25 avril 2007

11. De la naissance de Nemed et des premiers humains (part 2)

Les paroles de Nemed résonnèrent à Brug Na Boyne à la façon d’un glas sinistre dont tous devinèrent la signification. Il advint même que la magie du vent charria ces mots jusqu’aux oreilles de Morrigan, de Cernunnos et de Balor…Chacun s’en retourna le cœur lourd et l’âme en peine. Mais, Dagda qui était le dieu bon accueillit cependant Nemed en sa demeure et le convia à rester tant qu’il le désirerait. Car l’hospitalité ne doit pas souffrir les maux de l’appréhension, mon enfant, mais toujours honorer celui que tu reçois, c’est ainsi que l’humilité te placera sur le trône des plus grands. Néanmoins, la fatalité venait de prendre pied sur la terre médiane…

Nemed fut traité comme s’il avait lui même été un Tuatha De Danann. Il n’était pas si différent des Premiers enfants du Créateur. Graal lui avait concédé intuition et connaissance, Dana, tempérance et sensibilité. Le Premier humain montra à tous à quel point il était érudit et à même de rivaliser avec les Premiers nés dans toutes les disciplines.

Son adresse et son intelligence ne cessaient d’impressionner Dagda qui lui vouait un amour sans pareil. Au grand bonheur de tous, il considéra Nemed à l’égal de ses enfants et eux-mêmes comme un de leur sang. Et bientôt, mon jeune ami, Nemed épousa Brigitt qui était tombée sous le charme de son excellence. De cette union naquirent les Fils de Nemed qui formèrent très rapidement un peuple à part entière tant leur faculté à se reproduire était importante. Nemed régnait sur les siens comme le Dagda le faisait sur les races aînées, avec sagesse et équité.

22 avril 2007

10. De la naissance de Nemed et des premiers humains. (Part 1)

Afin de célébrer la magnificence d'une telle offrande, Dagda et Dana donnèrent le plus fabuleux banquet qui soit. Chaque enfant de la création fut convié à Brug Na Boyne afin de partager le bonheur du couple divin et rendre grâce au talent des deux frères.

Balor et Morrigan n’avaient pas été oubliés, mon enfant. Car ils étaient dans le cœur de chacun. De nombreux messagers furent dépêchés au quatre coins de Nemedia pour les prévenir que les festivités seraient illuminées de leur présence, que tous espéraient les voir. Las, ils furent les seuls enfants de la divine assemblée qui ne se présentèrent pas. Dagda fort humilié de l'absence de ses deux enfants en prit ombrage et il fit part à Dana de son intention de les répudier pour ne pas s'être montrés dignes du reste de leurs hôtes.

Les festivités eurent lieu et chaque convive aussi anonyme soit-il, fut accueilli et reçu avec les égards que sont en droit d'attendre les plus illustres personnages. Les mets les plus fins et les vins les plus délicats provenant du fabuleux chaudron assouvirent les appétits les plus démesurés sans que jamais personne n'ait à se plaindre. Jusqu'à ce que tous soient rassasiés, les Premiers nés distribuèrent à boire et à manger ; le chaudron fabuleux était bien le symbole de la prodigalité.

Cependant O mon fils, Dana, que la résolution de Dagda avait ébranlée au plus haut point, ne put se retenir de pleurer malgré l'allégresse emplissant Brug Na Boyne. Portant en elle tout le chagrin de Dana, une larme roula sur la joue d'albâtre de la Tuatha De et finit sa course dans Graal. Alors, le plus insolite et prodigieux événement se produisit. Au milieu même des nombreux convives qui venaient se sustenter, surgit du chaudron d’abondance le Premier Humain. Image vivante de Bran Notre Créateur à Tous. A l’évidence à l’image d’un futur qui se voudrait sombre, le premier homme était né de la tristesse de Dana et de la Magie de Graal.

