30 décembre 2005

l'ère des hommes

Demata !

En cette veille de fin d'année, j'ai envie de vous faire partager un extrait de Nemedia, les sentiers d'Avallac'h. C'est juste en finissant de le rédiger que je me suis dit qu'il était tout à fait d'actualité et correspondait à ce changement d'époque que nous vivrons tous demain. Chacun en tirera ses propres conclusions...



De la séparation des hommes.
La colère de Bran avait ébranlé la terre médiane et, même avec son départ, les éléments continuèrent de se déchaîner. Conscients qu’il n’était plus possible de résider dans leurs cités d’antan, les nobles enfants de la race des hommes se réunirent.

Nemed trônait en père vénérable ; face à lui ses fils aînés qui dorénavant étaient tous à la tête d’une branche bien distincte de son peuple. O, mon enfant, comme ils étaient magnifiques tous ces fiers seigneurs. Il y avait Badra le Secret dont on ne s’apercevait qu’il était là uniquement lorsqu’il ressentait le besoin de le faire savoir. Près de lui, Sengann à la noire épée au sang bouillonnant et à la parole incisive. Et aussi Cormac le voyageur qui avait établi son royaume au milieu des plaines de Manannan auquel il vouait une amitié sans borne. Inapprivoisable et renfrogné siégeait Slaine l’opiniâtre qu’aucune situation ne faisait revenir sur ses décisions quoiqu’il lui en coûte. Près de lui, querelleurs mais inséparables, Elcmar l’arrogant connu de tous pour sa jalousie et Conan le circonspect dont la prudence était illustre. Quelques Tuatha De Danann étaient là aussi, les premiers nés, car ils avaient encore de l’amour pour les humains même s’ils ressentaient de l’amertume. Les autres Tuatha De, plus jeunes, avaient préféré se détourner de la race maudite qu’ils considéraient comme responsable de tous les malheurs survenus.

Ainsi, l’inquiétude et l’angoisse gouvernaient cette assemblée fabuleuse dont les spectres des disparus hantaient chaque membre. Pour beaucoup, il n’était pas question de demeurer sur le territoire que la fureur de Bran avait marqué de son courroux. Le déchaînement des éléments poursuivait son œuvre destructrice en écho à ce qui semblait être une damnation sans fin. L’avis d’aller vers des cieux nouveaux en quête de contrées plus accueillantes afin de recommencer une vie nouvelle n’était pas général. Le désaccord quant aux directions que chacun voulait suivre leva le voile sur l’ambition individuelle. Les litiges opposant les enfants de Nemed virent s’étioler la magie de la fraternité et bientôt, mon enfant, la discussion fit place à des joutes verbales acerbes.

Les Premiers nés écoutaient chaque argument avec détachement, n’intervenant que judicieusement pour raisonner les propos les plus immodérés. Mais les humains habités par l’effroi, mon jeune ami, n’écoutaient que leur cœur et non la sagesse des enfants de l’aurore. Les Tuatha De Danann, bien qu’ils usaient de diplomatie, ne réussirent pas à se faire entendre. Alors chacun des fils de Nemed quitta le conseil, car aucune parole n’était à même de changer la décision que chacun avait déjà prise. Le temps de l’émancipation était venu ; le sort des hommes était écrit, leur détermination venait de le sceller. A cet instant, la terre médiane se mit à trembler encore plus fort, les cieux s’assombrirent et le tonnerre gronda avec tant de puissance que les merveilleuses cités Tuatha De Danann se disloquèrent.

Dieux et hommes, malgré le vent et la tempête, entendirent distinctement cette complainte qu’entonna Morrigan :

« Que les étoiles vous bercent,
O héros De Danann,
Nul plus jamais ne verra vos pareils.

Contemplez la terre médiane
La terre verte qui est vôtre,
Payée de votre sang et de votre vaillance
Dans une gloire mythique.

Que la paix règne en vos cieux
Et qu’elle règne sur le Sidhe,
Qui désormais sera votre exil
Car ici prend fin votre règne. »

26 décembre 2005

Solstice d'hiver

Demata !

Et oui, cette fin de mois de décembre voit Noël et les célébrations qui y sont liées embellir de sapins, de guirlandes et de bonshommes rouges à barbe blanche cette période faiche que tous les enfants attendent avec impatience. Pour les catholiques et beaucoup de peuples qui suivent des traditions proches, c'est la nativité, et bien entendu le Père Noël, Santa Claus etc. Remontons un peu le temps et projetons-nous bien des siècles en arrière...


Les peuples préhistoriques adoraient la lumière et ils avaient construit des temples qui aidaient à comprendre l'arrivée des saisons pour les premiers agriculteurs européens, les hommes du néolithique.

Dans le temple mégalithique de New grange en Irlande, la lumière du soleil ne rentre que le jour du solstice d'hiver, le 25 décembre.

De même dans le temple de Stonehenge en Angleterre, le soleil ne se lève dans une pierre percée que le 21 juin, jour du solstice d'été.

Les Celtes faisaient de grands feux aux solstices pour lutter contre les ténèbres. Ils avaient très peur de ces périodes sombres avec le jour plus court mais en même temps, ils savaient que le soleil allait réchauffer le sol et les plantes.

Au 6ème jour qui suivit le solstice d'hiver, notre 1er janvier, ils coupaient en grande cérémonie le gui sacré qui montrait que la nature revivait sur les chênes qui semblaient morts ; le druide criait alors:
"o ghel an heu!" qui signifiait "que le blé lève" et qui est devenu "Au gui , l'an neuf".



23 décembre 2005

Trois fois quatre saisons

Demata !


Je vous laisse découvrir un petit texte qui illustre le retour d’un brave au sein de son village après une longue quête. Juste l’illustration de l’humilité d’un homme après de nombreux sacrifices pour laver l’honneur des siens.

"Trois fois quatre saisons sont passées depuis mon départ de Kerroc’h des deux rivières.

Aujourd’hui je reviens après tout ce temps durant lequel je n’ai fait que mon devoir de Gaiscedach. Je rentre chez les miens, fier d’avoir mené à bien ma quête, quoi qu’il m’en ait coûté.

Sensation étrange que de fouler à nouveau le sol du territoire de mon clan. Les braves qui m’ont accueilli n’étaient que des enfants lorsque je suis parti. Beaucoup de mes frères ne sont plus là non plus, ils doivent avoir rejoint nos ancêtres dans les jardins fabuleux des dieux. Je prie Dagda et Dana de leur accorder la joie éternelle. A leur famille je ferai don d’une bonne moitié de mon butin, pour leur montrer le respect qui leur est dû, car tous ces enfants de mon Tuath étaient les frères avec qui j’avais grandi.

Le Tuath s’est agrandi, je vois que de nombreuses demeures arborent les trophées de victoires auxquelles je n’ai pas eu le bonheur de participer. Les troupeaux qui paissent l’herbe grasse de la vallée prouvent que notre village est prospère. En cela je suis heureux et à notre Druide j’irai offrir trois fois trois de mes esclaves. Car il faut encenser les Aes Dana pour que toujours ils montrent à notre peuple la voie à suivre. Car sans l’esprit de nos sages, le village ne bénéficie pas de la bonté des dieux. Car sans les dieux, les hommes ne sont rien…

Mes fils ont grandi et, bien que ma fière compagne libre n’ait cessé de leur parler de moi chaque jour, ils ont eu du mal à me reconnaître. Le poids des ans nous a marqué de ses stigmates, les rides qui sillonnent mon visage se mêlent aux cicatrices, vestige des nombreux combats que j’ai menés. Je remercie Morrigan de m’avoir protégé. Pour sa bienveillance je lui fais offrande de trois chevaux, de trois porcs et de trois lames en acier que j’ai prises à mes ennemis. O Morrigan je te vénère, ma vie est tienne.

La mine de mon chef, Kasuvalios est souriante, à la vue de mon retour. Je sais quelle joie il éprouve à me voir et quelle tristesse l’accable. Car sur neuf que nous étions, je suis le seul à être en vie. Car la mort a prélevé son tribut, huit de mes frères, courageux et plein de fougue ne reverront pas les leurs… Mais leurs familles peuvent être fières, car pour une cause juste, leur mort n’a pas été vaine.

Kasuvalios, voici la tête de ce traître que nous avons traqué toutes ces années. Voici le trophée par lequel la honte peut dorénavant quitter nos épaules. Regarde en face celui qui a violé ta fille. Voici la réparation à l’affront que tu as subi, Ô mon chef.

Maintenant que ma quête a été accomplie, je te laisse, je retourne à mes champs. Car le temps de la vengeance est pour moi fini. Car la terre a besoin de mon amour, pour qu’enfin je puisse à nouveau l’ensemencer et nourrir les miens. En cela je vénère tous nos dieux et je remercie Dana."

16 décembre 2005

La réalité Celtique de Nemedia dans la chimère

Demata !

Il est vrai que souvent lorsque je parle de Nemedia, je fais référence à la Chimère. Une petite explication s'impose.

Si j'ai choisi pour appellation "Jeu Chimérique Celtique", c'est que je voulais différencier le genre de celui très répandu qu'est le médiéval fantastique. Ce n'est pas que je n'aime pas ce style, bien au contraire, mais il est important de distinguer ce qui n'est pas semblable !

Nemedia peut être traduit (c'est même un anagramme) par Terre médiane, terre du rêve. Pourquoi ? Tout simplement car cet univers a pris pied dans une réalité onirique, dans le songe du Créateur. Il est donc normal que ce soit un univers alternatif qui ne colle pas à la réalité historique. Il s'en inspire, mais comme tout rêve, il subit des changements que l'on ne peut expliquer, des altérations dont la logique n'est vraisemblablement pas la notre, mais qui sont régies par les lois de la Chimère.

Nemedia est loin d'être un jeu historique, déjà car ce n'est pas un créneau qui m'intéressait en tant qu'auteur, d'autres sont bien plus à même de faire correctement ce qui m'aurait vite fatigué.





Même si mes inspirations sont pour beaucoup basées sur les légendes celtiques, c'est indéniable, le véritable esprit Nemediant est plus proche de l'épopée de sword & sorcery sombre, violente et barbare. L'homme est un prédateur pour l'homme, les créatures et les forces mystiques sont terrifiantes.




Mais pour en revenir à la chimère, je vous livre ici le début d'un des textes de la version nouvelle qui devrait vous en dire un peu plus...


Bien entendu, tu sais ce qu’est un rêve ? Oui, j’imagine, car tout le monde fait des songes… Lorsque nous rêvons, notre esprit quitte son enveloppe corporelle et voyage à travers des sphères aussi nombreuses que variées. Chacune de ces sphères est en fait une réalité qu’une personne a créée avec ses souvenirs, ses joies, envies, fantasmes et peines. La Chimère est l’ensemble de ces réalités. Je suis une partie de la Chimère ; c’est elle qui m’a insufflé l’infime parcelle de magie nécessaire à te trouver et te conduire en ces lieux. Avant toute chose, n’oublie jamais que la Chimère est l’essence de toute entité en ce monde. Bien qu’elle existe, Nemedia n’est toutefois qu’un songe parmi tant d’autre, il peut être amené à disparaître à tout moment si nous n’y prenons pas garde. Maintenant que je t’ai donné quelques notions fondamentales sur la réalité de ce rêve, je vais te présenter celui que tous nomment ici le Créateur. Laisse-moi te présenter Bran, celui sans qui ce monde n’existerait pas.

