17 janvier 2008

41. Des Gaëls, enfants bénis de Dana (Part four)

Oui mon enfant, cinq longues années s’écoulèrent avant que les voyageurs ne se réveillent. Imagine quelle ne fut pas leur surprise de voir à quel point leur archipel avait changé. Des arbres chargés de fruits avaient poussé là où les restes pourris avaient été jetés. Le bétail s’épanouissait et avait donné de nombreux petits qui paissaient dans les verdoyantes prairies de l’archipel. Les jeunes plants étaient devenus de gigantesques arbres majestueux et solides dont ont avait pu tirer suffisamment de bois pour construire de magnifiques demeures. Là où n’étaient assemblées que quelques habitations s’érigeait une cité prospère digne des anciennes villes du vieux continent. En l’honneur du chef de clan, elle avait été nommée Tyr Bam Radon.

Tu te demandes ce qu’étaient devenus les œufs ? Ils avaient finalement éclos et laissé sortir des larves qui avec le temps étaient devenus des Kraocks. Les femmes les domestiquèrent sans peine et en firent des montures volantes très pratiques pour se déplacer d’une île à l’autre.

Cependant, Radon et ses guerriers, après cinq ans de ce long sommeil, étaient habités par l’amertume qui les avait accompagnés dans leur assoupissement. Ils étaient hantés par la disparition de leurs proches et la mort de Cormac que personne n’avait vengé. Aussi, comme personne ne se souciait plus des disparus ni de ceux qui les avaient enlevés, Radon et ses guerriers reprirent la mer dans l’idée de les retrouver. Personne ne put s’opposer à cette décision la décision des guerriers était irrémédiable. Mais avant de partir, mon jeune ami, Radon laissa une corne avec pour seule instruction de souffler dedans si un jour l’archipel était en danger.

Pendant dix ans, les vagues, vides et inutiles, balayèrent les rives de l’archipel sans que Radon ni aucun de ses hommes ne reviennent. Jusqu'au jour où surgirent de nouveaux navires. Ce n'étaient pas des fiers vaisseaux profilés et ce n'étaient pas non plus des radeaux en bois. Il s'agissait de cent curraghs aux voiles noires, enveloppés de brume, menés par de petites créatures à peau sombre couverte de tatouages effrayants du rouge le plus éclatant qui soit, aux cheveux noirs et drus, dont les yeux sauvages brillaient de mille feux.

Oui, enfant, c’était d’effroyables créatures que l’on aurait pu prendre pour des démons. Des êtres hybrides primitifs et sauvages. Les Fir Bolgs étaient de retour. Lorsqu'ils touchèrent terre, ils se séparèrent en trois groupes dirigés par leurs trois chefs, Fir Bolg, Fir Dommin et Fir Galiain, et partirent à la découverte des îles vertes. Ils n'oublièrent pas une seule vallée. Ils arpentèrent le cours des moindres rivières de la source à l'estuaire ou de l'estuaire à la source. Ils n'hésitèrent pas à gravir les collines et à se frayer un chemin dans la moindre forêt ou parmi les broussailles les plus touffues.

Alors que la population effrayée tentait de se cacher, un homme souffla dans le cor que le chef avait laissé. Un son si puissant en sortit que les Fir Bolgs en furent pétrifiés et restèrent paralysés, telle des statues vivantes. Les habitants de l’archipel en profitèrent pour tuer nombre de ces ignobles créatures dont le sang gorgea bien vite le sol des plaines. Quelques heures après que le cor eût sonné, le navire de Radon apparut au large des îles. Lorsque le chef posa pied à terre, tous furent ébahis de voir que malgré les dix années passées, Radon ni aucun de ses guerriers n’avaient vieilli.

Radon avança parmi les monceaux de cadavres des Fir Bolgs puis se dirigea vers ceux qui n’avaient pas été tués. Il leur adressa la parole dans une langue qu’aucun des siens mis à part ses hommes ne comprit. Alors les Fir Bolgs s’agenouillèrent et leurs trois chefs, Fir Bolg, Fir Dommin et Fir Galiain, baisèrent ses pieds. Puis les Fir Bolgs s’en retournèrent, laissant derrière eux quatre vingt de leurs curraghs. Oui mon fils, tel était le tribut que Radon avait prélevé. Les trois chefs restèrent sur l’archipel et brûlèrent les corps de leurs guerriers en un immense brasier. Radon leur avait dit qu’ils ne retrouveraient leur liberté qu’à la condition que ceux qu’ils avaient enlevés soient restitués à leur peuple.

