28 mars 2007

7. De la naissance des Korrigans (part two)

De la naissance des Korrigans (part 2)
Diancecht quant à lui, mon fils, partit un temps dans le domaine des Korrigans. Entouré des petits êtres malicieux, il se plongea dans de nouveaux préceptes. Car bien que les petits êtres étaient prédestinés à la plaisanterie et aux pitreries sous toutes leurs formes, leurs connaissances étaient grandes en de nombreux domaines. Le savoir de Diancecht de la médecine déjà fort considérable, s'accrut par l'enseignement des secrets qu'ils lui dispensèrent, lui révélant les effets des plantes sur le corps.

Mais l’apport des Korrigans fut bien plus considérable… Alors Brigitt, Nuada et Lug vinrent à s'intéresser à l'art mystérieux de la poésie que les Korrigans savaient fort bien manier. Le Petit peuple l’utilisait avec adresse pour donner une dimension irrésistible à la comédie. Les Tuatha De Danann éprouvèrent pour cet art subtil et raffiné un engouement partagé. Ainsi, l'art de la poésie s'institua en une érudition indispensable que chacun utilisa par la suite comme moyen de communication.

Du miracle des mots et de la puissance libérée par la signification profonde des forces qui s'y rattachent apparut une science nouvelle dont le nom est Magie. Korrigans et Tuatha De Danann comprirent que le verbe pouvait transformer la matière et produire des métamorphoses prodigieuses.

Ce fut l'âge d'or de Nemedia où fraternité et partage étaient les bases de tout échange et les Korrigans offrirent à Dagda la harpe aux trois accords. L’instrument avait la faculté de faire rire ceux qui entendaient les accords de la joie. Elle pouvait plonger l’assistance dans la tristesse et les pleurs en jouant les accords de la mélancolie et pouvait conduire tout auditoire dans le sommeil le plus profond grâce au chant de l’endormissement.

Dagda fut fort satisfait de ce présent et immuablement jouait avec plaisir les accords de la liesse pour que tous soient heureux. Mais, mon jeune ami, malgré tous les efforts déployés, Morrigan ne trouvait toujours pas le repos, ni même aucun réconfort à même de lui faire oublier sa faute.

Les Korrigans maîtres dans l'art de la farce déployèrent des trésors de malice pour tenter de faire sourire la Tuatha De qui semblait plongée dans les brumes éternelles de l'accablement. Aucun ne parvint à la sortir de l'alanguissement causé par le départ de Balor. Morrigan partit alors et quitta le reste du Tuathan pour vivre isolée dans l'immensité de la forêt primordiale, là même où elle avait abandonné son fils Cernunnos.

24 mars 2007

6. De la naissance des Korrigans (part one)

De la naissance des Korrigans (part 1)

Je te raconte tous ces événements, mais tu dois te demander ce que Notre Père à Tous ressentait à la vue de ce qui se déroulait en Nemedia. J’y viens, ne t’inquiètes pas, nous avons tout le temps. Bran, qui lors de ses rêves revenait encore fréquemment en Nemedia fut attristé par le drame qu’éprouvaient ses enfants bien aimés.

Affligé de ne n’avoir pu éviter le dénouement que tu connais, le Créateur décida qu’il n’était pas trop tard pour corriger sa négligence et adoucir la vie des enfants de Dagda. Aucune ombre n’aurait jamais dû ternir cette vie qu’il voulait parfaite en Nemedia. La seule arme digne d’endiguer la mélancolie serait le rire. Bran donna alors vie aux Korrigans pour égayer les Tuatha De Danann, car la peine du peuple originel ne devrait plus être.

Ainsi, pas plus haut que de jeunes enfants, le crâne oblong couronné de crinières rousses dont pointaient leurs étranges oreilles en pointe, de larges sourires dévoilant de grandes bouches entourées de duvet gris, le visage constellé de tâches de rousseur et surtout de gigantesque yeux noirs reflétant la malice et la gaieté, les Korrigans primordiaux vinrent peupler la terre médiane.

Les Premiers nés trouvèrent joie et réconfort en la compagnie enjouée et légère de ce peuple singulier qu’aucune situation, aussi fâcheuse soit-elle, ne semblait jamais devoir assombrir. La présence nouvelle des Korrigans en Nemedia vit fleurir une amitié sincère avec le peuple Tuatha De Danann. Les évènements tendraient à prouver qu’elle serait durable et avec l’arrivée du Temps, se consoliderait au fil des siècles. Oui mon jeune ami, avec l’arrivée du Temps… Car tous ces récits que je te conte eurent bien lieu, mais la Chimère est intemporelle et sa réalité est différente de celle que tu connais.

