28 novembre 2005

Jim Fitzpatrick (2ème partie : Nuada au bras d'argent)


Demata !

Je vous avais présenté Jim Fitzpatrick, lors d'un article précédent, en vous parlant du "livre des conquêtes". Il s'agissait du premier volume illustré que l'artiste avait réalisé sur les textes mythologiques irlandais. Dans le second livre, une nouvelle fois, Jim Fitzpatrick imprime de son talent les anciens récits mythiques, afin de faire découvrir au lecteur un passé glorieux dont l'héroïsme, le courage et la fierté celte avivent chaque page d'un souffle épique.

" Les cités d'or que j'ai tant aimées gisent sous de gris océans au pied des tours rutilantes de Hy-Brasyl, paradis céleste et terrestre où hommes et dieux vivaient en harmonie avec les bêtes des bois et des montagnes sauvages. C'était un temps de moisson et de renouveau mêlés, un temps de fleurs et de fruits à la même branche. C'était un temps de gestes gracieux et généreux, de regards souriants, de lèvres parlant d'amour sans honte, de bravoure sans carnage."

Ainsi commence le second livre intitulé à l'origine "le guerrier d'argent" qui en fait sera publié sous "Nuada au bras d'argent".

C'est Tuan, l'Ancien Blanc, autrefois chef de la tribu des Cessair, tous premiers hommes à peupler Erin la Verte, Tuan, homme de sagesse et de renom, qui une fois encore est le narrateur du récit. Ainsi explique t'il comment la loi des dieux interdisait à Nuada de régner, car privé de son bras lors de la bataille de Moy Tura, il ne disposait plus d'un corps entier. Il fut alors nécessaire de choisir un nouveau chef parmi les Tuatha De Danann. Nombreux sont les valeureux héros qui auraient pu remplir cette fonction, mais il advint que les femmes séduites par la prestance de Breas le Beau convainquirent les hommes de l'élire. Elles expliquèrent que le sang des Formoirés qui coulait dans ses veines renforcerait le pacte déjà scellé par le mariage de Cian, fils de Diancecht le Guérisseur et d'Eithne, la propre fille de Balor. Ainsi disaient-elles, les Tuatha De n'auraient plus jamais à craindre les Formoirés, leurs ennemis héréditaires et le seigneur sorcier Balor à l'oeil mauvais. La paix qui s'ensuivrait leur permettrait une alliance avec les Fir Bolg pour ensuite régner sereinement sur Erin...

Mais la beauté de Breas n'était qu'un leurre masquant sa duplicité. Le malheur des Tuatha ne faisait que commencer et peu à peu la noirceur de l'âme de Breas se dévoila...


Tout comme le "Livre des Conquêtes", "Nuada au bras d'argent" se divise en sept parties.


-Les métamorphoses de Tuan
-Le règne de Breas
-La restauration de Nuada au bras d'argent
-La venue de l'Il-Dana
-Le chemin du gourdin de Dagda
-Les invasions des Formoirés
-La fin de la seconde Bataille de Moy Tura


"Le nombre des morts de la bataille de Moy Tura restera inconnu tant qu'on ne saura pas compter les étoiles du ciel qui nous domine ou les flocons de la neige d'hiver ou les brins d'herbe sous nos pieds ou les chevaux de Manannan dans la tempête des flots"
Ceci est leur histoire et la mienne.
Je suis Tuan
Je suis Légende
Je suis mémoire faite mythe.

19 novembre 2005

L'esprit de la magie

Demata !


Aujourd'hui, je vais traiter succintement de la magie en Nemedia. Les Légendes et les récits héroïques tirés des différents cycles Irlandais nous démontrent que la magie était coutumière chez les Celtes. Il n'est pas rare de voir des duels entre maîtres de l'art qui tour à tour se transforment en animaux puis en créatures fabuleuses. Qui n'a pas entendu parler de Myrdhin, plus communément appelé Merlin ? Son nom en vieux celtique est Moridunon, qui signifie forteresse de la mer et exprime la puissance de l'enchanteur sur les eaux primordiales. Il connait toutes les langues y compris le langage des animaux. Sorte de druide Shaman réactualisant l'âge d'or, il rappelle les souvenirs des temps anciens où hommes et bêtes se comprenaient.

Mais les aptitudes magiques sont fréquentes et nombreuses. Les Tuatha De Danaan ont tous des pouvoirs fantastiques qui leur permettent d'invoquer brumes magiques ou ramener la santé aux moribonds pour repartir sans cesse au combat après avoir été baignés dans un puits magique. Que dire du manteau d'invisibilité, des armes magiques qui ne loupent jamais leur cible ou encore des malédictions ou alors du spasme de furie de Cuchulainn ?

Le chant d'un barde dit "J'ai reçu les dons qui ne s'apportent qu'aux porteurs de l'Anaon [...]Les Aïeux m'on légué, transmis du fond des âges, les secrets arrachés, autrefois aux Géants".