Ainsi fut-il fait. Et une semaine après, ceux qui avaient été emmenés de force dix années avant revinrent sur les îles vertes. Toute la population en liesse les acclama comme il se doit. Durant un mois entier des festivités eurent lieu en l’honneur de leur retour et aussi en celui de Radon qui avait triomphé des Fir Bolgs. Le héros et ses hommes reprirent la mer avec trois chefs, Fir Bolg, Fir Dommin et Fir Galiain, ils partirent dans les lointaines contrées d’où les étranges Fir Bolgs étaient venus et plus jamais ne revinrent. La légende ne dit pas s’ils retournèrent sur la terre fabuleuse où Dana était apparue à Radon, les chroniques n’apprennent pas aux hommes où est cette contrée magnifique…

Ainsi, la vie reprit son cours sur l’archipel sans que jamais plus les Gaëls n’oublie celui qui était devenu légende parmi les siens. Seul subsistait son étrange cor, surplombant le trône du haut roi de Tyr Bam Radon. Mais pour ne pas oublier que les plus illustres ne sont pas immortels en cette terre, pour se remémorer le sacrifice de Cormac le Voyageur, après sept ans de règne, le haut roi est sacrifié. Oui mon ami, c’est ainsi… Et à sa place vient siéger le plus sage des guerriers de l’archipel.

27 décembre 2007

40. Des Gaëls, enfants bénis de Dana (part three)

Porteur d’espoir, le navire quant à lui, s’était égaré dans une nappe de brume si épaisse que les membres d’équipage croyaient avoir atteint la fin de la terre. A l’instant où Cormac rendit son dernier souffle, le voile de brouillard se déchira et le bateau accosta sur un rivage de sable blanc. Ces côtes étaient enchanteresses et ne ressemblaient en rien à ce que les guerriers connaissaient. Au-delà des dunes s’étendaient à perte de vue forêts luxuriantes et plaines vallonnées à la végétation unique. Radon et ses hommes partirent donc explorer ces territoires merveilleux. Ils savaient que leur retour chez eux dépendrait de leur rapidité à trouver les bestiaux.

S’enfonçant dans les terres extraordinaires, les guerriers découvrirent que cet endroit fabuleux était une source de bienfaits et qu’il serait fort agréable de s’y établir. L’exploration dura une semaine avant qu’ils ne rencontrent les premiers bovins. Les bêtes n’avaient rien de comparable avec ceux vivant autrefois sur leur île, avant le déluge. Elles étaient courtes sur pattes et recouvertes d’une épaisse toison laineuse. Très longues, leurs cornes s’étalaient largement de chaque côté de leur imposant crâne plat. Dociles, les animaux se laissèrent aisément capturer. Ainsi, mon ami, Radon et ses hommes en acheminèrent sans peine cinq cents jusqu’à leur navire.

Cette terre regorgeait de trésors inespérés dont l’archipel aurait bien eu besoin. Aussi Radon trouva des arbres aux troncs gris et tortueux, leurs branches ployaient sous le poids de fruits rouge. Il décida d’en prendre car leur goût était acidulé et tellement agréable. Il récupéra également de jeunes plants qui s’apparentaient aux bouleaux et d’énormes œufs dont tous ignoraient quelle créature pouvait les avoir pondus. Providence que cet endroit fabuleux…

Radon découvrit également une caverne qu’il visita seul. Lorsqu’il en ressortit, il déclara à ses hommes que Dana, la mère de tous les dieux lui avait parlé. L’épouse du Dagda lui avait annoncé que pour leur courage et leur témérité ils seraient récompensés par un long repos. Elle lui avait également donné une corne ; il saurait en faire usage pour toujours protéger son peuple. Cependant mon fils, la Tuatha De Danann avait également ajouté que tous étaient condamnés à ne retourner sur les îles vertes que deux fois. Après ils devraient revenir en ces lieux sacrés afin de les protéger éternellement. Mais tu comprendras peut être un jour de quelle terre il s’agit et quels sont la gravité et l’honneur d’une telle mission. Oui, mon ami, tu as encore bien des secrets à apprendre, mais chaque chose en son temps…

Après deux semaines, lorsque toutes les marchandises furent à bord, le bateau reprit la route de l’archipel. Mais Radon avait en tête de revenir car il savait qu’il y avait mille choses extraordinaires à prendre.

De retour chez eux, les hommes découvrirent leurs frères accablés et ceux-ci leur contèrent le pillage dont ils avaient été victimes. Cependant aucun indice ne laissait présager dans quelle direction étaient partis les étranges maraudeurs aux non moins étranges navires. Radon pas plus que les autres ne put faire quoi que ce soit pour retrouver les disparus. Mais le voyage qu’il avait entrepris avec ses hommes avait été long et pénible, aussi après avoir débarqué les trésors que tous accueillirent avec joie, il partit se reposer. Les troupeaux furent répartis sur les quatre îles, les jeunes plants mis en terre et les fruits dont nombres étaient gâtés furent jetés dans la verdoyante prairie près de la grève où flottait le navire. Les œufs furent laissés à la charge des femmes pour qu’elles les fassent éclore. L’histoire dit que Radon et ses hommes dormirent cinq ans sans jamais se réveiller ni même avoir besoin de se nourrir.