Il y a de cela fort longtemps, tes ancêtres vivaient sur une terre pas si différente de ce qu’est à ce jour Nemedia. Aujourd’hui, pour la plupart, vous avez oublié ce qu’était cette époque héroïque où l’on vivait à la force de l’épée pour l’honneur de son clan. C’était un âge ou l’on mourait heureux de rejoindre ses ancêtres, en sachant que ce ne serait que le début d’une grande aventure où banquets et festins seraient sans fin, au son des harpes, avec pour compagnes éternelles des créatures de rêve… C’était l’âge d’or des Celtes, celui où les hommes marchaient encore au côté des dieux. Bran était un de ces hommes valeureux et fiers que rien n’effraie, ses frères le nommaient Bran-le-Corbeau, fils de Fébal Mac Febail. Les voyages sur les mers fascinaient les conteurs Celtes, qui relataient d'étranges aventures dans des îles lointaines, celles notamment de l'autre monde où vivaient les dieux et les déesses et où les âmes venaient se reposer quelque temps avant de renaître à la vie. Bran fut certainement l’un des plus célèbres navigateurs de son époque. Il voyagea plus loin que quiconque et vécut des aventures si extraordinaires qu’il te semblerait impossible d’y croire. Mais juges-en par toi-même. Un jour, une femme magnifique apparut à Bran alors qu’il observait la magnificence de l’océan. Elle lui parla de merveilles à découvrir en des contrées situées par-delà les mers, les îles de l'autre monde. Chacune d'elles était plus grande que l'Irlande et peuplée de belles femmes qui ignoraient tout de la tristesse, de la maladie et de la mort. Le bonheur, lui chanta-t-elle encore, était le lot de tous les êtres vivant dans ces contrées fabuleuses. C’était plus qu’il n’en fallait pour que Bran ne décide de partir à l’aventure...

09 décembre 2005

Fidélité absolue

Demata !

Nemedia est une terre où bien des peuples se cottoient. Les êtres s'aiment, se déchirent se battent et meurent pour leurs convictions. Les Elcmarians ne dérogent pas à cette règle. Je vous laisse découvrir le récit qui suit...


Fidélité absolue

Un vent doux et régulier évaporait les vapeurs méphitiques du champ de bataille. Plusieurs centaines de corps étaient emmêlés dans une accolade fraternelle morbide. Dernier contact physique avant le départ de leurs esprits pour les contrées joyeuses du festin éternel, près de leurs ancêtres. L’herbe de la plaine avait pris une teinte purpurine que le soleil viendrait roussir de ses rayons jour après jour. Les charognards eux, nettoieraient les carcasses de ce qui avait autrefois été de fiers combattants. Ils ne laisseraient que des os blanchis, une forêt de membres décharnés et dressés dans d’improbables postures. Empilement d’armes brisées, de pièces d’armures rouillant avec les caprices du temps, de crânes grimaçants et obscènes, personne n’y songerait plus avec la bataille suivante.

Horaxos de Tyros détourna son regard de ce macabre paysage. Il inspira une bouffée d’air et se concentra sur la cohorte sans fin des guerriers Elcmarians qui prenait le chemin du ponant. Là bas aurait lieu la prochaine confrontation. Là bas d’autres braves mourraient, d’autres lâches fuiraient… Beaucoup de ses hommes périraient encore. L’officier impérial soupira, puis se dirigeant vers sa monture ajusta son manteau sur ses épaules, pris de frissons. L’Otarque Medox d’Ouranos l’attendait patiemment, juché sur son cheval, le torse bombé comme en ont l’habitude tous les servants d’Elcmar ; dédaigneux et conquérants. Raffermissant son assise sur sa selle, il cracha sur un corps démantibulé, près des pieds de son cheval.

- Ces chiens de Northlanders se battent comme des damnés. L’Empereur sera satisfait de savoir que ses légions ont encore vaincu. Tu peux être fier de ta promotion Horaxos, tu honores la confiance dont on t'a gratifié. Bientôt tu seras à la tête d'une légion d'Arpenteurs, si la victoire te sourit… Encore.

- Je sais cela Medox, j'en suis bien conscient. Mais j'en ai assez, je suis las de ces tueries. J'ai quitté Elcmar depuis trop longtemps… Il me tarde de rentrer chez nous et de retrouver ma compagne, de serrer dans mes bras nos enfants. L'Otarque soupira, longuement, sans se soucier du regard inquisiteur de son ami.

- N'es-tu pas fier de notre vague de conquêtes ? Les hurlements d'agonie de ces barbares ne t'emplissent ils pas de joie, lorsque nous les écorchons ? As-tu perdu la foi en notre mission ? Souffla froidement Medox les yeux étrangement plissés.

- Que veux-tu que je réponde à cela ? Bien sur que je suis fier mais…

- Mais quoi ?

- As-tu vu quel courage anime ceux que tu nommes barbares, quand à cinquante ils luttent jusqu'à la mort alors que nous sommes dix fois plus ? Même leurs femmes prennent les armes et se jettent sur nos lances en riant de nous. Quelle bravoure, quelle fierté… Quel courage, je les admire. Ils honorent des dieux oubliés, se battent nus et jamais ne renoncent…

- C'est bien en cela que ce sont des barbares, coupa net Medox offusqué des paroles de son compagnon. L'Empereur a ordonné que nous écrasions toute trace de rébellion en ces territoires sauvages, sois au moins à la hauteur de cette tâche plutôt que d'admirer ces animaux !

- Certainement Medox, certainement, tu dois avoir raison. Mais et si l'Empereur se trompait…Un corbeau croassa longuement, comme pour souligner des dernières paroles de l'officier Elcmarian. L'écho de son chant lugubre se répercuta un moment le long des parois rocheuses du défilé dans laquelle la cohorte s'était engagée. Presque un rire moqueur ampli de sarcasme et d'ironie. Plus puissant que le cliquetis des cuirasses et des armes s'entrechoquant. Plus fort que le pas cadencé des guerriers fatigués d'Elcmar.

- Comment…Ecoute, nous sommes amis de longue date, nous avons affronté de nombreux périls tout au long de ces années. Tu sais que je donnerai ma vie pour l'Empire. Tu sais à quel point tu peux compter sur moi.

- Oui mon frère, je le sais, lâcha Horaxos, le regard encore plus sombre. Je te suis reconnaissant de cette amitié et grâce à toi jamais je ne manquerai… L'Otarque ne put finir sa phrase, le glaive de son ami avait jailli dans un éclair d'acier. Froid et impitoyable. Tranchant et aveugle. La tête d'Horaxos se décolla de son tronc, dans une gerbe de sang qui éclaboussa sa monture pas même inquiétée de ce qui se passait. Indifférente à la folie des hommes…

Le corbeau croassa à nouveau. D'autres lui répondirent, puis ils s'envolèrent vers le ponant, messagers de Morrigan allant annoncer l'arrivée d'une armée. Apporter la nouvelle d'un combat dont peu leur importait le résultat… Le festin serait le même. La chair n'a pas de goût sur un champ de bataille.

- En effet Horaxos, je sais que tu ne manqueras jamais à ton devoir, j'étais là pour m'en charger. Medox essuya sa lame purpurine sur le manteau de son ami, puis il appela un légionnaire.

- Gaeldit, ramasse la tête de ce chien. Apporte-la à notre Empereur tout puissant et dis lui que le traître est mort. Va soldat, que ni fatigue, ni ennemi ni tempête ne t'arrêtent ! Sois fidèle à l'Empire. Puis quand tu seras chez nous, va chez Horaxos. Vends ses enfants sur le marché aux esclaves. Ecarte les cuisses de sa femme et amuse-toi, car dorénavant elle est mon esclave et sa demeure est mienne. J'attends de toi une fidélité absolue…

02 décembre 2005

Le sanglier animal sacré

Demata !


Les celtes ont déifié nombre d'animaux pour leurs caractéristiques évidentes. Les bêtes constituent un des thèmes majeurs dans l'art, mais aussi dans les récits fabuleux. Il convient de rappeler que la symbolique celtique est assez développée et que chaque animal n'a pas été choisi au hasard. La chasse à la biche, dans la tradition mystique des Celtes, symbolise la poursuite de la sagesse par exemple... Une fois encore les Aes Dana ont mis en avant la profondeur de leur sage ingéniosité et par le biais de petites histoires distillent un enseignement particulier. Sans entrer dans le détail nous pouvons citer quelques animaux important dans l'emblématique celte. L'ours symbolise la fonction royale, le corbeau est l'animal de Lug... Le cygne, ou l'oiseau en général, est le messager de l'Autre-Monde, le cheval est magicien, etc. Le sanglier quant à lui symbolise la fonction sacerdotale.

Il est le symbole de la combativité et de l'invincibilité, mais aussi celui de la classe sacerdotale (pouvoir spirituel). Il représente le prolongement de Lug sur la terre. Il possède la connaissance, c'est pour cette raison que les rois et héros des textes légendaires celtiques cherchent à le capturer. En Gaule, on ne part jamais à la chasse au sanglier sans avoir au préalable consulté les puissances surnaturelles.

Comme le Druide, il est en rapport avec la forêt. il se nourrit du gland du chêne et la laie, symboliquement entourée de ses neuf marcassins, fouit la terre au pied du pommier, arbre d'immortalité.

Dans Nemedia
Il semblait normal que j'incorpore d'une manière personnelle le sanglier dans les terres Nemediantes. C'est ainsi que partant d'une légende Galloise, j'ai défini quel serait la symbolique de la créature fabuleuse dans mon univers et je me suis laissé aller à le décrire de la façon dont je le désirai vraiment. Je vous le livre ici.