Ainsi m'est venue l'idée de la magie pour Nemedia. Je ne voulais pas de ce que l'on retrouve dans tous les jeux habituellement. Il fallait quelque chose de différent et dont la nature ne pouvait être que lié à la tradition magique des Celtes. Après avoir compulsé de nombreux récits et documents, j'avais noté trois principes qui revenaient sous de nombreuxes variantes. J'avais la base dont découlerait tout le reste...

L’Anaon, les Tenenan et les Principes
Qu’est ce que l’Anaon ?
L’Anaon est une puissance thaumaturgique issue de la Source de Nemedia à laquelle se sont associées les âmes des guerriers que les trois Tenenan originels avaient investis dans leur lutte contre l’Ombre. L’Anaon est une part de l’âme du Créateur mêlée à la conscience des preux qui luttèrent pour que leur terre ne de-vienne pas le jardin de Tanavenn. L’Anaon est entités et pouvoir, âmes et Principes.

Que sont les Tenenan ?
A l’origine, les Tenenan sont des entités mystiques auxquelles le Créateur donna la vie pour que la Source qui n’était autre que le sang de Nemedia, le reflet de son âme, ne soit jamais pervertie d’aucune manière que ce soit. Lorsque l’Ombre commença à se développer et la sinistre menace de Tanavenn à devenir in-quiétante, trois des Tenenan décidèrent de s’incarner pour contrer le fléau. Entités d’énergie pure, les trois êtres ne purent trouver de réceptacle à même de les accueillir tant leur intensité était incommensurable. Ils se scindèrent alors en Principes qui en investissant le corps de certains élus leur concéderaient des facultés extraordinaires dans le but de faire refluer l’Ombre.

Quels sont les Principes ?
Les Principes, à l’image de leurs initiateurs sont au nombre de trois.

Le Principe de la Pensée permet l’ouverture d’esprit. Il favorise l’utilisation d’une conscience autre et permet à l’hôte d’accéder à une dimension de réalité différente de celle qu’ont les êtres vivants en général.

Le Principe de la Parole donne aux mots leur puissance réelle. La force du Tenenan donne une ampleur su-périeure aux mots et à la portée qu’ils peuvent avoir sur ceux qui les entendent. La Parole utilise des vibra-tions qui modifient la sonorité des syllabes et permet d’influencer le comportement ou les actes d’autrui car elle impose l’intérêt, le respect ou la crainte.

Le Principe du Geste apporte une confiance et un savoir-faire dans la manipulation, le mouvement. Il permet l’acceptation et l'usage développé des possibilités qu’offre la morphologie de l’hôte et peut modifier la phy-siologie du Nagir lorsque la symbiose est parfaite.

Chaque Principe que je viens de vous définir est source de nombreux pouvoirs, des capacités effrayantes dont les applications sont variées et peuvent se combiner sous les formes les plus diverses. Mais cela vous le découvrirez par vous même.

11 novembre 2005

l'appel de l'aventure

Demata !

Quelque fois, la vie quotidienne est d'un tel ennui que la moindre occasion est valable pour fuir ce qu'on ne connait que trop. L'appel de l'aventure soufla aux oreilles du jeune Sengann d'une façon bien étrange, mais je vous laisse plutôt juger par vous même...

"Sengann alla nourrir les bestiaux comme son père le lui avait demandé. Il donna un coup de pied dans le groin de l’un des cochons qui se montrait trop agressif et s’assit rêveur sur la barrière à les regarder se rouler dans la fange. La nuit tombait et avec elle arrivait un vent froid qui annonçait la neige pour bientôt. Il se retourna attiré par le bruit d’une caravane de marchands qui arrivait du Northland où ils étaient allés négocier peaux, fourrures, alcool et armes en acier d’une qualité supérieure à celle que forgeaient les Cornics. Ils passeraient la nuit à Vigdaül dans la Maison des voyageurs en échange de sel et de quelques babioles puis repartiraient aux aurores pour regagner Ménémarzin où toutes ces marchandises seraient écoulées en peu de temps à des tarifs exorbitants. Sengann sauta prestement de son perchoir et se dirigea en courant vers les nouveaux arrivants ; il aimait écouter les histoires que racontaient les étrangers, elles le laissaient rêveur et lui donnaient l’impression que le monde était si vaste et si merveilleux qu’il n’attendait plus que lui. Le garçon fit le tour de la caravane inspectant chaque bête et son chargement, puis il observait les Gaiscedachs et les négociants dont tous n’étaient pas Cornics. Il reconnut des Northlanders de diverses tribus identifiables aux couleurs chatoyantes de leurs tartans et à leurs longues barbes tressées. Il ne put s’empêcher de loucher sur les nombreux et sinueux motifs entrelacés encrés qui couvraient leur épiderme, ainsi que sur leur armement effrayant, autant par la taille que par les motifs que chacun d’entre eux avaient gravé en prière à ses dieux sur les fourreaux. Il vit même des Sigoles, de petits guerriers aux yeux bridés tout vêtus de peaux ; tous avaient le visage scarifiés et les cheveux attachés en chignon sur le haut du crâne ; Sengann avait du mal à les différencier les uns des autres si ce n’est par les motifs en os et en ivoire avec lesquelles ils agrémentaient leurs tenues.