03 décembre 2007

39. Des Gaëls, enfants bénis de Dana (Part two)

Quitter l’archipel ne fut pas une mince affaire, mon ami. La navigation fut éprouvante et risquée, car les courants, sans cesse, dirigeaient l’embarcation sur les récifs ceinturant l’archipel. Mais le fier navire était mu par la volonté de Cormac et après une semaine de lutte, Radon réussit à éloigner son navire, triomphant de tous les brisants. Oui le courageux navigateur avait vaincu, enfin put-il mettre toutes voiles dehors et prendre la direction du levant comme il l’avait projeté. La vie reprit son cours sur l’archipel et chacun espérait que le chef parviendrait à trouver les bêtes qui faisaient si cruellement défaut à la population. Dés lors, pas un jour ne se leva sans que l’on visse Cormac se poster sur les falaises, priant Manannan, pour que l’océan soit favorable aux siens.

Las, mon enfant, encore une fois le sort allait marquer les humains. Trois mois après que Radon ait quitté la terre, enveloppés d’une épaisse brume, d’étranges navires aux voiles noires dont les coques ne touchaient pas les flots firent leur apparition au large de l’archipel verdoyant. Oui fils, flottant dans les airs, menaçants, ils avançaient à vive allure sans être gênés par les brisants que Radon avait mis sept jours à contourner. Puis ils accostèrent en quelques heures. Ils déversèrent leurs équipages hurlants qui investirent les quatre îles en une matinée…

La marée rugissante captura tous ceux n’ayant pas eu la chance de pouvoir s’abriter. Le teint sombre et la peau marquée d’effrayants et nombreux tatouages du rouge le plus éclatant qui soit, les envahisseurs bien qu’assez petits étaient effrayants de bestialité. Leur férocité n’avait d’égale que leur vivacité et en une journée, ils se saisirent de la moitié de la population. Lorsque les pillards eurent leur compte de prisonniers, ils repartirent comme ils étaient venus, sans que personne ne sache quelle direction ils avaient prise.

Cormac fut retrouvé sur la grève. Son corps avait subi tant de blessures que ses gens eurent peine à le reconnaître. Le fils de Nemed avait enduré mille tourments et il n’était plus que plaies et entailles. Son épée était brisée mais il avait moissonné plus de dix fois sept adversaires avant que leurs frères ne viennent à bout de son acharnement. Oui mon enfant, Cormac avait tenu tête à ses ennemis pour défendre les siens. Afin que tous sachent que l’on ne s’attaque pas impunément à la terre qui abrite les fiers descendants de Nemed. Car Cormac avait reconnu les Fir Bolgs autrefois combattus sur la plaine de Moy Tura, et car mieux valait mourir dans l’honneur que de subir la domination des chiens de Balor…

07 novembre 2007

38. Des Gaëls, enfants bénis de Dana (part one)

Tu connais le sort de trois des peuples que guidaient les fils de Nemed mon ami. Voici le récit de la branche de Cormac le Voyageur. De tous les enfants de Nemed, tu te rappelles que celui-ci vouait une amitié sans limite au fils de Dagda, Manannan, le maître des océans ? Le Tuatha De Danann aimait l’humain comme un frère. Il lui offrit même l’opportunité de s’installer avec ses gens sur un îlot rocheux pour mieux admirer ses plaines ondoyantes.

Ce bonheur se désagrégea avec l’arrivée des grands cataclysmes qui ébranlèrent Nemedia. La colère toute puissante de Bran n’épargna pas la terre concédée à Cormac. L’île se disloqua en une myriade de parcelles, parure bien terne en comparaison de ce qu’avait été ce royaume marin devant lequel tous s’extasiaient. Oui mon enfant, la mer reprit ce qui lui revenait de droit et même après cette tragédie, les tempêtes s’acharnèrent sans relâche sur le peuple de Cormac. Les bourrasques féroces et les lames cinglantes inondèrent l'île. Des flots monstrueux ravagèrent les rivages et arrachèrent arbres et plantes, morcelant la terre, la disloquant sans répit ; mais jamais ils ne purent atteindre son cœur de roche. Ainsi, le rocher résista au déluge et le soleil revint. Ses rayons illuminèrent alors une terre rocailleuse, désolée, une friche inculte où pratiquement plus aucune vie ne subsistait.

Alors les ancêtres de ceux que nous nommons Gaëls sortirent des abris où ils s’étaient réfugiés pour échapper au déluge. Rassemblant leur courage ils commencèrent à récupérer tout ce qui pourrait servir à rebâtir les villages, car la vie devait continuer malgré tout. Avec le reflux des marées, les fonds marins baignant les îles s’avérèrent un endroit particulièrement peu profond. Les eaux étaient poissonneuses et les hommes comprirent qu’ils ne mourraient jamais de faim. Avec les mois se succédant, l’herbe recommença à pousser et l’archipel devint rapidement verdoyant. Toutefois il n’y avait plus de bétail. Alors Radon, l’un des chefs de clan, décida qu’il fallait prendre la mer pour en ramener de la terre lointaine qui se situait vers le ponant.