Ainsi Tuatha De et Korrigans vécurent ensemble et partagèrent sciences et savoir dans la joie et la bonne humeur. Les deux peuples oeuvrèrent de concert pour que le Créateur ne soit jamais déçu. Sous la férule d’Ogma qui avait pensé qu’il serait agréable de tracer chaque événement marquant l’existence pour les générations à venir, ils élaborèrent les bases de l'écriture sacrée qu'ils baptisèrent Ogharune.

20 mars 2007

5. De la faute à Morrigan

Ainsi, mon jeune ami, Balor choisit de s’isoler, car la compagnie des siens l’irritait. Il ne voulait plus avoir à sentir leurs regards emplis de compassion : cet amour sans borne le rebutait plus que tout. Le disgracieux Tuatha aimait contempler l’océan et restait souvent sur la grève balayée par le vent à rêvasser à ce qu’il pouvait y avoir au-delà de cette immensité aquatique. Il aurait aimé ressembler à Manannan et sillonner les mers pour découvrir de lointaines régions ignorées. En cela il enviait ce frère dont le royaume s’étendait à perte de vue et bien au-delà de ce qu’il est possible d’imaginer.

Morrigan à la rouge chevelure se sentait attirée par Balor. De tous les Tuatha De Danann, elle était la seule à arborer une différence qui, si elle n’était pas comparable à sa difformité, la rapprochait suffisamment de son frère pour être plus intime avec lui. Elle aimait à le rejoindre sur les rives de ce que les enfants du Créateur appelaient « le Bord du Monde ».

La complicité qui les unissait se transforma en passion. La passion se mua en amour. Cernunnos aux bois de cerf naquit de cette union. Tout comme son père, étrangement, Cernunnos était atteint d’une malformation inexplicable. Le crâne de l’enfant était orné de cornes aux ramures d’os qui le rendaient effrayant. Mi Tuatha De Danann, mi bête, le fils de Balor laissait entrevoir à sa mère un avenir où les peuples se déchireraient. Morrigan perçut ce signe comme un présage de mauvais augure. Bien que la fibre maternelle la Tuatha De à la rouge chevelure fut forte, elle ne supportait pas de voir son fils muni des attributs de l’Animalité.

Alors Enfant, la fille bien aimée du Dagda partit dans le plus grand secret au fin fond de la sylve primordiale, là même où les rayons du soleil ne venaient jamais caresser le sol. L’âme en peine, elle abandonna le fruit de ses amours avec Balor. Soucieuse de ne pas blesser le Tuatha De Danann, pour qui cet enfant était la plus grande joie de sa vie, elle lui dit que l’océan l’avait emporté.

Fou de douleur, Balor vola la plus magnifique embarcation que son frère Luchte venait d’exécuter pour le compte de Dagda. La rage au cœur, le Tuatha De s’embarqua sur les plaines de Manannan Mac Lir qu’il maudit mille fois, rendant responsable ce dernier de la disparition de son fils. Les flots qu’il aimait tant le portèrent si loin que tous les Premiers né, pour qui la raison de ses agissements restait incompréhensible, le crurent perdu à jamais.

O mon fils, le déchirement le plus cruel qui fût habitait Morrigan. La peine était née en Nemedia. Et son chant lancinant couvrit bientôt toute la terre médiane d’une brume si épaisse qu’il n’était plus possible d’y voir. Consciente que son mensonge lui avait fait perdre l’être qu’elle aimait le plus au monde, la Tuatha De sombra dans une mélancolie telle qu’elle n’avait plus goût à aucun des plaisirs qui autrefois l’enchantaient.

Diancecht fort érudit dans les arcanes de la médecine était fort attaché à sa sœur. Mettant toutes ses connaissances à contribution, il créa un philtre d’oubli pour que Morrigan ne pense plus à Balor. Le philtre n’eut pas les effets escomptés et Morrigan, dont les affres de la douleur avaient trop profondément affaibli la volonté, sombra dans le cauchemar, oubliant peu à peu toutes les joies que Nemedia procurat aux autres membres de la divine assemblée.

