27 juin 2007

21. Des prémices de la bataille (Part two)

Horrible et indiciblement magnifique sensation pour ceux qui observaient ce spectacle que de sentir leur âme glacée par ces milliers d’yeux jaillissant de nulle part et dont le regard les transperçait. Malgré ce spectacle horrifiant et l’ambiance qui en découlait, comme l’usage se doit, mon fils, de part et d’autres, émissaires Formoirés et des terres libres remirent des présents et échangèrent les messages qu’on leur avait dit de répéter.


Alors, mon enfant, lumineuse comme l’aurore, grandiose comme un rayon de soleil, la compagnie de Dagda reparut lorsque tous pensaient qu’ils ne viendraient plus. Nuada alla en personne et au nom de tous parler avec son frère Balor. Comme il avait été pressenti pour être un grand chef dés sa naissance, il se comporta. Digne, sans haine, ses yeux brillant de la fierté qui caractérisait les plus grands, Nuada s’avança au milieu des troupes de l’armée ténébreuse, sans peur. Il n’accorda pas l’accolade fraternelle à Balor et lui demanda immédiatement de rendre Graal et de quitter la terre des Aînés. S’il ne s’exécutait pas, il aurait à affronter le courroux de Dagda.


Vois-tu mon enfant, tout être sensé aurait compris quelle chance était offerte de faire amende honorable et de reconnaître ses torts... De partir avec le goût amer de la honte dans la bouche mais, avec noblesse, grandi aux yeux de tout un chacun. Balor lui, ne réagit pas autrement que s’il avait été amusé. Et sa décision irait dans le sens qu’avait décidé pour lui l’ombre qui maintenant le dominait… la bataille fut donc le choix du Sombre Seigneur.

21 juin 2007

20. Les prémices de la bataille (Part one)

A peine Dagda et sa suite eurent-ils quitté Thulé, le Sombre Seigneur réunit le plus formidable conseil de guerre que Nemedia ait porté. Rentrant sur les terres libres du peuple Tuatha De Danann, Dagda renvoya tous ses fidèles en leurs demeures pour aviser leurs gens. Il fallait que tous soient prévenus de l’ombre menaçante de la confrontation qui ne manquerait pas de se dérouler. Tous avaient reçu l’ordre de préparer harnachements et armes.

Alors mon jeune ami, Brug Na Boyne, Findias, Murias, Gorias Falias et d’autres cités fabuleuses dont le nom nous échappe encore aujourd’hui furent soumises à l’inhabituelle agitation précédant les sombres évènements. Humains et Tuatha De Danann habituellement si plein de joie s’équipèrent pour livrer bataille. Si le prix de la paix était la guerre, il en serait ainsi et chacun donnerait son sang pour la terre médiane et au nom de Dagda.

Mais, mon enfant, loin des affres de la fièvre guerrière qui enivrait jusqu’aux plus sages, se déroulait un étrange conseil. Après une concertation grave entre Dagda, Lugh, Goibniu, Nemed, Diancecht, Oghma, Lars, premier souverain suprême des Korrigans et les mages les plus érudits et les plus éclairés du territoire, ces illustres seigneurs, se rendirent au royaume des Gruagachs.Hormis Dagda et sa suite, aucun de ceux restés dans les territoires libres pour aménager leur défense n’avait été mis dans le secret enveloppant la raison de ce départ, pas même Dana.

Les côtes de la terre médiane, habituellement si paisibles, étaient animées par le grouillement incessant des sombres mille-pattes formés par les cohortes maléfiques de Balor. Harnachés, hurleurs, écumant d’une bave née de la rage longuement instillée par le Sombre Seigneur tous étaient exaltés à l’idée d’anéantir ces adversaires qu’ils haïssaient tant. Oui mon fils, les frères allaient à nouveau faire couler le sang des leurs, l’ombre était parvenue à semer un trouble qu’il serait désormais impossible d’effacer des mémoires.