L’idée paraissait périlleuse, mais Cormac qui était un souverain avisé savait que Radon était dans le vrai. Alors mon fils, les clans se réunirent et il fut décidé que cent guerriers accompagneraient Radon dans son expédition. Le fils de Nemed voulut même se joindre aux braves, car la place d’un roi est avec ses hommes face au danger, mais Radon réussit à le convaincre de n’en rien faire. Il fallait que le plus brave de tous veille sur les siens… Cormac accepta à contre cœur, mais la raison devait primer sur l’amour de l’aventure.

Plusieurs mois durant, les gens de la branche de Cormac ramassèrent le bois flottant apporté par la mer. Oui mon enfant, les îles avaient été dévastées et il n’y avait plus d’arbre. Or une telle entreprise nécessitait de construire un navire suffisamment grand pour porter l’équipage, le poisson pour le nourrir et le bétail qu’il ramènerait. Une année entière fut nécessaire à assembler un tel vaisseau. Cormac, auquel Manannan avait dévoilé de grandes notions sur la mer et ses secrets, dirigea la construction. O, mon ami, tu aurais vu avec quelle passion le fils de Nemed apporta tout son savoir et son amour à ce navire… Car s’il ne pouvait accompagner Radon, son âme habiterait l’esquif pour toujours le guider dans sa quête. Lorsque le jour du départ arriva, Radon fit le serment de revenir avant un an et un jour. S’agenouillant devant son souverain, il lui promit que tous les guerriers l’accompagnant seraient sains et saufs.

06 novembre 2007

37. Des Northlanders, fils du peuple maudit (part four)

Toutes les femmes dansaient nues en une infernale sarabande totalement désaxée. Imagine que cette scène ne faisait qu’accroître la démence de la situation. A mesure que la litanie augmentait, le sol tremblait de plus en plus fort. Les vibrations du sol étaient si puissantes que la glace et la roche éclatèrent ! Oui la terre explosa et dans la confusion absolue, elle laissa apparaître un ver monstrueux à taille prodigieuse. Les femmes déchaînées acclamaient cette immonde et répugnante créature en glorifiant son nom à tue-tête : Crom Cruach.

Alors, les hommes horrifiés comprirent qu’il s’agissait en fait du rejeton d’Eved. Cette larve qui avait réussi à fuir dans une crevasse, lorsque tous ses semblables avaient été détruites par leur fureur vengeresse. Leur colère exacerbée par tant d’ignominie, les guerriers attaquèrent le monstre. Cependant le ver infâme se nourrissait de leur force vitale et bien vite, tous furent paralysés avant d’avoir pu porter le moindre coup. Seul trois des braves survécurent aux ravages que fit dans leurs rangs celui que les femmes nommaient Crom Cruach.

Alerté du fléau que les femmes avaient invoqué, par les trois survivants Slaine comprit que la venue d’Eved avait été la plus grande malédiction qui soit. Le vaillant fils de Nemed réalisa que les femmes de son peuple étaient perdues à tout jamais. Mais il savait aussi qu’il n’y avait pas d’avenir à rester en ces terres maudites si ce n’est de subir le sort de ses fidèles et infortunés compagnons.

Ainsi mon jeune ami, dans un exode forcé, les gens de la branche de Slaine l’opiniâtre quittèrent-ils les contrées qu’il avaient tant aimées. Ainsi le peuple de Slaine se lança t’il dans une longue errance, afin de mettre le plus de distance avec celles qui avaient autrefois été leurs compagnes. Voici pourquoi la fureur depuis cet instant funeste habite ceux que nous nommons Northlanders. Car en eux brûle à tout jamais la rage. Car aucun de leurs descendant n’oubliera jamais ces femmes qu’Eved par infamie a converties en sorcières adoratrices de Crom Cruach, l’unique de ses rejetons qui avait survécu.

Alors, enfant, les guerriers redescendirent vers des territoires plus cléments. Ils emportèrent avec eux leurs magnifiques navires, les Drakmers, qu’ils voulaient garder en souvenir des jours heureux. Pour aussi ne jamais oublier que leurs contrées étaient devenues le site d’un culte effroyable dont leurs propres épouses étaient maintenant les prêtresses. Ces navires qu’ils emportaient à la force de leur bras seraient dorénavant la motivation qui les soutiendrait pour trouver une terre digne de leur volonté. Un territoire à même de les recevoir afin de rebâtir une société digne de celle qui leur avait été arrachée. Ils n’auraient de cesse tant que leurs esquifs ne se balanceraient pas à nouveau sur les flots qu’ils chérissaient tout autant que leur liberté.