La curiosité du jeune Cornic poussa ses pas vers les négociants étrangers ; vers ce soupçon d’aventure qui recouvrait chacun de leurs visages. En tournant autour de la caravane, Sengann rêvassait ; il ne vit pas la masse imposante d’un Gaiscedach Northlander qu’il percuta de plein fouet et se retrouva couché sur le dos les yeux remplis de petites taches lumineuses.
– Eh bien enfant on ne t’a jamais appris à regarder où tu mettais les pieds ? Es-tu aveugle ? La voix du Northlander était tonitruante et moqueuse et plusieurs guerriers de l’escorte de la caravane se mirent à rire de bon cœur.
Sengann se sentit humilié mais il accepta de bonne grâce le bras tatoué que lui tendit le guerrier afin de l’aider à se relever. Il marmonna quelques mots de remerciement et leva la tête pour tenter de voir dans la semi obscurité de la nuit tombante le visage de celui qu’il avait bousculé. Il poussa un cri de stupeur et retomba en arrière de surprise. Une fois de plus tous les guerriers éclatèrent franchement de rire, le Gaiscedach du Northland le premier. Sengann avait été surpris et à la fois un peu effrayé il faut le dire à la vision du visage de son interlocuteur. Outre les nattes tressées et garnies d’anneaux d’argent, la peau de la moitié du visage du guerrier était marquée de symboles et d’entrelacs noirs et bleutés lui donnant un aspect démoniaque ; ce que l’imposante hache noire qu’il portait au côté ne faisait qu’accentuer.
– Allons lève–toi, tu ne vas pas dormir ici tout de même ? Tu as bien un abri et une famille qui t’attendent ?
Sans réfléchir Sengann répliqua :
– Non Seigneur Guerrier je suis… Je suis seul et… Et je comptais vous demander si… Si je ne pourrais pas vous accompagner à Ménémarzin pour trouver du travail, ou même vous proposer mes services, je suis fort et je mange peu, je sais faire toutes sortes de choses.
– Tu m’as l’air bien brave mais que veux tu que je te confie comme travail, tu serais plus un fardeau pour nous qu’un…
– Mais je sais chanter et jongler, je connais les Douze récits de la Moy Tura, j’ai suivi l’enseignement des Aes Dana, je pourrais faire à manger, nourrir vos montures…
– Bien, bien, nous allons voir ça tu vas devoir faire tes preuves ce soir même après je déciderai.
Sengann sentait son cœur battre la chamade, si son stratagème fonctionnait il quitterait Vigdaül aux aurores avec la Caravane et deux jours après il serait à Ménémarzin ; il pourrait enfin voir des Tuatha De Dananns…
– Je reviens, je vais vous chercher de la bière et du vin et, et du bois pour faire bouillir vos marmites.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Sengann s’enfonça dans l’obscurité de la nuit et revint les bras chargés de petit bois et de bûchettes. Quelques instants après il repartit et revint avec deux tonnelets sous chaque bras. Il pénétra dans la maison des voyageurs et y alluma un feu dans la fosse prévue à cet effet. Quelques temps après les marmites bouillonnaient, les bêtes avaient été conduites dans un enclos prévu à cet effet et Sengann tout fier commençait à conter l’un des Douze récits de la Moy Tura devant une assemblée attentive qui buvait avec bonheur les nectars que le jeune Cornic leur avait apporté autant que ses paroles enchanteresses. Ce soir, la fraîcheur nocturne se fit moins ressentir et tous se délassèrent au point que personne ne mit longtemps à s’endormir.



Le soleil s’était levé depuis un bon quart d’heure lorsque Sengann ouvrit les yeux. Il avait mal à la tête et se rappelait avoir bu plus que de raison avec les guerriers de l’escorte de la caravane. Repensant à la veille, il se leva d’un bond ; tous étaient partis, seul un poignard en ivoire à la fusée finement entrelacée de lanières de cuir et au pommeau en acier était planté dans le sol près de l’endroit où il avait dormi. Il ramassa l’arme puis l’examina. C’était du bel ouvrage, une arme bien équilibrée dont la longue lame en ivoire tranchait comme le meilleur acier qui lui avait été donné de voir. En outre c’était un précieux don, le coût d’une telle arme devait être exorbitant. Sengann la glissa dans sa ceinture. Aussitôt il s’empressa de courir à l’extérieur puis sans faire de bruit se faufila dans la demeure familiale et prépara à la hâte une besace dans laquelle il entassa tout ce qui pouvait lui sembler utile pour le périple qu’il envisageait. Il était bien décidé par un moyen ou un autre à rattraper la caravane et Arzhul le Gaiscedach au visage tatoué. Après s’être emparé de la veste de cuir que sa mère lui avait patiemment confectionné durant de longues semaines il ressortit sans le moindre bruit et se dirigea vers l’enclos des Finkhs, il lui fallait à tout pris une monture rapide ; il savait qu’il se rendrait coupable d’un vol aux vu des codes de son Tuath mais il savait aussi qu’il reviendrait un jour payer sa dette..."