17 mars 2007

4. De la naissance des Tuatha De Danann (part 2)

De tous ses frères et sœurs, il se différenciait par une malformation déconcertante. Bien que sa chevelure soit de la noirceur de la nuit la plus profonde, détail singulier s’il en est, Balor n’avait qu’un œil. Cette étrangeté qui distinguait le puîné de l’ensemble des Tuatha De ne fut pas pour autant une raison pour qu’il soit ignoré des siens. Balor fut aimé et chéri par tous les Premiers nés car l’amour était la nature existentielle de cette entité multiple. Ainsi Balor à l’œil unique trouva t’il sa place parmi ceux qu’un jour les hommes nommeraient dieux.

Des douze Tuatha dont l’origine n’était qu’Un, naquirent bientôt nombre d’autres enfants. Tout comme les Primordiaux ils revêtaient la blancheur de l’aurore et arboraient les yeux du couchant. Avec le nombre, le peuple Tuatha De Danann s’égailla peu à peu et finit par se disperser sur les vastes étendues de la terre médiane.

Avides de connaissance, Les enfants du Dagda découvrirent la science de l’architecture. Epris d’une inventivité ingénieuse, les Tuatha De Danann érigèrent édifices et cités rehaussant la perfection de Nemedia. Mais, jamais aucun ne tenta de surpasser ce que le Créateur avait rêvé. Ainsi s’élevèrent les inégalables tours aériennes ceintes de murs d’airain aux innombrables frontons d’argent de Brug Na Boyne. En remerciement au Créateur et pour honorer Dagda, elle fut symboliquement édifiée là même où apparut le Tuatha.

Falias et Gorias, Murias et Findias furent ensuite édifiées. Soucieux de ne pas surcharger la création d’atours par trop merveilleux, les Tuatha De se lancèrent alors dans toutes les éruditions que leur inspirait la multitude des arcanes de ce monde éblouissant. Amoureux de la nature, curieux de chaque détail, épris de savoir et de découverte, les Premiers nés maîtrisèrent bientôt tous les domaines qu’ils avaient patiemment étudiés.

Dana éprouvait la fierté qu’une mère se doit d’avoir à l’égard de ses enfants. Dagda partageait ce sentiment. O mon fils, si tu avais pu voir à quel point les magnifiques enfants du couple divin étaient devenus savants. Chacun d’entre eux excellait dans un domaine qui lui était propre. Certains même étaient si passionnés qu’ils ne se limitèrent pas dans leurs apprentissages et acquirent le savoir de plusieurs sciences. Ce fut le cas de Lug qui devint l’égal de Dagda. Son nom devint alors « Samildarach », ce qui voulait dire le polytechnicien.

Epona décida d’égayer les vastes plaines de la terre médiane. D’une mèche de ses cheveux de la blancheur de l’aurore, elle façonna la créature de ses rêves puis l’anima d’une étincelle de vie. Ainsi mon Enfant, la Tuatha De créa la race sacrée des chevaux que ses frères et sœurs pouvaient approcher et monter pour se déplacer à la vitesse du vent.

Balor, non moins savant que ses pairs éprouvait toutefois de la jalousie à l’égard de ses frères et soeurs car ses réalisations ne suscitaient jamais tant l’intérêt de Dagda que les leurs. Il commença à s’isoler et ne se joignit plus aux autres se désintéressant progressivement de la vie communautaire.

14 mars 2007

3. De la naissance des Tuatha De Danann (part 1)

De la naissance des Tuatha De Danann (part one)

Les deux entités aussi pures que le cristal affermirent encore la puissance de ce lien qui les unissait à la terre médiane. L’intensité de l’émotion que ne faisait qu’accroître cette terre enchanteresse éveilla en eux le désir. Alors, Enfant, naquit ce que tu connais sous le nom d’Amour.

Dana inspira son père et époux, Dagda, et il lui offrit sa couche. De cette étreinte vint au monde Brigitt qui apparut sous les traits d’une jeune femme gracieuse, élancée et très grande. O, mon jeune ami, quelle beauté réside en cette créature, toute à l’image de sa mère. Brigitt possédait la grâce et la bonté, elle pourrait dispenser guérison et réconfort.

Puis vint Nuada dont les attributs étaient calme et modération, en cela il avait le profil d’un grand chef que tous respecteraient. Ogma quant à lui avait le don de l’éloquence, Diancecht celui de la jeunesse éternelle ; Goibniu, Creidne et Luchte naquirent ensemble et avaient le même don pour la création et le façonnage.