Cependant, n’ayant plus de femmes, ils commencèrent à capturer toutes celles qui se trouvaient sur les terres traversées, car un guerrier doit avoir une compagne, c’est dans l’ordre des choses. Affrontant nombre de peuplades, Slaine l’Opiniâtre à la tête de ses Northlanders imposa sa volonté. Il montra à tous par le feu et l’acier que jamais les Northlanders ne reculeraient devant aucun ennemi. Après avoir croisé le chemin de Crom Cruach, peu seraient ceux à même de les faire reculer, ou même de les impressionner.

Finalement, après avoir asservi nombre de leurs ennemis pour devenir les porteurs de leurs Drakmers, chaque clan s’établit. Oui mon ami, ils décidèrent de se séparer au fil de leurs victoires, sur les sites que les combattants de Slaine avaient conquis avec bravoure. C’était pour eux la fin du voyage. C’est ainsi que les nombreuses tribus Northlanders s’installèrent des chaînes de montagne du grand Nord aux rives de l’océan, jusqu’à la limite du pays Cornic.

21 septembre 2007

36. Des Northlanders fils du peuple maudit (Part three)

Slaine savait qu’il était piégé et le cœur lourd il répéta à ses gens le marché que proposait Eved. Comprenant qu’Eved n’était pas de nature humaine et qu’elle ne pouvait être défaite comme n’importe quel adversaire, les hommes acceptèrent le pacte. La sorcière s’installa parmi ceux qu’elle avait dupés et commença à s’accoupler, mais ses desseins étaient bien plus sombres…

Oui mon fils, la fille de Balor, née de Graal ne pouvait être que d’une engeance singulière. Bien entendu les projets qu’elle avait ourdis étaient à la hauteur de sa sombre nature. De fait, la fécondation avec les hommes ne pouvait se faire que si Eved plaçait en eux les larves qu’elle produisait. Le développement de ces dernières ne prit que quelques jours pour mettre en évidence la tragédie du sort lié à leur éclosion. Les malheureux ayant subi l’accouplement contre nature se virent dévorer par leurs indésirables hôtes en souffrant le martyr. Alors mon ami, Slaine pris de pitié, officia pour mettre fin à l’ignominie. Hurlant sa peine, il tua de sa main ceux qu’il avait livrés aux caprices monstrueux de la sorcière des glaces. Mais hélas, déjà cent rejetons d’Eved naquirent en se nourrissant des entrailles des hommes.

Horrifiés et conscients d’avoir été dupés, les humains s’acharnèrent sur les enfants de la créature du froid et les jetèrent dans les flammes. Un des fils de la sorcière réussit pourtant à fuir en glissant dans une crevasse… La chaleur qui se dégagea des rejetons enflammés était telle que la glace fondit sur plusieurs kilomètres. Effrayée par la colère des hommes aveuglés par la haine, Eved préféra disparaître de peur d’être à son tour détruite par le feu vengeur.

Le destin est bien étrange mon ami. Alors que plus aucun enfant de la Branche de Slaine ne croyait au retour de leurs compagnes et filles, quelques jours après l’affront subi par la créature des glaces, elle les renvoya auprès des leurs. Les hommes explosèrent de joie car ils pensaient avoir effrayé Eved au point qu’elle renonce à les persécuter. Mais leur joie fut de courte durée… Car Slaine et les siens comprirent que les créatures revenues de l’endroit mystérieux où les avaient conduites les guerriers de glace n’avaient plus rien en commun avec celles qu’ils avaient tant aimées.

Oui, mon enfant, les femmes étaient devenues aussi froides que la glace. Elles étaient distantes comme des étrangères. Refusant de rejoindre leurs maris, elles s’installèrent à l’écart des villages, là où la glace persistait depuis le départ d’Eved. Pensant qu’elles avaient été choquées par une telle expérience, les guerriers convinrent lors d’une assemblée extraordinaire réunissant tous les clans qu’il serait fait comme elles le désiraient. Il leur serait accordé le temps nécessaire pour se remettre de leurs émotions. Car telle expérience pour qui que ce soit est traumatisante au-delà de ce que tu peux songer.

Cependant, les semaines succédèrent aux jours sans qu’aucun changement ne survienne. Avec la froidure qui résidait en permanence maintenant dans ces contrées, le dégel se faisait toujours attendre. Etrangement de sourdes vibrations se mirent à résonner des tréfonds de la terre. Après un mois, sur l’ordre de Slaine l’Opiniâtre, plusieurs hommes allèrent s’enquérir auprès des femmes de la décision qu’elles avaient finalement prise. Les émissaires se heurtèrent à une farouche opposition et furent refoulés dés qu’ils tentèrent d’approcher de leurs concubines.

Etonnés d’un tel comportement, les messagers expliquèrent les faits à Slaine. Le fils de Nemed pressentant que la sorcière des glaces était responsable de ce bouleversement décida de faire part de ses inquiétudes aux chefs de clan de sa branche. Poussés par la curiosité, les plus déterminés décidèrent de se rendre au campement des femmes afin de contraindre leurs épouses à regagner leurs tribus respectives. Le soir même une centaine de guerrier s’organisa pour aller chercher les femmes.