Twhyth le sanglier géant albinos

Blanc comme la neige, deux gigantesques défenses jaunes comme le soleil, tranchantes comme le bien-jugé et aiguisées comme sa droiture, Twhyth darde de ses yeux rouges sanguins tous ceux qu’il toise de sa taille gigantesque, du regard impitoyable de la justice. Monstrueux comme un Fenris et puissant comme un Elobuk, le sanglier albinos est l’une des créatures fabuleuses les plus étranges de tout Nemedia. Aussi impressionnant soit-il, ce gigantesque porc sauvage n’est pas une menace pour les personnes bien intentionnées. Bien au contraire, l’animal sacré est plutôt le cauchemar vivant de ceux qui abusent de la déloyauté et n’oeuvrent que dans un but de malveillance et de persécution. Twhyth n’intervient que rarement dans les affaires des hommes, préférant de loin vagabonder dans les vastes forêts de l’Eld monde où il demeure habituellement et se prélasse auprès des membres du Tuathan. Redoutable dans ses charges, Twhyth peut à lui seul renverser cinquante hommes et détruire une bâtisse par ses coups de boutoir qui font vibrer le sol à la façon d’un tremblement de terre. Son souffle est si puissant qu’il couche les arbres et fait voler les pierres comme une nuée de grêlons. On le dit si vorace de corruption qu’il peut avaler un homme mauvais et malintentionné sans même se rendre compte. Animal de compagnie du Dagda, le sanglier albinos et aussi un des plus fidèles compagnons de Cernunnos avec qui il aime discuter au cœur de la sylve primordiale pendant des saisons entières. Twhyth n’est en fait qu’une des nombreuses incarnations de Myrdhin dans son rôle de justicier divin. Etre fabuleux s’il en est, il peut prendre l’apparence d’un gigantesque corbeau blanc qui se matérialise pour tourmenter les individus qui dispensent leur fiel par des moqueries dont la conséquence est préjudiciable aux braves gens. Sous sa forme de corbeau, il adore venir planter des coups de bec dans le crâne des détracteurs et personnes venimeuses. Twhyth peut également intervenir par le biais d’une mystérieuse voix caverneuse surgie de nulle part qui résonne comme l’écho d’une avalanche le long des flancs montagneux. Cette voix met en porte à faux et publiquement les menteurs et les médisants en posant des questions dont les réponses ne visent qu’à démasquer ces derniers aux yeux de tous.


28 novembre 2005

Jim Fitzpatrick (2ème partie : Nuada au bras d'argent)


Demata !

Je vous avais présenté Jim Fitzpatrick, lors d'un article précédent, en vous parlant du "livre des conquêtes". Il s'agissait du premier volume illustré que l'artiste avait réalisé sur les textes mythologiques irlandais. Dans le second livre, une nouvelle fois, Jim Fitzpatrick imprime de son talent les anciens récits mythiques, afin de faire découvrir au lecteur un passé glorieux dont l'héroïsme, le courage et la fierté celte avivent chaque page d'un souffle épique.

" Les cités d'or que j'ai tant aimées gisent sous de gris océans au pied des tours rutilantes de Hy-Brasyl, paradis céleste et terrestre où hommes et dieux vivaient en harmonie avec les bêtes des bois et des montagnes sauvages. C'était un temps de moisson et de renouveau mêlés, un temps de fleurs et de fruits à la même branche. C'était un temps de gestes gracieux et généreux, de regards souriants, de lèvres parlant d'amour sans honte, de bravoure sans carnage."

Ainsi commence le second livre intitulé à l'origine "le guerrier d'argent" qui en fait sera publié sous "Nuada au bras d'argent".

C'est Tuan, l'Ancien Blanc, autrefois chef de la tribu des Cessair, tous premiers hommes à peupler Erin la Verte, Tuan, homme de sagesse et de renom, qui une fois encore est le narrateur du récit. Ainsi explique t'il comment la loi des dieux interdisait à Nuada de régner, car privé de son bras lors de la bataille de Moy Tura, il ne disposait plus d'un corps entier. Il fut alors nécessaire de choisir un nouveau chef parmi les Tuatha De Danann. Nombreux sont les valeureux héros qui auraient pu remplir cette fonction, mais il advint que les femmes séduites par la prestance de Breas le Beau convainquirent les hommes de l'élire. Elles expliquèrent que le sang des Formoirés qui coulait dans ses veines renforcerait le pacte déjà scellé par le mariage de Cian, fils de Diancecht le Guérisseur et d'Eithne, la propre fille de Balor. Ainsi disaient-elles, les Tuatha De n'auraient plus jamais à craindre les Formoirés, leurs ennemis héréditaires et le seigneur sorcier Balor à l'oeil mauvais. La paix qui s'ensuivrait leur permettrait une alliance avec les Fir Bolg pour ensuite régner sereinement sur Erin...

Mais la beauté de Breas n'était qu'un leurre masquant sa duplicité. Le malheur des Tuatha ne faisait que commencer et peu à peu la noirceur de l'âme de Breas se dévoila...


Tout comme le "Livre des Conquêtes", "Nuada au bras d'argent" se divise en sept parties.


-Les métamorphoses de Tuan
-Le règne de Breas
-La restauration de Nuada au bras d'argent
-La venue de l'Il-Dana
-Le chemin du gourdin de Dagda
-Les invasions des Formoirés
-La fin de la seconde Bataille de Moy Tura


"Le nombre des morts de la bataille de Moy Tura restera inconnu tant qu'on ne saura pas compter les étoiles du ciel qui nous domine ou les flocons de la neige d'hiver ou les brins d'herbe sous nos pieds ou les chevaux de Manannan dans la tempête des flots"
Ceci est leur histoire et la mienne.
Je suis Tuan
Je suis Légende
Je suis mémoire faite mythe.

19 novembre 2005

L'esprit de la magie

Demata !


Aujourd'hui, je vais traiter succintement de la magie en Nemedia. Les Légendes et les récits héroïques tirés des différents cycles Irlandais nous démontrent que la magie était coutumière chez les Celtes. Il n'est pas rare de voir des duels entre maîtres de l'art qui tour à tour se transforment en animaux puis en créatures fabuleuses. Qui n'a pas entendu parler de Myrdhin, plus communément appelé Merlin ? Son nom en vieux celtique est Moridunon, qui signifie forteresse de la mer et exprime la puissance de l'enchanteur sur les eaux primordiales. Il connait toutes les langues y compris le langage des animaux. Sorte de druide Shaman réactualisant l'âge d'or, il rappelle les souvenirs des temps anciens où hommes et bêtes se comprenaient.

Mais les aptitudes magiques sont fréquentes et nombreuses. Les Tuatha De Danaan ont tous des pouvoirs fantastiques qui leur permettent d'invoquer brumes magiques ou ramener la santé aux moribonds pour repartir sans cesse au combat après avoir été baignés dans un puits magique. Que dire du manteau d'invisibilité, des armes magiques qui ne loupent jamais leur cible ou encore des malédictions ou alors du spasme de furie de Cuchulainn ?

Le chant d'un barde dit "J'ai reçu les dons qui ne s'apportent qu'aux porteurs de l'Anaon [...]Les Aïeux m'on légué, transmis du fond des âges, les secrets arrachés, autrefois aux Géants".

Ainsi m'est venue l'idée de la magie pour Nemedia. Je ne voulais pas de ce que l'on retrouve dans tous les jeux habituellement. Il fallait quelque chose de différent et dont la nature ne pouvait être que lié à la tradition magique des Celtes. Après avoir compulsé de nombreux récits et documents, j'avais noté trois principes qui revenaient sous de nombreuxes variantes. J'avais la base dont découlerait tout le reste...

L’Anaon, les Tenenan et les Principes
Qu’est ce que l’Anaon ?
L’Anaon est une puissance thaumaturgique issue de la Source de Nemedia à laquelle se sont associées les âmes des guerriers que les trois Tenenan originels avaient investis dans leur lutte contre l’Ombre. L’Anaon est une part de l’âme du Créateur mêlée à la conscience des preux qui luttèrent pour que leur terre ne de-vienne pas le jardin de Tanavenn. L’Anaon est entités et pouvoir, âmes et Principes.

Que sont les Tenenan ?
A l’origine, les Tenenan sont des entités mystiques auxquelles le Créateur donna la vie pour que la Source qui n’était autre que le sang de Nemedia, le reflet de son âme, ne soit jamais pervertie d’aucune manière que ce soit. Lorsque l’Ombre commença à se développer et la sinistre menace de Tanavenn à devenir in-quiétante, trois des Tenenan décidèrent de s’incarner pour contrer le fléau. Entités d’énergie pure, les trois êtres ne purent trouver de réceptacle à même de les accueillir tant leur intensité était incommensurable. Ils se scindèrent alors en Principes qui en investissant le corps de certains élus leur concéderaient des facultés extraordinaires dans le but de faire refluer l’Ombre.

Quels sont les Principes ?
Les Principes, à l’image de leurs initiateurs sont au nombre de trois.

Le Principe de la Pensée permet l’ouverture d’esprit. Il favorise l’utilisation d’une conscience autre et permet à l’hôte d’accéder à une dimension de réalité différente de celle qu’ont les êtres vivants en général.

Le Principe de la Parole donne aux mots leur puissance réelle. La force du Tenenan donne une ampleur su-périeure aux mots et à la portée qu’ils peuvent avoir sur ceux qui les entendent. La Parole utilise des vibra-tions qui modifient la sonorité des syllabes et permet d’influencer le comportement ou les actes d’autrui car elle impose l’intérêt, le respect ou la crainte.

Le Principe du Geste apporte une confiance et un savoir-faire dans la manipulation, le mouvement. Il permet l’acceptation et l'usage développé des possibilités qu’offre la morphologie de l’hôte et peut modifier la phy-siologie du Nagir lorsque la symbiose est parfaite.

Chaque Principe que je viens de vous définir est source de nombreux pouvoirs, des capacités effrayantes dont les applications sont variées et peuvent se combiner sous les formes les plus diverses. Mais cela vous le découvrirez par vous même.

11 novembre 2005

l'appel de l'aventure

Demata !

Quelque fois, la vie quotidienne est d'un tel ennui que la moindre occasion est valable pour fuir ce qu'on ne connait que trop. L'appel de l'aventure soufla aux oreilles du jeune Sengann d'une façon bien étrange, mais je vous laisse plutôt juger par vous même...

"Sengann alla nourrir les bestiaux comme son père le lui avait demandé. Il donna un coup de pied dans le groin de l’un des cochons qui se montrait trop agressif et s’assit rêveur sur la barrière à les regarder se rouler dans la fange. La nuit tombait et avec elle arrivait un vent froid qui annonçait la neige pour bientôt. Il se retourna attiré par le bruit d’une caravane de marchands qui arrivait du Northland où ils étaient allés négocier peaux, fourrures, alcool et armes en acier d’une qualité supérieure à celle que forgeaient les Cornics. Ils passeraient la nuit à Vigdaül dans la Maison des voyageurs en échange de sel et de quelques babioles puis repartiraient aux aurores pour regagner Ménémarzin où toutes ces marchandises seraient écoulées en peu de temps à des tarifs exorbitants. Sengann sauta prestement de son perchoir et se dirigea en courant vers les nouveaux arrivants ; il aimait écouter les histoires que racontaient les étrangers, elles le laissaient rêveur et lui donnaient l’impression que le monde était si vaste et si merveilleux qu’il n’attendait plus que lui. Le garçon fit le tour de la caravane inspectant chaque bête et son chargement, puis il observait les Gaiscedachs et les négociants dont tous n’étaient pas Cornics. Il reconnut des Northlanders de diverses tribus identifiables aux couleurs chatoyantes de leurs tartans et à leurs longues barbes tressées. Il ne put s’empêcher de loucher sur les nombreux et sinueux motifs entrelacés encrés qui couvraient leur épiderme, ainsi que sur leur armement effrayant, autant par la taille que par les motifs que chacun d’entre eux avaient gravé en prière à ses dieux sur les fourreaux. Il vit même des Sigoles, de petits guerriers aux yeux bridés tout vêtus de peaux ; tous avaient le visage scarifiés et les cheveux attachés en chignon sur le haut du crâne ; Sengann avait du mal à les différencier les uns des autres si ce n’est par les motifs en os et en ivoire avec lesquelles ils agrémentaient leurs tenues.