Heaumes à cimiers de bronze, cuirasses d’airain, épées, piques et haches d’acier venaient hérisser agressivement de leur lueur haineuse ce pathétique et monstrueux géant aux mouvements tentaculaires et désordonnés. La mer habituellement turquoise et si sereine était désormais dardée d’une multitude de navires et d’esquifs que trois fois dix personnes ensemble auraient eu du mal à dénombrer. Leurs voiles à moitié noyées dans un brouillard magique tissé par les nécromants Formoirés et Fir Bolgs laissaient toutefois clairement apparaître l’œil unique marquant leur texture sombre de son éclat mauvais.

18 juin 2007

19. Des conséquences de la fourberie de Balor (Part two)

Lorsque Formoirés, Tuathans et humains prirent place à table, Dagda resta debout. Il tenait sa harpe magique et proposa en guise de présent d’animer le banquet de ses chants. Il joua d’abord les accords de la joie et tous ensemble les convives se mirent à rire. Faisant suite à la joie, les accords de la tristesse fendirent le cœur de tous et chacun pleura jusqu’à ce que le sol soit trempé de larmes. Pour conclure, Dagda joua l’air mélancolique du sommeil et tous s’endormirent. Profitant de l’assoupissement général, le Tuatha originel vida Graal de son contenu et le remplit de toute la nourriture qu’il put trouver en Thulé. Après quelques instants, tous les convives s’éveillèrent sans toutefois avoir gardé le souvenir de s’être endormis.

Balor que l’impatience rongeait s’adressa à son père. « Il me semble que tes chants bien qu’ils aient duré bien longtemps ont ravi l’assemblée. Tu dois être bien affamé mon Père, l’honneur te revient d’entamer ce festin en prenant pour toi la part du chef, elle te revient de droit. » Dagda qui s’attendait à ce moment se saisit de Graal à bras le corps et commença à en avaler le contenu sans prendre le temps de respirer. Devant les regards ébahis de tous, il vida le chaudron magique jusqu’à la dernière goutte, puis se tourna vers Balor. « Voilà, ainsi que tu pêux le constater, j’ai répondu à ton hospitalité et me suis nourri de ce que tu me proposais. Il semble que tes promesses de banquet ne soient pas à la hauteur de mon appétit ! Maintenant qu’il ne reste plus rien, comment comptes-tu satisfaire le reste de tes hôtes ? C’est un affront que je ne puis décemment accepter et je préfère repartir en espérant que tu répareras cette humiliation en écoutant la voix de la sagesse et en cessant de te conduire en animal. Nous repartons et je souhaite que tu payes cet offense en retirant tes sbires de mes terres et que tu rapportes Graal à l’endroit qu’il n’aurait jamais du quitter, Brug Na Boyne ! Si tel n’était pas le cas, sache que dorénavant, le Tuathan entier se lèverait au côté des hommes pour te combattre. »

14 juin 2007

18. Des conséquences de la fourberie de Balor (Part one)

Quelle que soit la nature d’une nouvelle, peu importe qui en est le porteur et qui l’envoie, le meilleur accueil lui est toujours réservé. Et, mon jeune ami, il en fut ainsi pour les émissaires qu’envoya Balor. Un banquet fut même donné en leur honneur. Car Dagda est le dieu bon et qu’en aucun cas il ne déroge aux lois de l’hospitalité qu’il a instaurées. Le Premier né écouta ce que les Formoirés avaient à dire et les laissa même rire de lui. Bien qu’il ne le montrât pas, la souffrance emplissait son cœur.

Cependant, mon enfant, et c’est en cela que tu dois voir la grandeur de ce dieu, l’humiliation n’était rien comparée à ce besoin de voir à nouveau la paix sur la terre médiane. Désireux que l’horreur cesse et que les choses rentrent dans l’ordre, Dagda renvoya les émissaires en Thulé. Il les chargea de répondre au Sombre Seigneur qu’il se déplacerait pour assister à son union avec Morrigan.