La terre vibrait graduellement à mesure qu’ils approchaient. Oui mon fils, et ces vibrations étaient rythmées par une insolite litanie scandée par les femmes. Une mélopée envoûtante qui résonnait aux oreilles de ceux qui l’entendaient comme un chant funèbre. Au fur et à mesure qu’ils approchaient, les guerriers furent saisis d’un indicible malaise que rien ne parvenait à dissiper. Le spectacle qui s’offrit alors aux malheureux les pétrifia d’horreur…

06 septembre 2007

35. Des Northlanders, fils du peuple maudit (part two)

La sorcière de l’hiver prononça des mots que Slaine ni aucun de ceux de sa branche n’entendirent. Alors mon enfant, un charme puissant pétrifia tous les hommes, leur rendant impossible toute tentative d’intervention, aussi forte soit leur détermination. Impuissants, ils assistèrent à la capture de leurs compagnes et de leurs filles. Imagine un instant quelle anéantissement envahit le peuple de Slaine… Les serviteurs inhumains d’Eved repartirent avec leurs captives, les emmenant au-delà du brouillard magique tissé par leur maîtresse.

Imperturbable, à leur passage, Eved avait marqué de son sceau chacune des femmes. Puis, lorsque les dernières infortunées eurent disparu à la suite de leurs esclavagistes, Eved resta seule. Le sortilège se dissipa et les hommes furent libérés de l’engourdissement les ayant jusqu’alors paralysés. A leur tête, Slaine s’élança pour tenter de rattraper les guerriers de glace et libérer celles dont ils s’étaient emparés avec traîtrise. Cependant, jeune ami, aucune trace ne subsistait de leur passage, à peine quelques nappes brumeuses. La rage au cœur, Slaine se retourna contre Eved. Fidèle à sa nature tenace lui ayant valu son nom, le fils de Nemed était résolu à reconquérir les fières filles de sa race. Alors les humains séquestrèrent Eved après l’avoir capturée. Et, mon jeune ami, menaçants comme des loups, ils mirent en garde la sorcière qu’elle ne recouvrerait sa liberté qu’à la condition unique que leurs femmes leur soient rendues.

La fille de Balor s’amusa des menaces des gens de la Branche de Slaine. Pour se moquer d’eux et leur montrer à quel point ils étaient faibles, elle déchaîna la plus importante tempête de neige qui fut. Nombre des humains moururent gelés et les survivants réalisèrent qu’ils allaient subir le même sort. En leur nom à tous, Slaine ravala sa fierté et implora le pardon de la sorcière. Eved accéda à la requête du suzerain et calma le souffle du blizzard magique dont la force faisait se fendre les rochers.

Lorsque le calme revint, les hommes implorèrent la sorcière de les épargner. Oui mon fils, la créature du froid était si effroyable que les fiers durent s’abaisser à la supplier. Slaine l’Opiniâtre plaida la cause des femmes de sa branche pour qu’elles leur reviennent. Audacieux, le chef des humains mit sa vie en jeu, car jamais il ne renonçait et car les filles de son peuple étaient innocentes de quelque méfait qu’Eved ait pu leur reprocher. Durant trois fois sept nuits, sans dormir ni jamais renoncer, Slaine tenta de convaincre Eved que son courroux n’était nullement justifié.

La sorcière rit et se moqua de la naïveté du fils de Nemed. Elle lui expliqua que les femmes reviendraient après un an si ceux de sa branche la vénéraient sans jamais faillir durant cette période. Mais écoute mon enfant, car la fille de Balor avait hérité de la sournoiserie de son père et le marché comportait une autre contrepartie. Chaque male devrait également donner un fils à la reine des glaces pendant cette année maudite. Si cette condition n’était pas respectée, la mort serait l’unique dénouement envisageable.

29 août 2007

34. Des Northlanders fils du peuple maudit (part one)

Maintenant tu connais un peu de l’histoire des hommes mon ami, le récit qui vient va t’éclairer sur une peuplade dont la rudesse n’est plus légende pour aucun. Peut-être qu’en entendant leur tragique épopée tu sauras pour quelle raison on dit qu’ils ne sont habités par aucune peur.

Les gens de la branche de Slaine l’Opiniâtre vivaient autrefois dans les territoires nordiques bien au delà des chaînes montagneuses, au-delà des territoires Tuatha De Danann. Le fils de Nemed avait choisi ces terres car elles étaient fertiles et giboyeuses. Les nombreux clans y résidant avaient su mettre à profit tous les bienfaits qu’elles prodiguaient. Vivant de la chasse et de la pêche, ces humains chérissaient plus que tout l’océan. Habiles artisans et intrépides navigateurs, ils avaient construit de magnifiques navires pour fendre les flots et les conduire d’abers en rias, afin de vivre en harmonie totale avec cet environnement qu’ils affectionnaient tant.