La curiosité du jeune Cornic poussa ses pas vers les négociants étrangers ; vers ce soupçon d’aventure qui recouvrait chacun de leurs visages. En tournant autour de la caravane, Sengann rêvassait ; il ne vit pas la masse imposante d’un Gaiscedach Northlander qu’il percuta de plein fouet et se retrouva couché sur le dos les yeux remplis de petites taches lumineuses.
– Eh bien enfant on ne t’a jamais appris à regarder où tu mettais les pieds ? Es-tu aveugle ? La voix du Northlander était tonitruante et moqueuse et plusieurs guerriers de l’escorte de la caravane se mirent à rire de bon cœur.
Sengann se sentit humilié mais il accepta de bonne grâce le bras tatoué que lui tendit le guerrier afin de l’aider à se relever. Il marmonna quelques mots de remerciement et leva la tête pour tenter de voir dans la semi obscurité de la nuit tombante le visage de celui qu’il avait bousculé. Il poussa un cri de stupeur et retomba en arrière de surprise. Une fois de plus tous les guerriers éclatèrent franchement de rire, le Gaiscedach du Northland le premier. Sengann avait été surpris et à la fois un peu effrayé il faut le dire à la vision du visage de son interlocuteur. Outre les nattes tressées et garnies d’anneaux d’argent, la peau de la moitié du visage du guerrier était marquée de symboles et d’entrelacs noirs et bleutés lui donnant un aspect démoniaque ; ce que l’imposante hache noire qu’il portait au côté ne faisait qu’accentuer.
– Allons lève–toi, tu ne vas pas dormir ici tout de même ? Tu as bien un abri et une famille qui t’attendent ?
Sans réfléchir Sengann répliqua :
– Non Seigneur Guerrier je suis… Je suis seul et… Et je comptais vous demander si… Si je ne pourrais pas vous accompagner à Ménémarzin pour trouver du travail, ou même vous proposer mes services, je suis fort et je mange peu, je sais faire toutes sortes de choses.
– Tu m’as l’air bien brave mais que veux tu que je te confie comme travail, tu serais plus un fardeau pour nous qu’un…
– Mais je sais chanter et jongler, je connais les Douze récits de la Moy Tura, j’ai suivi l’enseignement des Aes Dana, je pourrais faire à manger, nourrir vos montures…
– Bien, bien, nous allons voir ça tu vas devoir faire tes preuves ce soir même après je déciderai.
Sengann sentait son cœur battre la chamade, si son stratagème fonctionnait il quitterait Vigdaül aux aurores avec la Caravane et deux jours après il serait à Ménémarzin ; il pourrait enfin voir des Tuatha De Dananns…
– Je reviens, je vais vous chercher de la bière et du vin et, et du bois pour faire bouillir vos marmites.
Aussitôt dit, aussitôt fait, Sengann s’enfonça dans l’obscurité de la nuit et revint les bras chargés de petit bois et de bûchettes. Quelques instants après il repartit et revint avec deux tonnelets sous chaque bras. Il pénétra dans la maison des voyageurs et y alluma un feu dans la fosse prévue à cet effet. Quelques temps après les marmites bouillonnaient, les bêtes avaient été conduites dans un enclos prévu à cet effet et Sengann tout fier commençait à conter l’un des Douze récits de la Moy Tura devant une assemblée attentive qui buvait avec bonheur les nectars que le jeune Cornic leur avait apporté autant que ses paroles enchanteresses. Ce soir, la fraîcheur nocturne se fit moins ressentir et tous se délassèrent au point que personne ne mit longtemps à s’endormir.



Le soleil s’était levé depuis un bon quart d’heure lorsque Sengann ouvrit les yeux. Il avait mal à la tête et se rappelait avoir bu plus que de raison avec les guerriers de l’escorte de la caravane. Repensant à la veille, il se leva d’un bond ; tous étaient partis, seul un poignard en ivoire à la fusée finement entrelacée de lanières de cuir et au pommeau en acier était planté dans le sol près de l’endroit où il avait dormi. Il ramassa l’arme puis l’examina. C’était du bel ouvrage, une arme bien équilibrée dont la longue lame en ivoire tranchait comme le meilleur acier qui lui avait été donné de voir. En outre c’était un précieux don, le coût d’une telle arme devait être exorbitant. Sengann la glissa dans sa ceinture. Aussitôt il s’empressa de courir à l’extérieur puis sans faire de bruit se faufila dans la demeure familiale et prépara à la hâte une besace dans laquelle il entassa tout ce qui pouvait lui sembler utile pour le périple qu’il envisageait. Il était bien décidé par un moyen ou un autre à rattraper la caravane et Arzhul le Gaiscedach au visage tatoué. Après s’être emparé de la veste de cuir que sa mère lui avait patiemment confectionné durant de longues semaines il ressortit sans le moindre bruit et se dirigea vers l’enclos des Finkhs, il lui fallait à tout pris une monture rapide ; il savait qu’il se rendrait coupable d’un vol aux vu des codes de son Tuath mais il savait aussi qu’il reviendrait un jour payer sa dette..."

31 octobre 2005

Samain, le passage

Demata !

En ce 31 octobre, quoi de plus normal que de traiter de Samain, l’une des principales fêtes celtiques, si ce n’est la plus importante, dont la résurgence sous le nom d’halloween montre à quel point les traditions celtiques païennes sont restées ancrées dans notre société moderne.

Le culte des morts est aussi ancien que la race humaine. Les Celtes envisageaient la mort non comme une dissolution de l'être, mais comme un simple changement d'existence. « Les druides, raconte César, veulent surtout persuader que les âmes ne meurent point, mais que des uns elles passent à d'autres après la mort ; ils pensent que c'est par cette croyance que principalement on excite le courage en ôtant aux hommes la crainte de la mort »

Mais Samain c’est la « réunion », le moment où le monde des vivants s’ouvre à celui des morts ou au Sidhe, l’eld monde, contrée des dieux, celui où le passage est possible. Samain est la nuit qui symbolise la frontière de l’année passée avec le premier jour de la nouvelle année. Samain marque le début de la période sombre, l’hiver où les jours raccourcissent. La fête est marquée par de grands festins imitant ceux des dieux où l’on ne manque de rien et à l’image des banquets éternels qui attendent les braves après la mort. Elle dure une semaine pleine, trois jours avant, et trois jours après. La mort n’est pas une finalité, il ne faut pas en être effrayé.

"Toujours jeune, toujours beau, couronné de fleurs, le guerrier celte passait ses jours, entouré de femmes magnifiques, dans de longs festins où la bière ne cessait de couler et où la viande de porc ne manquait pas. Jamais il ne s'élevait de contestations pour savoir à qui devait revenir le meilleur morceau. Les combats étaient au nombre des plaisirs du peuple des morts ; les guerriers étaient armés d'armes éclatantes ; ils brillaient de l'éclat de la jeunesse ; les batailles étaient plus acharnées et plus terribles que chez les vivants et des fleuves de sang coulaient dans la Grande Plaine. Ainsi le Celte retrouvait dans l'autre vie tout ce qu'il avait aimé sur la terre, la musique, la bonne chère et la guerre."

La littérature irlandaise relate le passage de héros illustres dans le Sidhe, il s’effectue généralement à bord d’une barque qui les conduit par delà les mers, généralement sur des îles à l’image de ce qu’est le paradis pour les celtes. On apercevait une grande tour transparente aux contours indécis ; dans les ouvertures des créneaux apparaissaient des formes qui ressemblaient à des hommes. Au delà de la tour s'étendaient des plaines fertiles plantées d'arbres étranges. Quelques-uns avaient des branches d'argent auxquelles pendaient des pommes d'or. Quand on heurtait ces pommes les unes contre les autres, elles produisaient un son si harmonieux qu'on ne pouvait l'entendre sans oublier tous ses maux. Au pied des arbres coulaient des ruisseaux de vin et d'hydromel. La pluie qui rafraîchissait la terre était de bière. Les porcs qui paissaient dans la plaine renaissaient, une fois mangés, pour de nouveaux festins. Partout une agréable musique flattait l'oreille et ravissait l'âme par ses douces mélodies.


Le cérémonial de Samain vise aussi à honorer les Ancêtres et à établir un contact avec les disparus, considérés comme source de conseil, de sagesse et d’inspiration, car pour la traversée de la période obscure qui s'annonce, il nous faudra une lumière qui éclaire nos pas. C'est pourquoi, à cette période où la Porte est ouverte, nous pouvons solliciter d'être guidés par des Ames supérieures.

Alors ce soir en vous enivrant et en dansant, déguisés en monstres et autres revenants, songez-y…

26 octobre 2005

Le forgeron, être mystique


Demata !

Le forgeron est un personnage incontournable de la société celtique. Bien souvent il est considéré comme un être aux pouvoirs magiques qui détient ses secrets des dieux. Il est craint et respecté et c'est bien normal car c'est un des personnage centraux de la vie quotidienne. Sans le forgeron, pas d'arme pour les guerriers, pas de serpe ni de chaudron pour les Druides, pas de clous ni d'outils pour les charpentiers, pas de soc pour les charrues, pas de fibule pour retenir les manteaux ni de torque pour le cou des braves.

Le forgeron fait partie de la classe productrice et là on voit la relation de dépendance qui existe avec celle des guerriers et bien entendu celle des Druides, la classe sacerdotale. C'est un individu au rôle si important qu'il a dans la mythologie Irlandaise un dieu pour représenter son caractère quasi divin. Il s'agit de Goibniu, qui n'est autre que le fils de Dana elle-même. Symbolique intéressante si l'on considère que la déesse primordiale représente la terre et le forgeron celui qui transforme le minerai en métal dont on fait armes et outils mais aussi ustensiles en tous genre.

Dieu Forgeron des Tuatha De Danaan et Chef des artisans métallurgistes, il est responsable de la fabrication des armes magiques pour les dieux, les héros et les druides. Grâce à son marteau magique, il peut fabriquer une épée ou un javelot parfait en trois coups. Lors de la « Deuxième bataille de Mag Tured », il est blessé par la lance de Ruadan(Dans la mythologie celtique irlandaise, Ruadan est le fils de la déesse Brigit et du roi Bres , il est donc également apparenté aux dieux des Tuatha De Danaan... ) , fils de Brigit et du Formoiré (Dans la mythologie celtique irlandaise , les Formoires sont des êtres inhumains et maléfiques.) Bres , mais un bain dans la Fontaine de Santé le guérit. Là on note que Ruadan avait été envoyé par les Formoirés pour espionner l'art ô combien mystique et les secrets de sa forge et de son armurerie. Ses frères sont Credne le bronzier, là aussi au niveau de cette fraternité on perçoit le lien unissant les deux activités, et Luchte le charpentier, idem.

