11 novembre 2005

l'appel de l'aventure

Demata !

Quelque fois, la vie quotidienne est d'un tel ennui que la moindre occasion est valable pour fuir ce qu'on ne connait que trop. L'appel de l'aventure soufla aux oreilles du jeune Sengann d'une façon bien étrange, mais je vous laisse plutôt juger par vous même...

"Sengann alla nourrir les bestiaux comme son père le lui avait demandé. Il donna un coup de pied dans le groin de l’un des cochons qui se montrait trop agressif et s’assit rêveur sur la barrière à les regarder se rouler dans la fange. La nuit tombait et avec elle arrivait un vent froid qui annonçait la neige pour bientôt. Il se retourna attiré par le bruit d’une caravane de marchands qui arrivait du Northland où ils étaient allés négocier peaux, fourrures, alcool et armes en acier d’une qualité supérieure à celle que forgeaient les Cornics. Ils passeraient la nuit à Vigdaül dans la Maison des voyageurs en échange de sel et de quelques babioles puis repartiraient aux aurores pour regagner Ménémarzin où toutes ces marchandises seraient écoulées en peu de temps à des tarifs exorbitants. Sengann sauta prestement de son perchoir et se dirigea en courant vers les nouveaux arrivants ; il aimait écouter les histoires que racontaient les étrangers, elles le laissaient rêveur et lui donnaient l’impression que le monde était si vaste et si merveilleux qu’il n’attendait plus que lui. Le garçon fit le tour de la caravane inspectant chaque bête et son chargement, puis il observait les Gaiscedachs et les négociants dont tous n’étaient pas Cornics. Il reconnut des Northlanders de diverses tribus identifiables aux couleurs chatoyantes de leurs tartans et à leurs longues barbes tressées. Il ne put s’empêcher de loucher sur les nombreux et sinueux motifs entrelacés encrés qui couvraient leur épiderme, ainsi que sur leur armement effrayant, autant par la taille que par les motifs que chacun d’entre eux avaient gravé en prière à ses dieux sur les fourreaux. Il vit même des Sigoles, de petits guerriers aux yeux bridés tout vêtus de peaux ; tous avaient le visage scarifiés et les cheveux attachés en chignon sur le haut du crâne ; Sengann avait du mal à les différencier les uns des autres si ce n’est par les motifs en os et en ivoire avec lesquelles ils agrémentaient leurs tenues.