Puis arrivèrent les bouleversements que la colère de Bran déchaîna mon enfant. Les merveilleuses contrées subirent les caprices de la terre médiane. L’océan devint banquise et les côtes s’érigèrent en une forêt de pics glacés battus par des vents hurlants. Aucun humain n’était préparé à de telles conditions. Ébranlant l’équilibre de ces contrées, la glaciation apporta également avec elle des fléaux nés de la folie du Créateur. L’une de ces calamités revêtit la forme d’une puissante entité aux multiples pouvoirs démoniaques. Nul ne saura jamais expliquer la raison de sa venue en ces lieux, car tous ceux de son engeance avaient été bannis par Morrigan au terme de la bataille de Moy Tura…

Oui mon ami, la fille de Balor née de Graal avait quitté les terres hyperboréales pour fouler la terre des hommes. Précédée d’un brouillard glacial, la sorcière de l’hiver surgit escortée de splendides guerriers de glace. O, Eved, magnifique et fantastique créature à la beauté incomparable. La majesté et la puissance qui émanaient de ce cortège étrange inspirèrent à Slaine et aux siens un inexplicable respect. Ce sentiment se mua bientôt en un effroi indicible, lorsque tous reconnurent la fille du Sombre Seigneur.

21 août 2007

33. Des Otrybes, maîtres des sylves (part four)

La souffrance des gens de la branche de Badra n’échappa pas à Morrigan. La Tuatha De fit alors appel aux esprits les plus purs de la forêt, car elle ne voulait pas devoir affronter elle-même l’enfant qu’elle avait abandonné. Et aussi car la culpabilité la rongeait ; sans sa faute passée, Cernunnos ne serait pas devenu le souverain des bêtes. C’est ainsi que pour la première fois depuis la Création le peuple Daoine Sidhe intervint. Les êtres sylvains, dont on dit qu’ils sont l’âme des arbres et le sang des rivières, ceux-là même dont le pas est plus léger que le souffle d’une brise printanière se dévoilèrent.

Oui mon enfant, les Daoine Sidhe quittèrent la quiétude de leurs bosquets enchantés pour venir en aide à la branche de Badra. La folie ne devait pas habiter plus longtemps le domaine qu’ils chérissaient plus que tout. Ralliant les chefs réfractaires qui résistaient, les Daoine Sidhe les incitèrent à refuser l'offre asservissante des Trolls pour lutter contre le Dieu Cornu. Allié à la race fabuleuse, le peuple Otrybes qui avait la nostalgie des temps anciens put venir à bout des Trolls et chasser les hommes bêtes. Badra le Secret et les siens n’eurent pas le cœur de tuer ceux dont le sang de leurs ancêtres coulait dans leurs veines. Mais le châtiment pour les traîtres fut le bannissement mon ami. Alors ceux qui n’étaient plus que l’ombre d’êtres humains s’enfoncèrent encore plus profondément dans les forêts sous la surveillance des Daoine Sidhe, jusqu’en un lieu si éloigné qu’ils ne pourraient jamais revenir. C’était encore un sort bien doux comparé à la cruauté de leurs actes. Avec le temps les hommes bêtes oublièrent peu à peu leur allégeance au Dieu Cornu… Et aussi la dernière part d’humanité qu’ils avaient en eux.

Conscient qu’avec l’aide des Daoine Sidhe, les Otrybes étaient devenus bien trop menaçants, le Dieu Cornu décida de se retirer. Il savait qu’un affrontement direct avec les esprits purs de la forêt lui serait fatal. Le choix de Cernunnos fut très mal accueilli par la faune monstrueuse qui lui était restée fidèle. Il fut accusé de vouloir livrer les créatures des ténèbres aux humains et de s'éloigner de la voie de la domination qu’il avait toujours prônée.

L’orgueil de Cernunnos fut gravement meurtri et il entra dans une vive colère, condamnant l’audace et la vanité de ses sujets. Il leur rappela que les Daoine Sidhe étaient l’essence même de la sylve primordiale. Issus même du sang de la terre médiane, leur pureté était inaltérable. Oui mon fils, la puissance des Daoine Sidhe resterait à jamais bien incomparable à ce que les créatures des ténèbres ne pourraient jamais y opposer et Cernunnos le savait. Nul n'osa se dresser ouvertement contre le Dieu Cornu, mais les relations se dégradèrent de plus en plus. Cernunnos quitta de lui-même les forêts dans lesquelles il laissa seuls les Trolls. Sans leur seigneur, les pitoyables créatures retournèrent à l’état primitif de bêtes dénuées de conscience.

Les Otrybes comprirent qu’ils avaient gagné, ils étaient enfin maîtres des frondaisons. Alors les Daoine Sidhe partirent pour ne plus réapparaître. Ils rendirent compte à Morrigan de leur action et effacèrent leur image de la mémoire des humains. Oui mon jeune ami, car ils savaient que leur intervention n’aurait pas dû être.