Tout comme ces mots que je te dis, la nature singulière de cette naissance extraordinaire stupéfia la fabuleuse assemblée. Dagda demanda à la créature qui elle était et ce qu’elle faisait en cet endroit. Alors, mon enfant, sortant de Graal, elle s’agenouilla avec déférence devant les yeux ébahis de l’assemblée divine et répondit en toute simplicité :

« Je suis Nemed le Premier. Je suis Espoir et Tristesse. Je serai à tout jamais le serviteur des Tuatha De Danann et le protecteur de cette terre contre la fatalité des événements que mon arrivée engendrera. »

18 avril 2007

9. De la création de Graal

L’arrivée des Gruagachs, grâce auxquels il était dorénavant possible de fondre et de former les métaux, améliora considérablement le bien être des enfants du Créateur. Goibniu et Creidne démontrèrent une joie et un plaisir évident à accompagner derniers nés dans leur œuvre tellurique. O, mon enfant, tu aurais vu quel épanouissement illuminait les deux frères ! Ils, portaient un intérêt nouveau sur toutes les merveilles dont regorgeaient les entrailles du monde. L’art et la science des fils de la terre accrurent leur créativité innée et permit de sublimer leur inspiration par de multiples procédés.

Les deux Tuatha De Danann devinrent alors maîtres incontestés de la science des minéraux et de la métallurgie. L’art de la forge était leur discipline de prédilection. Expérimentant la mutation des minéraux, les deux frères conçurent ce que tu connais sous le nom d’argent et d’or. Avec un savoir-faire croissant, ils se lancèrent dans l'exécution d'artefacts et de bijoux à la perfection sans égale.

Les deux frères rivalisaient d'ingéniosité et d'adresse pour concevoir des objets plus magnifiques les un que les autres. C’est ainsi, mon fils, que dans un souffle d’imagination jusqu’alors sans égal, allait apparaître la merveille absolue. Amour, joie, poésie, savoir et nombre des sciences connues des trois races originelles furent combinées dans la réalisation suprême pour laquelle sueur et sang coulèrent dans le secret le plus absolu…

Ainsi offrirent-ils à Dagda et Dana le fruit de l'accomplissement d'un labeur sans limite. Ce présent symbolisait la connaissance et concéderait richesse du corps et de l'esprit à tous ceux qui viendraient s'y nourrir. Oui mon fils, Goibniu et Creidne avaient conçu Graal, le chaudron d'abondance qui jamais ne se tarirait. L’objet fabuleux prodiguerait à jamais plénitude et réconfort de l’âme.

02 avril 2007

8. De la naissance des Gruagachs

Satisfait des relations existantes entre les deux peuples, Bran lors de ses rêves passait de longs moments sur la terre médiane. A chacune de ses venues, les Premiers nés et la seconde race aînée déployaient des trésors d’ingéniosité pour encenser comme il se doit celui sans qui ce royaume n’existerait pas. Festins et banquets aux accents bucoliques animaient les enchanteresses cités Tuatha De, emplissant le monde des douces notes de la harpe magique que rehaussaient les choeurs célestes des enfants magnifiques de la création. Le Créateur était accueilli avec les attentions et le faste qui s'imposaient, Nemedia baignait dans l’euphorie.

O mon enfant, tu aurais vu comme l'équilibre qui régnait pouvait métamorphoser la plus infime des créatures au rang de merveille unique. Bran était si satisfait de voir à quel point ses enfants étaient en harmonie avec Nemedia que dans un élan de liesse, et car il désirait offrir à tous ses enfants la possibilité de contempler la magnificence des contrées chimériques, Notre Père à Tous créa les Gruagachs.

Il imagina un peuple robuste et courageux qui sculpterait les montagnes en de sublimes palais d’où il serait possible à tous de poser le regard sur l’ensemble de la création. Alors, enfant, arrivèrent les Gruagachs auquel le Créateur confia la roche. Aussi massifs que le roc qu’ils travailleraient et suffisamment petits pour se glisser dans chaque faille afin d’aller y graver de leur subtil art les symboles de leur puissance, les membres de la troisième race surgirent du sol. Gris comme la roche, leur peau aussi dure que le granit, leurs yeux étaient d’émeraudes et leurs fronts rehaussés de gemmes. Car dans sa grande bonté, le Créateur ne voulait pas que ses derniers enfants puissent avoir honte de leur physique, il leur fit le don de la fierté mais aussi la connaissance des secrets de la terre.

Infatigables et soucieux de répondre aux attentes de leur père, amoureux de leur œuvre sans fin, les Gruagachs ciselèrent chaque pouce de ce divin présent qu’était pour eux la pierre. Ainsi mon fils, les petits êtres, sous les regards pleins d’admiration de leurs aînés, accomplirent-ils le travail titanesque qui ennoblit la terre médiane d’une nouvelle parure pour laquelle ils gagnèrent l’amour de tous.