Il est aussi, dans le Sidh, c'est-à-dire l’Autre Monde celtique, le brasseur de la bière et le serviteur des autres dieux au Festin d’Immortalité, le fled Goibnenn. Comment retraduire cette relation avec l'immortalité dont il est fait mention ? Peut-être est-ce dû au fait que le métal est forgé dans la sueur et la douleur, le sang étant mêlé au métal lorsqu'il est travaillé, l'âme de l'artisan est liée à l'arme. L'arme étant utilisée pour ôter des vies, le lien entre l'être mystique qui l'a conçue et la victoire associée à la qualité de l'arme et à la fureur guerrière n'est pas difficile à établir. L'équivalent gallois de Goibniu est Gofannon, son nom signifie forgeron.

20 octobre 2005

Nemedia le retour !

Demata !

Voilà, la seconde édition des Ballades Oniriques est finie. Bilan très positif si l'on prend en compte que durant le même week end avait lieu à Paris le Monde du Jeu et que malgré ce doublet, nous avons reçu la visite de plus du double de rôlistes que l'année dernière.

Bilan positif encore si l'on regarde un instant les prises de contacts qui se sont faites entre auteurs, illustrateurs, associations, créateurs de jeux de rôles et éditeurs qui étaient présents.

Niveau initiation au jeu de rôles, pas de problème non plus, les tables ont été assaillies et malgré l'entrain et la bonne volonté des six meneurs officiant, plusieurs autres tables auraient été nécessaires. La nuit du jeu de rôles aussi a été une réussite à laquelle nous ne nous attendions pas autant. En effet les dernières parties, se sont terminées aux alentours de cinq heures du matin.

Donc merci à tous de vous être déplacés et pour votre participation. Merci à Almerduin et à l'atelier Calfwech't d'avoir soutenu mon action pour cette seconde édition, sans vous je crois bien, que j'aurai un peu été débordé.

Nemedia, le retour !

Mais puisque je suis dans les remerciements, je ne m'arrête pas en si bon chemin. Merci à Ice et Zephiriel des Editions Iceberg de la confiance qu'ils m'ont témoignée, de leur amitié et avant toute chose, de leur professionnalisme.

Ca y est, après six mois de discussions et de négociations, le contrat vient d'être signé avec les éditions Iceberg qui vont publier la nouvelle version de Nemedia, "Nemedia, la voie d'Ogma". C'est une grande satisfaction que de voir son travail reconnu. Cette nouvelle version comme je l'ai déjà dit dans un article précédent sur ce blog ( //http://nemedia.blogspot.com/2005/09/nemedia-nouvelle-version.html) sera vraiment différente de la première. J'y travaille déjà depuis plusieurs mois avec mes collaborateurs et nous espérons vraiment que Nemedia sera un petit bijou, autant dans son contenu que dans sa réalisation et sa présentation qui devraient charmer plus d'un. Sans dévoiler de grands secrets, le système de jeu sera totalement différent. Les textes et le background sont réécrits et encore plus développés mais en même temps simplifiés pour que la thématique celtique abordée soit vraiment accessible à tous même ceux pour qui le sujet est absolument inconnu. Au niveau des illustrations, ceux qui sont venus aux Ballades Oniriques ont eu la chance de voir en avant première, l'écran de jeu ainsi que plusieurs planches intérieures du jeu (Yohann Le Lay, Gildas Javel et Eowyn, Nar étant malheureusement absent). Notons aussi la participation exceptionnelle de mon ami Erwan Seure Le Bihan qui spontanément, en parallèle avec ses publications chez Coop Breizh a spontanément proposé ses services et va nous réaliser quelques illustrations tout bonnement démentielles. Des textes d'auteurs tels que mes amis Bruno Geneste (poête breton et ancien patron des éditions Blanc Silex ainsi que Savi Goddefroy l'auteur des deux volumes de l'excellentissime "Codex de la Flamme")

Présenter son travail est toujours une tâche assez difficile. Comment parler de Nemedia en étant objectif alors que cela représente presque quinze années de recherches, de notes, d'écriture, de rencontres, d'échange et de passion. Nemedia est un jeu de rôles, soit, mais c'est un univers, une encyclopédie, un livre de géographie, un livre d'histoire, un recueil de légendes des diverses nations celtiques (retravaillées il faut le dire), une étude théologique. C'est aussi des nouvelles et de la poésie, des clins d'oeil et des références à l'heroic fantasy originelle mais aussi un gros roman épique, "la Geste des Fianna" qui n'est que le début d'un série que j'ai tout naturellement intitulée "Chroniques de Nemedia".

Lorsque j'ai entrepris de créer Nemedia, j'ai voulu apporter une petite touche personnelle à l'univers rôliste en me faisant plaisir et en utilisant la thématique des légendes celtiques qui rappelons le depuis "Légendes" en 1984 n'avait jamais été réemployée.Nemedia est basé sur l'aspect narratif du conteur, une expression de la tradition orale celtique. C'est un jeu d'aventure avec de nombreux secrets, le croisement de peuples de cultures variées aux croyances diverses, aux craintes tribales. C'est un univers sombre et violent mais poétique et frais. Curieusement c'est un monde très proche du notre, les conflits ethniques et les intrigues politiques (le jeu des maisons) sont omniprésents.

La religion est un aspect que j'ai pas mal développé aussi, tout comme des notions comme le respect des codes, le respect d'autrui, le culte des ancêtres…Amis fan de merveilleux et de magie, vous ne serez pas en reste, il y en a pour tous les goûts. C'est ainsi qu'au détour d'une forêt aux arbres plusieurs fois centenaires, peut être serez-vous la proie des facéties tumultueuses de korrigans. Mais la magie c'est aussi la présence des mythiques Tuatha De Danann, que les humains ont déifiés après avoir oublié, 800 ans après la "Grande Désolation" que c'étaient de véritables êtres de chair et de sang exilés dans les replis secrets du Sidhe.

Comme dans tout jeu de ce type, il y a bien entendu un "grand méchant", si l'on cherche bien et que l'on décrypte la symbolique, il ne sera pas trop compliqué de trouver les clefs indiquant que c'est l'homme, pour sa cruauté, sa jalousie, sa vanité, sa concupiscence… Mais c'est bien entendu des créatures surgies d'un autre âge, les Formoirés, démons hyperboréens, qu'il faut apprendre à craindre, car toute légende à toujours un fond de vérité… Heureusement le chant des bardes, les cornes d'hydromel et le sourire des enfants sont là pour nous faire rêver.Enfin, je ne sais pas si j'ai été très clair, car il y aurait mille choses à dire, mais mieux vaut constater par soi même non ?

En dernier point (hé hé) j'ajouterai que les férus de combat et de boucherie en tous genres risquent d'être surpris, Nemedia n'est absolument pas axé sur la bagarre : Gros bills s'abstenir.

06 octobre 2005

Ballades Oniriques 2005

Demata !

Comme vous aurez pu le remarquer, le blog n'a pas été mis à jour depuis quelques temps, mais ce n'est ni un oubli ni car je n'ai plus de sujet à vous proposer. La raison est simple, la réécriture de Nemedia et l'organisation d'un événement dont je suis à l'origine avec tous mes potes : les Ballades Oniriques !

En marge du Monde du jeu, peut-être plus proche de chez vous si vous n'allez pas à Paris, Le 15 et 16 Octobre, Les Ballades Oniriques ouvrent leurs portes !

Pour cette seconde édition qui sera, à n'en pas douter, trés fastueuse, je vous propose de venir nombreux afin de partager le rêve et la passion (oui ça existe encore )
Les Ballades Oniriques, c'est un salon dédié à l'imaginaire sous toutes ses formes, bédé, roman, jeux de rôles, cinéma, conte etc.De nombreux auteurs seront présents ainsi que des illustrateurs de renom, des créateurs de jeux de rôles et des éditeurs. Une exposition de planches de bédé, d'illustrations et d'oeuvres picturales sera visible. Un débat dont le sujet "de la littérature au jeu de rôle" permettra au public d'intervenir en s'adressant à des auteurs professionnels et des créateurs de jeux de rôles. Cette année le thème est Jules Verne et Pyromago l'auteur de "Aventure dans le monde intérieur" (jeu basé sur les oeuvres de Jules Verne/Conan Doyle et se déroulant à l'ère victorienne dans le milieu de l'exploration souterraine) sera présent.

Egalement présent, Gilles Servat, André Lecossois, Bruno Geneste, Erwan et Ronan Seure le Bihan, Ledroit, l'auteur du Poulpe (roman mis à l'écran pour le cinéma), une projection sur des portraits d'auteurs suivie d'une remise de prix pour le concours de nouvelles dédié au cinéma aura lieu.Erwan Seure Le Bihan présentera en avant première son nouvel ouvrage sur le légendaire celtique.




Des dédicaces seront faites sur place par les auteurs présents et des tables d'initiation au jeu de rôles seront disponibles. Après le repas du soir, nuit du jeu de rôles où les dés vont rouler et les aventures s'enchaîner. Espérons que vous viendrez nombreux et que vous apprécierez les acteurs locaux de la vie ludique et culturelle de Bretagne.
Adresse : Centre Culturel l'Ellipse à Moëlan-sur-Mer (29350)Accés :- train : gare de Quimperlé puis Moëlan-sur-mer- voiture : direction Rennes / Lorient / QuimperléTarifs : GRATUIT Horaires : du samedi 15 à 14h00 au dimanche 16 à 18h00.

21 septembre 2005

Le Bouclier d'Elcmar

Demata !

Comme vous avez pu le comprendre, la réalité de Nemedia est sombre et nébuleuse. Les hommes qui souvent sont promis à des destins héroïques et fabuleux peuvent à tout moment basculer, puis par un coup du sort ou pour amuser les dieux, sombrer dans une détresse incommensurable. Conquérant un jour, esclave un autre, tout peut se jouer en quelques secondes. Ne dit-on pas que nous sommes tous les acteurs de notre vie ? Ce fut le cas de Fitz Mac Breodan, fils de Urien Mac Breodan jusqu'au jour maudit où il découvrit le Bouclier d'Elcmar... Mais découvrez plutôt son récit, vous jugerez par vous-même.




Mon bras a été tranché, ma royauté m'a été enlevée… O dieux de mon peuple, je vous remercie d'avoir été si bienveillants avec moi. Plus que la vie c'est mon honneur que j'aurai pu perdre et jamais aucun de mes descendants n'aurait évoqué mon nom avec fierté. Pour tous je suis mort au combat, effaçant les fautes d'une vanité qui n'était pas mienne… Vous m'avez pris ce bras mais grâce à vous j'ai retrouvé la face et même si je ne suis plus suzerain de mon tuath, c'est avec ravissement que je vous honore.