A l’annonce de cette nouvelle, Balor fut pris d’une rage incontrôlable. Son aveuglement et avouons-le aussi son mentor ombreux l’avaient persuadé que le Tuatha De originel avait décidé de le tourner en ridicule, préférant sacrifier sa fille plutôt que de risquer de combattre comme il l’avait prévu. L’ombre inspira à nouveau Balor lui soumettant un plan qui obligerait Dagda à réagir de façon à ce que tous croient que sa décision n’avait pour but que de trahir l’hospitalité du Sombre Seigneur. Ainsi, pour tous, le Premier né ne vaudrait pas mieux que son fils difforme, car il ne pourrait faire autrement que de violer l’une des lois primordiales les plus importantes.

Comme prévu, Dagda se présenta à Thulé, porteur de présents comme il se doit et accompagné de Nemed et des principaux seigneurs Tuatha De dont nombre pensait en effet que la paix serait scellée par l’union de Morrigan au dernier des enfants de leur race. Thulé avait été ornementée à la façon de Brug Na Boyne, mille oriflammes rutilantes à l’image de l’œil Unique avaient été disposées partout où que l’on puisse poser le regard. Les hurlements des Carnyx et les grondements des tambours Fir Bolg résonnaient avec tant d’intensité que les murs mêmes de la cité en tremblaient. Balor accueillit Dagda et sa suite au bras de Morrigan qui avait été parée de noir car telle était la couleur des armes Formoirés.

Ecoute bien mon fils, à quel point le cynisme de Balor est sans limite. Ayant fomenté sournoisement son plan, il fit en sorte que Morrigan l’entende donner les recommandations à ses serviteurs pour qu’ils versent un puissant poison dans Graal, dans lequel seraient préparés les mets que l’on offrirait aux convives. Embrassant son père, Morrigan ne put s’empêcher de lui murmurer à l’oreille ce qu’elle savait. En cela, elle agit de la manière que le Sombre Seigneur avait espérée. Dagda conscient de la fourbe manœuvre de son fils savait que s’il ne mangeait les mets qui lui étaient proposés, il se retrouverait en la position d’offenseur. Tourmenté par ce dilemme, le Premier né réfléchit à la manière la plus astucieuse de ne pas tomber dans le piège tendu.

12 juin 2007

17. Du choix de Morrigan (Part two)

Hélas, le frère difforme dont l'esprit malade était rongé par le vice n'était animé que d’intentions belliqueuses et vengeresses à l'égard des Tuatha De Danann… Peut-être encore plus envers les humains qui avaient osé défier sa toute puissance. Inspiré par son mentor qui alimentait sa folie en distillant savamment doute et suspicion, le Seigneur et roi des Formoirés examina la requête de sa sœur. O mon fils, la fourberie allait encore œuvrer et Balor à l’œil unique élabora la trame de ce qui serait sa revanche.

Après avoir longuement réfléchi, Balor accepta la proposition de Morrigan… Toutefois, mon enfant, tu imagines bien que la réponse donnée serait encore l’opportunité pour une nouvelle duperie. Aussi, le Formoiré posa une condition unique qui serait décisive dans l'application de l’accord. Le départ des fidèles de Balor ne serait effectif que lorsque Morrigan aurait donné un enfant à son frère. Cette naissance viserait à sceller leur mariage et serait aux yeux de tous, le symbole vivant de ce pacte.

Morrigan comprit que Balor venait de la piéger. L'âme en peine, ne distinguant aucun autre moyen de faire cesser la folie dont elle avait été à l'origine, la Tuatha De à la rouge chevelure se résigna à se conformer à cet arrangement. Le Seigneur à l’œil unique pour qui cette victoire était bien plus qu'une revanche sur Morrigan, mais surtout, mon jeune ami, l'occasion de blesser Dagda, éclata d’un rire qui secoua la terre médiane à la manière du tonnerre.

Avide de savourer le résultat de sa ruse, il s'empressa d'envoyer des émissaires Formoirés à Brug Na Boyne, ainsi que dans toutes les cités Tuatha De Danann. La vanité d’annoncer que Morrigan le rejoignait sur ses terres afin de le prendre pour époux voila les terres du souverain Formoiré d’une couche de nuages si sombre que la nuit y résiderait en permanence. Oui mon enfant, des changements bien sinistres commençaient à affecter Nemedia de signes funestes…