Les Otrybes enfin libres de vivre comme ils l’entendaient s’appliquèrent à respecter ce nouveau domaine qui leur avait tant coûté de gagner. Les années s’écoulèrent et les gens de Badra adaptèrent leurs habitats aux luxuriants feuillages des Estaurus pour ne pas être discernables de ceux qui fouleraient le sol de leur territoire. Afin de pouvoir le défendre tout en restant invisibles. La force des Otrybes résidait dorénavant dans leur habileté à se fondre dans la végétation, héritage du Dieu Cornu.

Badra vint à disparaître, mais ses fils préservèrent les lois qu’il avait instaurées. C’est ainsi mon ami, qu’ils attaquèrent ceux de la branche de Conan le Circonspect pour défendre ce qu’il avait si durement acquis, mais cela tu le sais, je te l’ai dit, pas la peine de revenir dessus…

Installant leurs diverses communautés dans la cime des arbres, les Otrybes furent toutefois confrontés aux risques liés à la présence des Kraocks, car les insectes géants régnaient en maîtres sur les dômes verdoyants des sylves. L’ingéniosité combinée à la patience permit aux forestiers d’approcher puis avec le temps, de domestiquer les créatures volantes. Ainsi, les Otrybes devinrent définitivement les seigneurs incontestés des forêts qu’ils respectaient et défendraient quel qu’en soit le prix car ils en étaient maintenant indissociables.

16 août 2007

32. Des Otrybes, maîtres des sylves (part three)

L’origine divine de Cernunnos lui conférait de très grands pouvoirs. Afin de prouver sa générosité et sa puissance à Badra et à ses gens, le Dieu des Bêtes les gratifia des privilèges auxquels n’ont droit que les animaux. Oui mon enfant, il donna aux Otrybes la faculté de voir dans la pénombre comme en plein jour, car la sylve primordiale est aussi sombre qu’une nuit sans étoile. Les humains acquirent aussi le bénéfice de se déplacer avec félinité pour ne jamais se faire remarquer en leur nouveau domaine.

Les forestiers mirent à profit les dons du Dieu cornu. Bien vite leur adaptation à cette contrée les rendit autonomes et à même de faire face à toutes situations. Ceux qui n’étaient que des opprimés emplis d’effroi devinrent de terribles prédateurs, mon jeune ami. Et les Otrybes gagnèrent rapidement en puissance. Badra le Secret, à qui Cernunnos accordait une confiance limitée, avait toujours espoir qu’un jour son peuple se libérerait du joug de l’odieux seigneur. Et ce moment arriva. Oui, enfant, les Otrybes cessèrent de courber l’échine face aux Trolls et progressivement ils les écartèrent du territoire qu’ils s’étaient attribués.

Cette période fut terrifiante et il y eut des batailles entre les deux peuples. Ce fut même le début d'une guerre, car les humains voulaient se venger des Trolls qui torturaient et dévoraient leurs frères. Les créatures de Cernunnos réalisèrent que les humains étaient devenus bien trop dangereux. Les combattre s’avérait bien périlleux ; car Badra avait su insuffler ténacité et rage à ses guerriers. Alors les Trolls proposèrent une trêve aux Otrybes. Et pour sceller ce pacte, une de leurs femelles fut donnée en mariage à l'un des chefs humains.

De là vint la grande scission qui déchira la branche de Badra jusqu'alors toujours restée unie. Oui mon fils, Cernunnos n’avait pas été dupe des ruses du fils de Nemed. Malicieux, il avait su semer le doute dans l’esprit des plus faibles, leur promettant territoires giboyeux et pouvoir. Ainsi, les amis et les proches du chef qui s’était uni avec la femelle Troll se constituèrent rapidement en une aristocratie dissidente. Les lois sauvages de la forêt avaient eu raison de l’autorité de Badra.

Telle une harde de chiens, les hérétiques adoptèrent Cernunnos pour chef de meute. Bientôt d’autres unions contre nature se nouèrent, le penchant bestial des plus primitifs était enfin mis en évidence. L’homme a de vils instincts mon fils, il suffit de peu pour qu’ils le dominent. Cependant Badra le Secret et les autres chefs des clans Otrybes refusèrent un tel prix pour garder leur liberté. Car la fierté d’un homme libre est de marcher la tête haute et non de ramper parmi les bêtes. Car le sang de Nemed issu de Graal coulait dans leurs veines et les rappelaient au souvenir de l’ère où ils marchaient au côté des dieux.

Les déviants qui s’étaient alliés avec les créatures de Cernunnos devinrent cruels et sanguinaires. Avec les années ils dégénérèrent et régressèrent au stade d’hommes bêtes. Les sylves furent le théâtre d’abominations sanglantes qui virent périr maints braves restés fidèles à Badra. Oui mon fils, face à cette puissance, aucun clan isolé ne pouvait résister. Mais les enfants de l’aurore n’avaient pas tous déserté la terre médiane…