Je suis Fitz Mac Breodan, fils de Urien Mac Breodan, descendant de Uaithne et Niahm du clan des Sangliers Rieurs, eux même descendant de Ruadh Ar Arzel, huitième fils de Nemed. Toute ma vie n'a été que combat pour l'honneur des miens, le respect de nos traditions et la protection de la Pierre du Foyer de mon tuath. Plus de vingt fois sept Gaiscedachs auraient pu mourir sous mes coups ou finir avec au cou le collier des esclaves, avec pour seul fierté, celle de pouvoir encore pleurer leur liberté passée. Au lieu de cela, à tous, selon les codes de nos ancêtres, je leur ai accordé la fraternité de l'épée. Reconnaissants et en leur âme et conscience, avec leurs suivants ils ont rejoint les rangs de mes guerriers. Tout au long de ma vie, j'ai fait mes offrandes à Dagda, Morrigan et j'ai offert des présents aux Druides, même à ceux des peuples que j'avais dominés. Les seules têtes qui ornaient ma demeure étaient celles des faibles qui n'honoraient pas les règles de la loyauté au combat ; les lâches, les fourbes et les traîtres. Je les ai vaincus mais n'en ai tiré aucune joie, car un roi ne tire pas son renom à écraser des serpents.

Je vous encense O Dana et Morrigan, Lugh et Creidne pour m'avoir ôté ce bras qu'un bouclier de malheur ornait. Je vous rends grâce pour ce jour béni où mon ennemi Bran Mac Slough, suzerain du Vindo Gorsedd m'a loyalement défait et que dans sa grande miséricorde, inspiré par vous, son épée a sectionné la cause de mon malheur. Car j'étais le porteur du bouclier d'Elcmar, artefact de jalousie et d'envie. Mille fois je m'étais maudit pour l'avoir trouvé et autant de fois j'ai voulu m'en débarrasser… Las, la volonté de cet artefact maléfique était bien plus puissante que celle de votre faible serviteur. Combien de fois, alors qu'il guidait mes conquêtes selon ses envies et des desseins qu'il ne m'était pas permis de comprendre, ais-je pu prendre de force les fières épouses de mes adversaires pour les soumettre. Sans regret, sans remord, juste par envie et concupiscence. Ce bouclier était ma fierté mais aussi ma damnation quotidienne… Celle de l'homme qui ne peut résister à ses plus vils instincts. Celle de celui qui guidé par les voix de démons d'un autre âge, ne pouvait faire que de servir Tanavenn. Celle qui m'a poussée à tuer mon propre frère car il s'interposait, ne cherchant qu'à me faire ouvrir les yeux.



O amputation heureuse, comme ce jour fut beau, lorsque perdant le bras porteur du malheur, j'ai retrouvé la liberté. Lorsque Bran Mac Slough m'a vaincu. Lorsque j'ai cessé de porter ce fardeau… Le bouclier d'Elcmar fut jeté au fond d'un abîme sans fond. On m'a laissé agonisant, en proie aux loups, baignant dans mon sang. Je me souviens encore, vautré dans la boue, à mi chemin du Sidhe, moribond parmi les dépouilles de mes braves… Je me rappelle cet instant de jubilation intense, quand ont défilé les cohortes du conquérant. Hordes de farouches guerriers le sourire carnassier aux lèvres, porteurs de glaives ensanglantés et de torques dorés flamboyants, leur peau tatouée et balafrée… Ils m'ont ignoré, baignant dans mon sang et dans celui de mes frères. Certains m'ont piétiné. Je ne leur en voulais pas, d'ailleurs le seul souffle qui m'habitait encore était à peine suffisant à maintenir ma carcasse en vie. Malgré cela, je jubilais de savoir que ma libération était venue. Je savais que mon royaume était perdu, que mes richesses et mes esclaves étaient celles de Bran. Mais la malédiction était levée. Aujourd'hui, je suis vieux, la vigueur m'a quittée tout comme ceux que j'ai aimés. Je vis seul au milieu des bois, me nourrissant de baies et de ce que me laissent les animaux, buvant l'eau des sources. J'erre sans fin, sans but, avec pour compagnon un corbeau et le souvenir d'un passé glorieux. Je fuis les hommes et je me terre comme un renard traqué. Mais je remercie les dieux de m'avoir libéré, je les vénère avec ferveur pour m'avoir rendu le droit de choisir ma destinée… Je sais que le Sidhe sera bientôt mon prochain séjour, enfin je retrouverai mes frères. Enfin nous chevaucherons à nouveau dans les plaines verdoyantes, enfin ils pourront me pardonner.

19 septembre 2005

Nemedia nouvelle version


Demata !


A ce jour, en plein travail de réécriture de Nemedia avec quelques fidèles amis, je m’aperçois que le Nemedia voie d’Ogma va être bien meilleur que je ne l’aurai espéré. Tout au début, je ne pensais pas qu’après plus de dix ans d’écriture sur le sujet je pourrai apporter de grosses modifications à ce jeu. Je m’étais trompé et j’avoue humblement que je suis très satisfait de la tournure que prend le projet.

Les habitués de Nemedia vont être agréablement surpris par pas mal de modifications. Déjà le système de jeu qui est basé sur un tirage de Glyphes à la façon des tirages de runes. Ca nous en avions déjà parlé lorsque nous avons donné quelques informations sur l’Ogma système. Mais attention, que l’on ne s’y trompe pas, il n’y a pas que la méthode de création des personnages ou les résolutions d’action qui vont changer !

En effet, en retravaillant les textes du premier livre, toutes les informations que j’ai présentées dans les articles du « Blog des Contrées chimériques Celtiques » me sont revenues à l’esprit. De ce fait j’en ai profité pour donner encore plus de cachet à ce que je modifiais allant jusqu’à totalement modifier certaines données, notamment quant aux peuples que peuvent interpréter les joueurs.



Pourquoi modifier ce qui est déjà existant ?
Très simple. Dans le but de « receltiser » encore plus Nemedia et de lui donner une image nouvelle. Le but de la nouvelle édition n’étant pas de faire un « copier coller » de la précédente version, mais bien de donner à ce jeu un tout nouvel aspect avec des changements qui en feront un nouveau jeu. Les habitués y trouveront leur compte et des surprises de taille, alors que les nouveaux joueurs ainsi que les amateurs de l’ancêtre « Légendes » seront certainement charmés.

Les erreurs passées ont été un bon enseignement. Elles servent à améliorer Nemedia en lui apportant, d’une part une approche plus simple pour les néophytes et également un enrichissement du background comprenant une facilité de lecture grâce à une présentation plus légère et mieux adaptée.

Lorsque je parle de présentation plus adaptée, je veux dire par là qu’elle sera plus fluide, plus agréable, mais aussi que le « design » va changer. De nouveaux illustrateurs travaillent sur le projet et les supports visuels seront totalement changés. Amateurs de belles illustrations, apprêtez-vous à de belles surprises ! Amateurs de bandes dessinées, attendez-vous aussi à quelques petites gâteries, mais ceci si vous le voulez bien, j’en reparlerai en temps et en heure.

En dernier point, je tiens à remercier les potes Bretons de l’atelier rôliste Brestois Calfwech’t pour leurs réalisations et pour l’organisation du travail sur cette nouvelle version. Comme quoi des fois le bouche à oreille et la passion sont des atouts que l’on néglige un peu trop !

17 septembre 2005

Les origines de Breas le Beau

Demata !

Il n'y a pas si longtemps, je vous ai parlé de la rencontre de Streng, héros des Fir Bolg et de Breas, celui du peuple Tuatha De Danann. Aujourd'hui, je vais vous raconter la naissance de Breas le Beau. Je reviendrai ultérieurement sur cet étonnant personnage afin de vous conter le récit de la seconde bataille de Moy Tura et aussi celui de "Nuada au bras d'argent" car ils sont en fait étroitement liés.

L'histoire sombre et tortueuse de Breas nécessite que l'on s'intéresse de plus près à ses origines afin de mieux apréhender certaines particularités qui nous donneront des éclaircissements sur les événements funestes qui advinrent.

En la forteresse de Maeth Scene, la magnifique Eri, fille d'un noble Tuatha De Danann, observait l'océan. Les flots étaient calmes et la surface de cette immensité marine, aussi lisse qu'un miroir. Poussé par des vents magiques, un navire d'argent se profila à l'horizon et glissa dans le calme jusqu'au rivage au pied de la citadelle. Lorsque le navire accosta, Eri apperçu à la proue du vaisseau un jeune homme qui se tenait droit et fier. Il était plus beau qu'aucun dans son pays et sa chevelure dorée s'étalait sur ses robustes épaules comme une crinière. Son manteau et sa tunique étaient brodés de fils d'ors ; il portait deux lances d'argent aux poignées de bronze et son cou étit orné de cinq cercles d'or.

Le prince inconnu, sauta et sans hésiter, gravit les escalier menant à la chambre d'Eri. La princesse Tuatha De Danann qui jusqu'àlors s'était toujours refusée aux hommes les plus vaillants et séduisants de son pays, fut saisie d'un malaise qui fit fondre son coeur et la poussa à offrir sa couche à l'inconnu. Tous deux étendus, ils se laissèrent aller aux délices de l'amour et de la chair. Après de sublimes moments passés ensemble, vint l'instant du départ et Eri se mit à pleurer. Deux peines emplissaient sont âme et la chagrinaient ; celle de devoir se séparer, puis celle de ne pas savoir quel était le nom de son amant. Pour la consoler, le jeune homme ôta de son doigt un anneau d'or gravé des symboles de sa race et de son rang et l'offrit à Eri. Il se présenta alors comme étant Elathan, fils de Delbaeth, Roi des Formoir et en refermant les doigts de la jeune femme sur l'anneau lui fit une dernière recommandation.

"Ne te défais jamais de cette bague, ni par vente, ni par prière, ormis si c'est pour la glisser au doigt de celui à qui elle revient de droit."

Puis, se dérobant au regard d'Eri, Elathan ajouta : " Dans neuf mois naîtra de nos ébats un fils dont tous reconnaîtront la beauté et la magnificence, tu le nommera Eochaid Breas, ce qui signifie "le Beau"."

Avant qu'Eri n'ait pu répondre, Elathan avait réintégré son flamboyant navire qui déjà glissait sans bruit à la surface des flots sans vague vers l'horizon. Les prédictions du Formoiré s'accomplirent et lorsque le temps fut venu, Eri donna naissance à celui qu'elle nomma "Breas" qui comme son père l'avait dit devint le jeune homme le plus beau et le plus fort du pays.

Après la première bataille de Moy Tura, par des circonstances que nous verrons plus tard, Breas fut choisi par les Tuatha De Danann pour régner. Tous lui prêtèrent allégeance et lorsque la couronne fut posée sur son crâne, la Lia Fail se mit à vibrer puis gronder si fort que toutes les pierres levées de la Moy Tura se mirent à gémir... Terrorisée, la Tribu de Nemed se prosterna. Seul Breas vit ce que sa nature Formoiré lui permettait d'apercevoir : La monstrueuse silhouette encornée de Cernunnos tenant d'une main le torque de la royauté et de l'autre Crom Cruach, le dieu Serpent, le ver abominable au mille contorsions. Ses cornes étaient enflammées et ses yeux emplis de sang.



Breas avait vu que son règne serait maudit par le carnage et le sang, les Fir Bolg n'oublieraient pas la défaite de Moy Tura et il serait vain de résister à l'Oeil Mauvais de Balor auquel aucun homme ne devrait jamais se fier s'il ne voulait être corrompu par son pouvoir et perdre sa volonté propre.