La curiosité du jeune Cornic poussa ses pas vers les négociants étrangers ; vers ce soupçon d’aventure qui recouvrait chacun de leurs visages. En tournant autour de la caravane, Sengann rêvassait ; il ne vit pas la masse imposante d’un Gaiscedach Northlander qu’il percuta de plein fouet et se retrouva couché sur le dos les yeux remplis de petites taches lumineuses.
– Eh bien enfant on ne t’a jamais appris à regarder où tu mettais les pieds ? Es-tu aveugle ? La voix du Northlander était tonitruante et moqueuse et plusieurs guerriers de l’escorte de la caravane se mirent à rire de bon cœur.
Sengann se sentit humilié mais il accepta de bonne grâce le bras tatoué que lui tendit le guerrier afin de l’aider à se relever. Il marmonna quelques mots de remerciement et leva la tête pour tenter de voir dans la semi obscurité de la nuit tombante le visage de celui qu’il avait bousculé. Il poussa un cri de stupeur et retomba en arrière de surprise. Une fois de plus tous les guerriers éclatèrent franchement de rire, le Gaiscedach du Northland le premier. Sengann avait été surpris et à la fois un peu effrayé il faut le dire à la vision du visage de son interlocuteur. Outre les nattes tressées et garnies d’anneaux d’argent, la peau de la moitié du visage du guerrier était marquée de symboles et d’entrelacs noirs et bleutés lui donnant un aspect démoniaque ; ce que l’imposante hache noire qu’il portait au côté ne faisait qu’accentuer.
– Allons lève–toi, tu ne vas pas dormir ici tout de même ? Tu as bien un abri et une famille qui t’attendent ?
Sans réfléchir Sengann répliqua :
– Non Seigneur Guerrier je suis… Je suis seul et… Et je comptais vous demander si… Si je ne pourrais pas vous accompagner à Ménémarzin pour trouver du travail, ou même vous proposer mes services, je suis fort et je mange peu, je sais faire toutes sortes de choses.
– Tu m’as l’air bien brave mais que veux tu que je te confie comme travail, tu serais plus un fardeau pour nous qu’un…
– Mais je sais chanter et jongler, je connais les Douze récits de la Moy Tura, j’ai suivi l’enseignement des Aes Dana, je pourrais faire à manger, nourrir vos montures…
– Bien, bien, nous allons voir ça tu vas devoir faire tes preuves ce soir même après je déciderai.
Sengann sentait son cœur battre la chamade, si son stratagème fonctionnait il quitterait Vigdaül aux aurores avec la Caravane et deux jours après il serait à Ménémarzin ; il pourrait enfin voir des Tuatha De Dananns…
– Je reviens, je vais vous chercher de la bière et du vin et, et du bois pour faire bouillir vos marmites.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Sengann s’enfonça dans l’obscurité de la nuit et revint les bras chargés de petit bois et de bûchettes. Quelques instants après il repartit et revint avec deux tonnelets sous chaque bras. Il pénétra dans la maison des voyageurs et y alluma un feu dans la fosse prévue à cet effet. Quelques temps après les marmites bouillonnaient, les bêtes avaient été conduites dans un enclos prévu à cet effet et Sengann tout fier commençait à conter l’un des Douze récits de la Moy Tura devant une assemblée attentive qui buvait avec bonheur les nectars que le jeune Cornic leur avait apporté autant que ses paroles enchanteresses. Ce soir, la fraîcheur nocturne se fit moins ressentir et tous se délassèrent au point que personne ne mit longtemps à s’endormir.



Le soleil s’était levé depuis un bon quart d’heure lorsque Sengann ouvrit les yeux. Il avait mal à la tête et se rappelait avoir bu plus que de raison avec les guerriers de l’escorte de la caravane. Repensant à la veille, il se leva d’un bond ; tous étaient partis, seul un poignard en ivoire à la fusée finement entrelacée de lanières de cuir et au pommeau en acier était planté dans le sol près de l’endroit où il avait dormi. Il ramassa l’arme puis l’examina. C’était du bel ouvrage, une arme bien équilibrée dont la longue lame en ivoire tranchait comme le meilleur acier qui lui avait été donné de voir. En outre c’était un précieux don, le coût d’une telle arme devait être exorbitant. Sengann la glissa dans sa ceinture. Aussitôt il s’empressa de courir à l’extérieur puis sans faire de bruit se faufila dans la demeure familiale et prépara à la hâte une besace dans laquelle il entassa tout ce qui pouvait lui sembler utile pour le périple qu’il envisageait. Il était bien décidé par un moyen ou un autre à rattraper la caravane et Arzhul le Gaiscedach au visage tatoué. Après s’être emparé de la veste de cuir que sa mère lui avait patiemment confectionné durant de longues semaines il ressortit sans le moindre bruit et se dirigea vers l’enclos des Finkhs, il lui fallait à tout pris une monture rapide ; il savait qu’il se rendrait coupable d’un vol aux vu des codes de son Tuath mais il savait aussi qu’il reviendrait un jour payer sa dette..."

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et maintenant il faut la suite! Est ce qu'il voit des Thuata ce brave garçon? Meurt'il d'une grippe aviaire ou la hache à la main?
Une chouette nouvelle en tout cas. Les départs sont toujours émouvants...

Williaam Anaaïs a dit…

waaaaah ! c'est chouette ! bravo !

Helgui le Gris a dit…

Pour Cneus : la suite est déjà bien avancé et......... le début aussi vu que c'est un extrait du second volume des Chroniques de Nemedia, celui faisant suite à la "Geste des Fianna"

Pour Anarchikanais, merci mais tu sais des histoires comme celle ci Nemedia en regorge, si tu passes fréquemment tu pourras en lire d'autres.