Emergeant des flots, tel une lame de fond, surgit Manannan Mac Lir. Bien plus fugace que ses frères et sœurs, le fils de Dana et Dagda avait décidé que sa résidence serait l’abîme insondable des plaines émeraude et azur de Nemedia. Enveloppé d’une parure d’écume, l’onde devint son royaume.

Vint alors la plus belle et la plus farouche des enfants. La nature sauvage de son caractère et son opiniâtreté primitive ferait d’elle l’égérie de l’esprit combatif et du non renoncement. Oui mon enfant, cette créature magnifique dont la chevelure du rouge le plus vif qui soit la distinguait des siens serait dorénavant vénérée comme Morrigan la Rouge.

Tous les enfants du Dagda et de Dana n’étaient cependant pas encore présents… Quel ne fut par l’éblouissement des premiers nés, lorsque qu’étincelant comme un rayon de soleil, Lug se présenta accompagné de sa sœur Epona. Les deux enfants rayonnaient à la façon de joyaux inimitables. Resplendissant de mille feux, ils conquirent le coeur de leurs aînés. Ainsi, mon jeune ami, les Tuatha De Danann avaient définitivement pris pied dans la réalité de la Chimère et Nemedia était parée du peuple le plus magnifique qu’il ait été donné de rêver à un être vivant.

Mais, Enfant, c’est alors que l’événement le plus imprévisible que tu puisses imaginer se produisit ! Tous les Tuatha De Danann originels semblaient être nés quand, drapé d’un voile de ténèbre, « Celui qui n’était pas attendu » fit son apparition au sein de la divine assemblée…

Difforme et monstrueux, le puîné se présenta à la mère de tous les dieux sous le nom de Balor. Si chaque enfant de la création avait bénéficié de tous les atours de la grâce et de la beauté, Balor était disgracieux et acariâtre.

11 mars 2007

2. De la naissance de Dagda

De la naissance de Dagda

Oh Enfant, sache qu’en ces périodes reculées le temps n'existait pas. Seules la magnificence des paysages et la richesse de la nature agrémentaient cette terre vierge de leur somptueuse parure. Les vents caressaient de leur souffle doux les courbes d’un relief qu’aucune beauté ne pouvait égaler. Bran, évoqua alors le premier être qu’il nomma Tuatha. Ce nom signifiait « Amour du Foyer ». Tuatha symboliserait l’attachement de Bran pour cette terre qu’il avait quittée. Il serait le lien entre sa vie passée et la Chimère.

Nemedia était un endroit où il faisait bon vivre. Tuatha dont l'essence spirituelle lui permettait de se déplacer avec le vent et ainsi de parcourir de vastes et innombrables étendues sans jamais être embarrassé par quelque obstacle qui se présente, se lança à la découverte de ces contrées de rêve. La terre médiane se révéla être un puits de bienfaits et de douceurs pour cette entité dont la curiosité insatiable se portait sur toute chose aussi anodine soit-elle. L'appétit de connaissance de Tuatha était si important que sa nature éthérée ne pouvait répondre à toutes ses attentes ni même satisfaire à son exigence de savoir. Alors, Tuatha renonça à l'immatérialité et s'éveilla sous la forme la plus adaptée à ce monde nouveau. Ses grands yeux de l'ambre le plus éclatant s'ouvrirent sur un tableau enchanteur qui le transcenda et le fascina.

Pensée était devenue matière, esprit et corps ne formaient plus qu’un, conscience était née. Tuatha issu de l’esprit du Créateur était ampli de la lucidité de son père. En cela il sut qu’il avait le pouvoir de retoucher cette sphère de la Chimère afin d’y apporter son humble savoir. Ainsi, avec sagesse, Tuatha créa Dana. Elle serait sa compagne et incarnerait la tempérance. Dana serait la force inspiratrice qui étayerait l’œuvre qu’il comptait réaliser en Nemedia. Dana serait passion et volonté, en elle brûlerait dorénavant la foi à laquelle il ferait appel pour ne jamais sombrer dans la vanité.

Pour remercier Tuatha de l’avoir engendrée à son image et pour lui avoir insufflé discernement et sérénité, Dana lui fit le don le plus précieux qui soit. Ainsi le verbe naquit et Tuatha par la magie des mots de la bouche de Dana devint Dagda, ce qui signifie « le Bon ».