08 septembre 2005

Morrigan déesse guerrière

Demata !

Aujourd'hui, je vais vous parler de Morrigan, certainement ma déesse préférée chez les Tuatha De Danann. C'est bien entendu l'une des déesses les plus fondamentales de la culture Celtique. Ma chère amie Eowyn a réalisé une illustration qui donne à cette fabuleuse femme toute sa noblesse, aussi soulignera-t'elle parfaitement le propos du jour. Merci à toi Eowyn !

Lorsque j'ai rédigé les textes sur les Tuatha De Danann que nous connaissons sous l'appellation de Tuathan en Nemedia, j'avais fait que Morrigan était l'une des filles du Dagda. Dans la mythologie Irlandaise, elle est la fille d'Ernwas le Meurtre.

La trinité celte est bien souvent représentée par Morrigan sous trois formes distincte d'où son nom de Triple déesse.

Elle est l'une des composantes de la Triade : Babdh/Nemain/Morrigan, représentant l'aspect de la souveraineté guerrière. Son équipage est rouge, et elle même est rousse avec une cape rouge, son cheval est rouge, n'a qu'une seule patte. La perche reliant l'animal au char traverse la bête de part en part et ressort par son front où elle est fixée par une cheville ! Le rouge, couleur des guerriers mais aussi qui associe la déesse au monde des Morts ; elle est ainsi nommée la Grande Reine ou la Reine des Fantômes. Lors des batailles, elle revêt des formes animales quand on l'invoque en imitant le cri du Corbeau. Elle apparaît alors "basanée, rapide, large de mâchoires, barbouillée de suie et louchant de l'oeil gauche".

Morrigan ne fait pas la guerre physiquement, elle l'inspire et peut influer sur son cours par sa puissante magie, comme elle le fit pour aider les Tuatha De Danann lors de la bataille de Moy Tura. Mais ce ne sont pas là ses seuls talents, Morrigan est aussi connue pour ses prophéties ; la mort, la guerre et... La fin du monde.

Lors de la deuxième bataille de Moy Tura, elle promet de ne jamais manquer son but ; après la bataille elle part répandre dans toute l'Irlande la nouvelle de la victoire et prophétise un "monde future de façon réaliste et sans illusion". L'une de ses plus grandes prophéties, restera l'annonce à Cuchulainn de sa mort, d'ailleurs elle l'assistera dans sa mort en se posant sur son épaule sous la forme d'une corneille.

Bien qu'elle ait été l'ennemie du héros après qu'il ait refusé de lui faire l'amour et qu'un combat où elle se transformait en divers animaux s'en suive, elle détruisit le char de Cuchulainn la veille du combat de ce dernier contre Mebd car elle connaissait son destin.



Les crânes des hommes tués au combat sont nommés les "glands de Morrigan" en référence à son aspect de "truie divine", l'un des nombreux qu'elle avait revêtu contre le héros de l'Ulster. On pourrait aussi citer celui du Taureau brun fabuleux, celui de l'anguille, celui de la louve grise, de la vache rouge sans corne. Enfin il est dit que Morrigan, chaque jour de Samain se lave sur la rivière Unius, un pied au sud de l'eau, l'autre au nord, ses neuf tresses autour de la tête. C'est d'ailleurs là qu'elle s'unit au Dagda et lui promit de toujours lui dévoiler les desseins de ses ennemis.

06 septembre 2005

Jim Fitzpatrick (1ère partie : le livre des conquêtes)

Demata !

Après vous avoir présenté Slaine qui fut l'une de mes nombreuses inspirations pour Nemedia, il y a quelques temps, je me dois de vous parler de Jim Fitzpatrick dont les deux magnifiques ouvrages, "le livre des conquêtes" et "Nuada au bras d'argent" ont éveillé mon intérêt pour les mythes celtes depuis mon enfance.

Né dans le comté de Clare, Jim Fitzpatrick fut bercé par les récits de la tradition celtique dés son plus jeune age. Ainsi entendit-il parler pour la première fois du peuple fée, le peuple Shi que l'on appelle plus souvent Tuatha De Danann. Jim Fitzpatrick talentueux auteur et illustrateur a su redonner leurs lettres de noblesse à ces récits mythiques directement issus de la tradition orale Irlandaise pour, grâce à son art conserver leur intégrité et les rendre accessibles à la majorité. Le courage et la fierté celtes hantent les pages de ces deux ouvrages avec la force et la beauté des anciens héros sur les champs de bataille d'Erin.



Ainsi, le "livre des conquêtes" retrace l'épopée des vagues successives qui peuplèrent Erin. Extrait du cycle mythologique de l'Irlande, il conte, en se basant principalement sur la tradition orale, l'histoire de Tuan (lui même le témoin et narrateur dans l'ouvrage de Fitzpatrick) et aussi la venue des Tuatha De Danann et la première bataille de Moy Tura. On retrouve nombre de rituels et de codes, des listes de héros aux noms évocateurs et bien entendu le déroulement logiques d'événements funestes qui conduirent à la seconde bataille de Moy Tura.

Le "livre des conquêtes" est donc découpé en sept parties
- L'histoire de Tuan et la conquête des Fir Bolg
- La venue des Tuatha De Danann et comment Streng et Breas firent un pacte d'amitié
- Le rassemblement des Fir Bolg à Tara et l'assemblée des Tuatha De Danann
- La première bataille de Moy Tura
- Le songe de Nuada
- La furie guerrière de Nuada
- L'ultime bataille et la mort d'Eochai


A la fin de cet ouvrage remarquable, on apprend comment les Tuatha De Danann firent de Breas le Beau leur roi bien que Nuada les ai mené en Erin et ait gagné la bataille en leur nom. Mais ce dernier avait perdu un bras au combat et la tradition interdisait qu'un homme contrefait rêgnat sur leur peuple, et cette loi ne pouvait être outrepassée... La suite bien entendu dans "Nuada au bras d'argent" !

02 septembre 2005

La Gae Bolga

Demata !

Les guerriers celtes sont réputés sur les champs de batailles pour être de fougueux et frénétiques combattants. Leur armementde base, même s'il peut sembler spartiate (épées, lances, haches) n'en est pas moins agrémenté de quelques curiosités bien barbares et meurtrières. Citons la lance de Cuchulain, la Gae Bolga.

l'une des armes favorite du héros est la « gae bolga », une arme mystérieuse, au fer hérissé de barbes qui pénètre l'ennemi tel un harpon et déchiquette les chairs. Le maniement de cette fabuleuse arme aurait été enseigné à Cuchulain par Scatach, une druidesse chez qui il s'initia à l'usage des armes. Outre le fait que la Gae Bolga se manie comme une lance/épée traditionnelle, elle peut aussi être projetée avec le pied, le dos en appui sur le sol.



L'origine de cette lance étrange, on en a aucune certitude... Toutefois apparait le mot "Bolg" qui rappelons-le vient de Fir Bolg (hommes sac ou hommes foudre) autrement dit un des premiers peuples à s'être installé en Erin : les Belges. Est ce que cela voudrait dire que la Gae Bolga est l'arme des Fir Bolg, rien de moins sur. D'ailleurs un chef des Galates s'appelait "Bolgios", donc, l'origine pourrait également provenir de ce guerrier...

Une autre interprétation digne d'intérêt est donnée par Charles Squire dans son livre "Celtic myths and legends". Il parle de "the invincible spear, made of sea monster's bones" soit la lance invincible faite d'os ou d'arrête de monstre marin. Terrifiant harpon vous en conviendrez !

Pour ma part, la Gae Bolga est très certainement la lance de Lugh, celle qui ne manque jamais sa cible, un des trésors des Tuatha De Danann. Ou tout au moins une copie de cette arme fabuleuse dont la légende dit qu'aucune bataille ne fut jamais gagnée contre elle ou celui qui la tenait en main.

01 septembre 2005

Report de la clôture du concours de scénarios

Demata !

Et bien il faut croire que deux mois n'étaient pas suffisants pour la durée du concours de scénarios, peut être que le peuple Northlander ne vous a pas inspiré. Peut être aussi que le beau temps et la plage ont été bien plus attractifs, ce qui est largement compréhensible en cette période estivale particulièrement ensoleillée!

Aussi, à la demande de nombreux participants dont la rédaction des scénarios n'était pas achevée pour la date butoir du 31 août à minuit, nous avons décidé de reporter la clôture du concours de scénarios au 15 septembre 2005 à minuit.

Dans un but d'équité, ceux qui nous ont adressé leurs oeuvres en temps et en heure bénéficieront de quelques point d'avance ou à leur demande pourront étoffer leurs scénarios afin de ne les rendre que mi sêptembre... Comme les retardataires.

Bonne chance à tous !

25 août 2005

La rencontre de Streng et de Breas

Demata !

Le respect des guerriers, même de camps adverses a toujours été mis en avant chez les Celtes. Une fois encore, c'est l'honneur qui parle. Ainsi Breas le beau, fils d'Elathan l'immortel fut envoyé par Dagda afin de s'enquérir des raisons de la venue de Streng des Fir Bolg après que les Tuatha De Danaan mette le pied en Erin.

"Breas s'avança, armé de ses deux grandes lances aux pointes mortelles, de son épée à deux manches et de son boucier de bronze bosselé, il portait un casque frappé aux armes du dragon et le soleil de midi illuminait sa chevelure cendrée. Prudemment les deux héros s'approchèrent l'un de l'autre. Streng inquiet à la vue des longues lances, posa son écu sur le sol de manière à protéger corps et visage. Breas restait silencieux, lui aussi abrité derrière son bouclier.



Enfin le Tuatha De prit la parole. Il raconta au Fir Bolg la venue de son peuple. Quand Streng entendit que l'étranger parlait la même langue que ses pères, il s'adressa ainsi à lui, le coeur et l'esprit allégé :

- Je te salue comme un frère car nous sommes tous les deux de la race de Nemed. Souviens-toi de cela lorsque tu retourneras à ton roi et dis-lui que nous sommes du même sang noble. Ne laissons ni la fierté ni l'avidité jeter l'ombre sur notre amitié et détruire la fine fleur de notre race.

"Ecarte ton bouclier" demanda Breas "pour que je puisse mieux te voir et, plus tard, te décrire à mon peuple en toute vérité."

Les deux hommes parlèrent alors librement et en confiance, sans crainte d'aucune fourberie de la part de l'autre. Ils discutèrent chacun de leurs peuples et aussi de la volonté des Tuatha De Danaan de s'installer en Erin, que ces derniers désiraient la moitié du territoire... Une fois le message passé, les deux braves qui s'étaient assis comme deux amis de longue date se séparèrent, pour retourner dans leur camp respectif.

"Adieu valeureux guerrier, nous nous sommes rencontrés dans la méfiance et nous nous quittons dans la paix. De ce jour, nous sommes liés comme des frères." Ainsi se quittèrent Streng et Breas qui chacun retournèrent à leur peuple après s'être jurés fraternité et amitié.

Les deux Gaiscedachs racontèrent respectivement à Eochai et au Dagda comme la bravoure et la fougue de leur ennemi ne ménerait qu'à un une confrontation redoutable et inutile qui ne ferait que faire couler le sang de deux peuples issus du même ancêtre.

