la langue originelle des pères des Cornics veut dire « abri ».

Poursuivant leur quête vers le levant, les plus aventureux persistèrent et longèrent les méandres de l’Elorn. Navigant sans relâche, Conan et les siens comprirent que la complainte de Morrigan avait en effet marqué le départ des Tuatha De Danann de Nemedia, pour une destination mystérieuse. Témoignage de la gravité de ce sort funeste, bien des lieux édifiés par les enfants de l’aurore parsemaient les rives boisées du fleuve et de ses replis oubliés.

Le harassement de ce voyage aventureux et la perte de nombre des leurs, avaient fait prendre conscience aux Cornics, qu’ils pouvaient rebâtir ce qui était détruit. Les épreuves avaient été nombreuses et pénibles, le temps était venu pour les plus las de se poser. La branche de Conan se dispersa avec la découverte de chacun de ces sites, c’était l’opportunité de recommencer une vie nouvelle. Bienveillant et juste, le fils de Nemed approuva le choix des siens. Il savait que ses gens pourraient se protéger des fléaux que ce monde avait engendrés.

Conan le circonspect portait bien son nom. Il avait été décidé que chaque groupe enverrait des messagers à ceux qui étaient restés en arrière dés leur établissement. Sa parole fut honorée et le contact resta maintenu. La souffrance vécue collectivement avait généré une fraternité qui unissait tous les Cornics. Cette inébranlable valeur permit d’édifier les fondements de leur civilisation. Oui, je te le dis, elle mettrait en avant la détermination des Cornics d’asseoir leur indivisibilité malgré la distance qui les séparait. L’installation dans les cités n’était qu’une étape dans l’implantation des Cornics dans ces territoires dont les multiples menaces restaient bien réelles.

Mais, forts de l’expérience les ayant conduits en ces contrées, les Cornics savaient maintenant à quels dangers ils étaient exposés. Ils savaient que leur salut résiderait dans le choix de leur défense. L’érection de défenses inébranlables leur assurerait une vie paisible. C’est ainsi que la mise en commun de leurs efforts permit à chaque communauté d’édifier les plus impressionnantes fortifications que la terre médiane ait portées.

Et pendant cinquante années, les gens de Conan avec patience et détermination mirent en place et bâtirent les remparts enclavant les six cités qu’ils avaient investies. Ces années, mon fils, leur apportèrent leur lot de soucis et ils eurent à essuyer de nombreuses batailles. La terre médiane était sauvage et nombreux étaient les périls en cet âge farouche. Oui, les pillards écumaient Nemedia, souvent ils étaient plus féroces que les créatures de la nuits ou que les bêtes sauvages. Oui car je t’ai parlé des gens de Conan le Circonspect, mais ceux de la branche de Badra le Secret avaient investi la sylve et en avaient fait leur domaine, il étaient redoutables et sans pitié. Je te l’expliquerai en détail plus tard…

Dorénavant abrités par leurs imprenables citadelles, ceux qui autrefois avaient été les membres de clans désorganisés mirent à contribution, au profit de tous, les connaissances et savoirs issus de leur héritage culturel. Développant une société hiérarchisée et structurée, les Cornics instaurèrent les préceptes fixant les règles de ce qui deviendrait les Duchés de Cornouaille. Car Conan disparut avec ses proches, les plus braves de ses guerriers… Personne ne sait ce qu’il advint de ce souverain magnifique. Mais il fallait administrer les cités Corniques et continuer l’œuvre du fils de Nemed.

Tout au long des décennies faisant suite à leur installation, les Cornics continuèrent d’enseigner à leurs enfants la méfiance à l’égard du dehors. Mais ils maintinrent toutefois de solides relations avec les membres des autres duchés. Les serments faits à Conan seraient pour longtemps la loi qui souderait son peuple. Les Cornics délaissèrent les voies terrestres peu sûres pour mettre en place un système de navigation fluviale plus à même de répondre à leurs attentes concernant la desserte de leurs cités. Ainsi, mon jeune ami, ils purent favoriser les échanges et le commerce d’une manière rapide et appropriée. Cette solution adoptée par toutes les cités avait en outre l’avantage de pouvoir leur permettre de conserver une indépendance totale à l’encontre d’un quelconque adversaire se risquant à une tentative de siège. Les années qui suivraient tendraient à prouver que leur méfiance leur donnerait raison mon fils…

Mais ceci, tu t’en doutes bien, ce sera l’occasion d’un autre récit, car Nemedia en regorge. Pour l’heure, il vaudrait mieux que je te parle du destin de Badra le Secret et de ceux de sa branche.