Le plus magnifique joyau de la Chimère rayonnait en Nemedia. Le couple avait une allure sublime, à l’image de la création. Les deux qui n’étaient qu’Un avaient revêtu l’apparence de Bran en son honneur. Leur peau au grain si délicat et leurs cheveux semblables à une douce brume céleste avaient la pigmentation de la neige, car le blanc est le savant mélange de toutes les autres couleurs et il est symbole de pureté.

08 mars 2007

1. La légende qui naquit de la légende

A toi lecteur qui découvre Nemedia

Il y a de cela fort longtemps, tes ancêtres vivaient sur une terre pas si différente de ce qu’est à ce jour Nemedia. Aujourd’hui, pour la plupart, les hommes ont oublié ce qu’était cette époque héroïque où l’on vivait à la force de l’épée pour l’honneur de son clan. C’était un âge ou l’on mourait heureux de rejoindre ses ancêtres, en sachant que ce ne serait que le début d’une grande aventure où banquets et festins seraient sans fin, au son des harpes, avec pour compagnes éternelles des créatures de rêve… C’était l’âge d’or des Celtes, celui où les hommes marchaient encore au côté des dieux. Bran était un de ces hommes valeureux et fiers que rien n’effraie, ses frères le nommaient Bran-le-Corbeau, fils de Fébal Mac Febail.
Les voyages sur les mers fascinaient les conteurs Celtes, qui relataient d'étranges aventures dans des îles lointaines, celles notamment de l'autre monde où vivaient les dieux et les déesses et où les âmes venaient se reposer quelque temps avant de renaître à la vie. Bran fut certainement l’un des plus célèbres navigateurs de son époque. Il voyagea plus loin que quiconque et vécut des aventures si extraordinaires qu’il te semblerait impossible d’y croire. Mais juges-en par toi-même.

Un jour, une femme magnifique apparut à Bran alors qu’il observait la magnificence de l’océan. Elle lui parla de merveilles à découvrir en des contrées situées par-delà les mers, les îles de l'autre monde. Chacune d'elles était plus grande que l'Irlande et peuplée de belles femmes qui ignoraient tout de la tristesse, de la maladie et de la mort. Le bonheur, lui chanta-t-elle encore, était le lot de tous les êtres vivant dans ces contrées fabuleuses. C’était plus qu’il n’en fallait pour que Bran ne décide de partir à l’aventure. Le jour suivant, il prit la mer vers l'ouest avec trente-sept de ses hommes. Ils rencontrèrent d'abord le dieu marin Manannan Mac Lir qui conduisait son char à travers les flots. Les héros irlandais entendirent le dieu de la mer leur faire à nouveau le récit des merveilles qui les attendaient. Les flots ressemblaient déjà à une plaine couverte de fleurs, parsemée d'arbustes fleuris et d'arbres couverts de fruits. Ce même jour, le bateau de Bran parvint à l'île de Gaieté ou les hommes de l'équipage eurent du mal à rester debout tant ils riaient. Le soir, ils atteignirent l'île des Femmes, Emain Ablach. La reine de l'île cria à Bran de débarquer mais il avait peur d'approcher les côtes. Il lança alors une pelote de fil qui resta fixée à sa main et qui hissa, par magie, le bateau hors des vagues. Lorsqu'ils descendirent à terre, les héros trouvèrent des lits moelleux et des plats délicieux préparés à leur attention. Leur séjour dans cette île dura un an, c'est du moins ce qu'ils pensèrent car en réalité bien des années s'écoulèrent. Quand l'un des hommes, éprouvant le mal du pays, persuada Bran de rentrer chez eux, la reine les avertit de ne pas mettre pied à terre lorsqu'ils arriveraient en Irlande. A l'approche des côtes, Bran vit que personne ne le reconnaissait et que l'on se souvenait vaguement de lui comme d'un personnage légendaire qui avait entrepris jadis un voyage pour l'autre monde. Il allait repartir quand l'un de ses hommes, oubliant l'avertissement de la reine, sauta sur la rive. Il tomba en cendres, comme s'il était mort depuis plusieurs siècles. Bran raconte ses mésaventures et repart « on ne sait où sur l'océan infini et mystérieux ». C’est à partir de cet instant que Bran s’enfonça dans un sommeil mélancolique et qu’il se mit à rêver. C’est lors de ce rêve que Bran rencontra la Chimère...

De ce rêve naquit le monde dans lequel nous vivons. De la Chimère émergea la terre médiane, celle qui deviendrait Nemedia…