La crainte et la méfiance ne firent pas entendre raison aux deux suzerains et quelques temps plus tard, Fir Bolg et Tuatha De Danaan s'affrontèrent sur les plaines de Mag Nia qui pour l'occasion seraient rebaptisées plaines de la Moy Tura...




Le sang des frères coula et imbiba le sol d'une terre que le temps les amèneraient à partager, mais deux hommes étaient devenus frères d'épée.

21 août 2005

La naissance de Cernunnos

Demata !

De toutes les divinités celtes, Cernunnos est certainement la plus intéressante. Probablement antérieur aux mégalithes, Cernunnos - souvent représenté assis en tailleur, le torque de la royauté au cou et une assemblée d'animaux autour de lui - symbolise la force fécondante et le cycle des renouvellements. Il est souvent accompagné du serpent à tête de bélier, divinité chtonienne, ce qui donne une alliance de la "fougue et de la ruse". Possédant la puissance sexuelle du Grand Cerf dont il porte les bois sur son crâne, il incarne l'individualisme et et la fierté. Bien présent chez les celtes, le "bel encorné" est une sorte de charnière et à la fois de synthèse entre les populations celtiques et celles plus primitives qui les précédaient. En cela il incarne la "pensée primordiale". Bien plus tard, les chrétiens ont fait de ce magnifique personnage l'incarnation du mal même et lui ont donné le nom de diable (SIC)...

Toutes ces informations m'ont toujours beaucoup inspiré et c'est pour cela que je me devais d'inclure ce mystérieux personnage dans Nemedia. Bien entendu comme pour la plupart des mythes celtiques, j'ai réécrit les textes à ma convenance. Je vous livre donc un extrait de mes récits concernant la "naissance de Cernunnos".



Balor aimait à admirer l’océan et restait souvent sur la grève balayée par le vent à rêvasser à ce qu’il pouvait y avoir au-delà de cette immensité aquatique. Morrigan de tout le Tuathan, était certainement la plus proche de Balor. Elle aimait à le rejoindre sur les rives de ce que les enfants du Créateur appelaient « le Bord du Monde ». La complicité qui les unissait se transforma en passion. La passion se mua en amour. Cernunnos aux bois de cerf naquit de cette union. Tout comme son père, étrangement, Cernunnos était atteint d’une malformation inexplicable que Morrigan perçut comme un présage de mauvais augure. Bien que la fibre maternelle de Morrigan soit forte, elle ne supportait pas de voir son fils muni des attributs de l’Animalité.

Elle partit dans le plus grand secret au fin fond de la sylve primordiale, là même où les rayons du soleil ne venaient jamais caresser le sol, puis abandonna le fruit de ses amours avec Balor. Soucieuse de ne pas blesser Balor pour qui cet enfant était la plus grande joie de sa vie, elle lui dit que l’océan l’avait emporté. Fou de douleur, Balor vola la plus magnifique embarcation que son frère Luchte venait d’exécuter pour le compte de Dagda. Les flots qu’il aimait tant le portèrent si loin que tout le Tuathan, pour qui la raison de ses agissements restait incompréhensible, le crut perdu à jamais. Morrigan consciente que son mensonge lui avait fait perdre l’être qu’elle aimait le plus au monde sombra dans une mélancolie telle qu’elle n’avait plus goût à aucun des plaisirs qui autrefois l’enchantaient. Diancecht fort érudit dans les arcanes de la médecine était fort attaché à sa sœur. Mettant toutes ses connaissances à contribution, il créa un philtre d’oubli pour que Morrigan ne pense plus à Balor. Le philtre n’eut pas les effets escomptés et Morrigan dont les affres de la douleur avaient trop profondément affaibli la volonté sombra dans le cauchemar oubliant peu à peu toutes les joies que Némédia procuraient au Tuathan.

15 août 2005

Pourquoi les mythes celtes ?

Demata !

Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de mon engouement pour les mythes celtes et pourquoi avoir choisi cette thématique pour un jeu de rôles plutôt qu'une autre.

Et bien j'avouerai à la base que je suis un véritable fan de toute la littérature médiéval fantastique avec les trésors qu'elle propose. Le problème en jeu de rôles c'est qu'on a beau vouloir faire original, on retombe souvent dans les sempiternels redites d'univers clonés où elfes, nains et orcs cottoient magiciens, gobelins et dragons. Sérieusement, c'est un style tellement vu et revu que je trouve ça pénible et inintéressant. Bon en effet on peut toujours apporter sa touche personnelle et créer ses propres races, lois universelles, panthéons etc. Et bien voilà, c'est ce que j'ai fait avec Nemedia ! Sauf que je n'aime pas l'appellation "médiéval fantastique", car dans un premier temps ça ne se passe pas au moyen âge et qu'ensuite cette étiquette apporte tout de suite une image qui vous fait penser aux clichés que j'ai énuméré plus haut.

Non, Nemedia c'est vraiment autre chose. Nemedia c'est une base mythologique que j'ai retravaillée pour y apporter un tas d'éléments que je souhaitais dans un jeu de rôles et que je ne trouvais pas ailleur. Même les légendes d'origine, je les ai réécrites afin de leur donner une dimension totalement à part.

Ce qui m'intéressait le plus, c'est cette base celtique. Un monde qui est en fait le nôtre avec des repères qui sont les nôtres. Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est une une époque trouble, sombre et violente. Les critères ludiques sont nombreux ! Tout d'abord l'honneur des guerriers. La fierté d'être le membre d'un Tuath, de se battre pour son village, respecter les codes, honorer ses ancêtres et vénérer ses dieux. On veut prouver sa bravoure, rien de plus simple une petite expédition pour aller enlever une femme libre et en faire son esclave. Rien que ça c'est sujet à un scénario complet ! La stratégie, la ruse, un peu de combat, quelques palabres et hop le tour est joué. Sans compter qu'avec les alliances et inimitiés entre tribus, il y a moyen de corser l'affaire.



C'est ainsi que j'ai plus basé mes peuples sur la variété des civilisations humaines. Aussi il y a six peuples humains principaux avec chacun des critères ethniques différents. Chaque peuple est ensuite divisé en tribus avec chacune ses croyances et moeurs bien particulières, dont aucune n'est semblable aux autres. Mais pas de clichés ! Rien que du pur jus travaillé et étudié avec minutie pour donner quelque chose de vraiment différent...

Pour ceux qui ne sont pas tentés, il y a toujours mille autres possibilités. On veut un peu plus de magie, pas de problème, Nemedia propose aussi cet aspect aux joueurs. N'oublions pas que les personnages sont des êtres doués de facultés spécifiques qui leur sont concédées par l'âme des guerriers et des entités "fabuleuses" issues de la source même de l'univers. Bon il est vrai qu'à la création les pouvoirs ne sont pas très développés, c'est un peu volontaire, il ne faut pas des aventuriers surpuissants, le charme en serait gâché. Et puis où serait le plaisir de ne pas voir son personnage évoluer ?

Dans les mythes celtes, il n'était pas rare que les héros croisent les dieux et partagent leurs festins ou leurs aventures d'égal à égal. En Nemedia c'est tout à fait possible. La frontière entre le monde des humains et celui des dieux ou peuples fabuleux n'est pas si épaisse. Par contre ne vous attendez pas à voir des fées et des créatures étranges à toutes les croisées de chemins. Ces créatures tout comme les monstres existent, bien entendu, cependant l'intérêt de leur côté fabuleux c'est que lorsqu'ils apparaissent, on a vraiment l'impression que c'est inhabituel.



Pour les fans d'exploration, là encore il y a à faire. Pratiquement 80% de Nemedia est inconnu et recouvert de forêts antédiluviennes masquant les restes d'anciennes civilisations aussi étranges que variées. Bien entendu il y a aussi le côté obscur de Nemedia avec ses peuples voués aux divinités maléfiques et infernales. Autres peuples, autres coutumes... Et puis pour les amoureux des intrigues de palais et complots en tous genres il y a aussi quelques cités dont celles de l'Empire Romiant. Là encore je pense que chacun y trouvera son content d'aventures, il y a tant à dire et tant à faire...

11 août 2005

Druide et Guerrier

Demata !

Bien souvent on pense à tort que les Druides, n'étaient que des individus en charge de la fonction sacerdotale. En quelque sorte de braves prêtres bien gentillets et bien rangés. On est loin d'imaginer que ces hommes très savants étaient aussi de rudes guerriers qui, tout comme les héros des sagas vivaient eux aussi des aventures extraordinaires. Les Druides, hommes ou femmes, occupaient un rang élevé dans la société celte. Ils faisaient office de conseillers, juges, enseignants et ambassadeurs. Dans une assemblée, un roi ne pouvait pas prendre la parole avant son Druide. Afin d'illustrer mon propos, je vous ai réalisé un petit résumé de la vie mouvementée de Cathbad, parfait exemple du Druide aventurier et batailleur.



Cathbad, dans la mythologie irlandaise, était un prophète un Druide et un chef de guerre, père de Findchoem (épouse d'Amorgen) de Conchobar Mac Nessa, roi d'Ulster, et du Druide Genann Gruadhsolus, son nom signifie " le Tueur au Combat ".

Cathbad le Druide prophétisa qu'une femme "aux boucles blondes, aux superbes yeux gris-bleu, aux joues pourpres comme la digitale, aux dents de neige d'hiver" naîtrait, mais pour elle, les hommes se battront, des meurtres auront lieu parmi les guerriers Ulates (peuple del'Ulster), et que le malheur s'abattra sur l'Ulster à cause d'elle". Cette femme est Deirdre dont le nom signifie "danger"... Il prédit aussi que la vie du héros Cuchulain, dont il est le précepteur, serait glorieuse mais brève. Lorsque Conchobar Mac Nessa se fit cruel, Cathbad maudit le roi et sa forteresse d'Emain Macha. Cathbad eut trois filles Dechtire, mère de Cuchulain, Elba, mère de Naoise et Findchoem, mère de Conall Maceach.

Il tua les douze tuteurs de Ness, fille du roi Eochaid Salbuide au Talon Jaune. Cette dernière constitua alors une troupe de guerriers. Mais un jour qu'elle se baignait, Cathbad survint, lui déroba ses vêtements et ses armes et, contre sa vie, l'obligea à trois promesses : sa sécurité, son amitié et l'assurance de l'épouser.

A la suite de cet épisode, Ness épousa donc Cathbad mais pas de façon définitive, c'était un mariage Celte, une union à l'essai pendant un an. Cathbad obligea Ness à boire une coupe contenant deux vers qui avaientt le pouvoir de la féconder. Elle tomba enceinte la nuit même puis accoucha de Conchobar qui naquit en brandissant un ver dans chaque main.



De nouveau célibataire, elle épousa pour un an le roi d'Ulster, Fergus Mac Roig, à la condition que son fils Conchobar règne à la place de Fergus pendant l'année. Au bout du contrat, le peuple Ulate, comblé par la sagesse du règne de Conchobar, le conserva comme souverain.